07/10/2009
Assemblée généraleCPSD/424
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Quatrième Commission
Soixante-quatrième session
4eséance – après-midi
Abordant la question du Sahara occidental, M. SADEK BOUGATTAYA, Juriste "Algérie", a lancé un appel aux Nations Unies et aux organisations des droits de l’homme pour faire libérer les Sahraouis arrêtés, hier, alors qu’ils souhaitaient se rendre en Mauritanie. Je tiens le Maroc pour responsable de tous les torts faits aux personnes arrêtées, a dit M. Bougattaya. Il a rappelé l’histoire du Sahara occidental depuis 1965 et a, à ce titre, souligné l’avis de 1975 de la Cour internationale de Justice qui stipulait qu’aucun lien souverain n’existait entre le Sahara occidental et le Royaume du Maroc. Il a rappelé aux Nations Unies qu’elles ont une responsabilité claire qu’elles doivent assumer avec l’Union africaine pour aider le processus de décolonisation du Sahara occidental.
Il a souligné que le Plan de règlement des Nations Unies de 1991, le Front Polisario et le Royaume du Maroc restent les seuls acteurs d’une solution juste et durable. Cette Commission, a-t-il estimé, a le droit de demander clairement pourquoi le Maroc refuse le référendum qu’il a pourtant appuyé en adhérant à ce Plan. Comparant la situation du Sahara occidental à celle du Timor oriental, devenu Timor-leste, le pétitionnaire a souhaité qu’on suive l’exemple de l’Indonésie et qu’on laisse au peuple sahraoui le droit de déterminer son statut. C’est inévitable et c’est le seul moyen de construire un Maghreb fondé sur la coopération et l’égalité, a-t-il conclu.
M. AHMED BOUKHARI, Front POLISARIO, s’est demandé comment il se faisait que l’ONU n’ait pu clore au XXIe siècle le dossier du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique, quatre décennies après son ouverture. Malgré les ouvertures et la création de la MINURSO, il s’est avéré que le Maroc a fait preuve d’un « manque de sincérité », a accusé le pétitionnaire. Il a évoqué les étapes du processus de paix, en particulier les Pourparlers de Manhasset en 2007, puis ceux, récents, de Vienne qui n’ont « pas permis de progrès substantiels ». Le Maroc poursuit une exploitation illégale des richesses naturelles du territoire avec la participation de partenaires tels que l’Union européenne, a-t-il observé.
Il a évoqué aussi la répression menée contre la population locale, constatant que le Maroc avait réussi à faire échouer les efforts de la communauté internationale en empêchant l’organisation d’un référendum. Il a indiqué que son organisation continuait toutefois de croire à la voie pacifique. Le moment est venu de tirer un bilan, a-t-il ajouté. « Si le Maroc entend poursuivre sa stratégie de blocage de toute paix crédible et faire obstacle à toute négociation sérieuse et honnête, notre droit d’être ici parmi vous en tant que nation souveraine, indépendante et responsable, capable de remplir toutes ses obligations internationales et régionales, ne devrait pas être repoussé plus avant », a-t-il conclu.
M. MICHEL DE GUILLENCHMIDT, Universitaire et Juriste, a souligné qu’il a eu l’occasion d’étudier la situation au Sahara occidental, en se rendant régulièrement sur place et en Algérie. Il a souhaité que cessent les calomnies contre le Royaume du Maroc car, a-t-il dit, dénoncer des violations des droits de l’homme et des libertés qui auraient été commises par le Royaume du Maroc au Sahara occidental procède d’une distorsion de la réalité. Il a mis l’accent sur l’ampleur des efforts déployés par le Maroc en matière de liberté au Sahara occidental comme dans tout le pays d’ailleurs. Il faut pouvoir juger de la vraie démocratie dans le sud marocain où par exemple 1 300 représentants de médias internationaux se sont rendus ainsi que de nombreuses ONG, a-t-il dit.
