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"Elhadjra madoub..."

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    Vox populi : AU SUJET DE LA LOI SUR LA RÉCONCILIATION NATIONALE
    «El-hadjra ma doub… »(*)


    A l’heure où les politiques et leurs cours s’intéressent aux «islamistes» dans le but de dissuader leurs actes, il serait temps de savoir si cette stratégie nommée loi de réconciliation nationale, que l’on nous vend à tout bout de champ, est juste, ou tout au moins utile. Ne s’agirait-il pas plutôt d’une poudre aux yeux destinée à rassurer l’opinion locale mais surtout extérieure ?
    Le plus crétin d’entre ces tueurs peut très bien passer ce test et passer au travers des mailles du dépistage, si dépistage il y a. Il lui faut apprendre à mentir, à dissimuler et à donner les réponses que l’on attend de lui. C’est le meilleur moyen d’éviter la prison, et si elle existait, la potence. Prenez deux futurs repentis, (l’un représentant la fameuse catégorie des «Khaouana» de Zeroual et un autre de la catégorie des «Kataline» d’une mère qui a perdu ses deux fils à Bentalha en 1997, même âge, même origine sociale, mêmes crimes. Pour être explicite, disons qu’il s’agit d’un triple meurtre avec arme blanche et viol. Le premier avoue qu’il regrette ; qu’il s’agit d’une impulsion subite, stupide et irréfléchie et qu’il éprouve de la honte pour ce qu’il a commis. Il demande pardon aux victimes et serait même prêt à faire des travaux d’intérêt général dans une mosquée pour expier sa faute. Et puis, d’ailleurs, s’il a violé et tué trois personnes qui ne lui avaient rien fait, c’était par désœuvrement et parce qu’on l’avait induit en erreur mais aussi pour aider sa mère qui doit nourrir, seule, avec quatre gamins. Il va être indemnisé, l’Etat lui versera quelques millions de dinars, un petit lopin de terre du côté de Bentalha, Larbaâ ou ailleurs. Second cas, profil et crimes identiques. Mais le gaillard n’a pas compris la procédure. Il est trop stupide, trop orgueilleux ou trop franc. Il a d’abord nié l’évidence, insulté les flics pendant la garde à vue, minimisé sa participation. Quand le juge lui demande pourquoi il a violé puis tué trois personnes qui ne lui avaient rien fait, il répond : pour instaurer la loi islamique. Il va sans doute en prendre pour «perpet». Mais lequel des deux est le plus sincère ? Le peule algérien est-il naïf à ce point ? Peut-on croire sur parole un tueur d’enfants, un violeur qui déclare ingénument : «Je veux changer, je ne veux plus récidiver. J’ai même invité mon voisin démocrate et qui ne fait pas la prière au restaurant.» On nous sert une soupe bien pensante, un laïcisme teinté de valeurs islamiques qui incite l’individu à mentir, à dissimuler pour passer au travers des mailles du filet. L’hypocrisie plus que le crime paie ! La sagesse voudrait que ces criminels aient l’intelligence de se prendre des cours auprès d’imams ayant pignon sur rue pour apprendre à déjouer les pièges du système. Et de leur conseiller de ne pas s’en remettre aux imams «commis d’office» sincères et trop sociaux pour être véritablement rusés. Cela peut s’appeler investir pour éviter la taule. Sûr qu’il s’agit d’un métier d’avenir, remplaçant le conseil trop tardif des avocats à leurs clients qui ont avoué : profil bas, excuses et repentances. Faute avouée est à moitié pardonnée dit le proverbe. Faute regrettée, avec intelligence, sans trop de théâtralisme et suffisamment de ruse peut faire éviter la peine et de passer du statut de tueur d’enfants à citoyens jouissant de biens, peut-être mal acquis, mais biens quand même. De tels propos peuvent être ressentis comme cyniques, mais semblent frappés au coin du bon sens. Avec un minimum de préparation, en sachant sortir les bonnes réponses, il est fort possible d’amadouer les juges, le peuple, d’user de la corde sensible de la compassion. La repentance bien feinte est payante. Résultat, la libre expression, la vraie, est lourdement pénalisée. Les bons esprits diront qu’il s’agit de criminels et qu’il est normal qu’ils expriment des regrets par respect pour leurs victimes. Mais le rôle d’un Etat, celui de la justice est de comprendre et de sévir le cas échéant et non d’obtenir une soumission fictive et simulée pour apitoyer. L’hypocrisie est la traduction de tous ces efforts pour faire entrer ces criminels dans un moule, d’obtenir non pas des moutons, mais des loups déguisés en brebis pour rassurer l’opinion, pour se rassurer et maintenir un discours qui tient plus de la religion que du droit.

    (*) «La pierre ne fond jamais.»


    Le Soir d'Algérie
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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