L’universitaire a précisé que l’on cesse les calomnies qui ne font que raviver des tensions et compromettre la recherche de solutions. Il a défendu le statut d’autonomie proposé par le Maroc, « un projet très moderne qui ne met pas en cause l’intégrité territoriale du Maroc ». Le projet marocain consiste à mettre en place un Parlement doté de larges compétences, a-t-il expliqué en ajoutant qu’il s’agit aussi de faire en sorte que le nouvel ensemble dispose de ressources financières propres en plus de l’impôt de solidarité nationale. Les enjeux sont évidents et il faut faire avancer l’« indispensable » coopération pacifique entre les États du Maghreb, a-t-il conclu.
M. AHMEDOU OULD SOUILEM, se présentant comme un Membre fondateur du Front POLISARIO, a indiqué qu’après une profonde réflexion politique et morale, il avait regagné la mère patrie en dénonçant l’instrumentalisation de la cause sahraouie par l’Algérie. De plus en plus de Sahraouis commencent à se réveiller du rêve d’un État indépendant, a-t-il affirmé. Il a ajouté que la population locale disposait déjà d’une grande autonomie et a déploré le contrôle de l’Algérie sur les camps de réfugiés et sur les décisions du Polisario, ce qui empêche notamment le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) d’effectuer un recensement dans les camps de Tindouf. Il a voulu que soit mis un terme à ce qu’y subissent ses compatriotes, en mentionnant les tortures et les abus physiques subis par ses compatriotes. Saisi par l’émotion, le pétitionnaire s’est excusé de ne pouvoir s’exprimer plus avant.
M. SIXTO PREIRA GALEANO, Vice-Président de la Chambre des représentants du Paraguay, a rappelé aux parties du Sahara occidental de garantir le respect des droits de l’homme de toute la population, a-t-il indiqué. Il a estimé que le rôle de la MINURSO est indispensable pour maintenir le cessez-le-feu, en appelant les parties à continuer de coopérer avec la Mission et à autoriser les visites familiales dans les camps sans restrictions. M. Galeano a appelé la Commission à parvenir à une solution politique acceptable qui mène à l’autodétermination du Sahara occidental. Il a regretté que le cycle de discussions de Manhasset n’ait donné aucun résultat positif. Il faut progresser dans la recherche d’une solution juste, acceptable par tous, pacifique et politique, a-t-il conclu.
Mme ANNA MARIA STAME CERVONE, Centrist Democratic Women International, a souligné l’absurdité d’un conflit entretenu, selon elle, par le désir d’hégémonie de l’Algérie. « Ce n’est un secret pour personne que les camps de Tindouf sont des prisons à ciel ouvert », a-t-elle ajouté. Depuis quelques années, le monde a commencé à prendre conscience de la réalité, des témoignages insupportables venant au jour, a-t-elle expliqué. À cause des mariages précoces, ce sont les femmes qui se sacrifient étant donné que le Polisario les obligent à avoir le plus grand nombre d’enfants possible et ensuite les enfants sont séparés de leur famille et envoyés à l’étranger pour être embrigadés, a dénoncé l’oratrice. Elle a aussi dénoncé la persistance de pratiques d’esclavage, en jugeant qu’il est plus qu’urgent que les Nations Unies assument leurs responsabilités pour assurer la protection des habitants de Tindouf.
Mme TANYA WARBURG, Freedomfor All, a exprimé son inquiétude concernant la situation des réfugiés sahraouis dans les camps où les droits de l’homme sont ignorés et la liberté de pensée et d’expression inexistante. Les familles sont séparées et placées dans des camps différents, distants les uns des autres, ce qui constitue une violation du droit à la vie de famille, a estimé Mme Warburg. Les réfugiés de Tindouf ne peuvent ni se déplacer librement entre les camps, ni quitter les camps, ni voyager, a-t-elle poursuivi. Le Front Polisario, a-t-elle dénoncé, envoie de jeunes enfants à l’étranger, à des milliers de kilomètres du Sahara et de leurs familles, pour travailler comme domestiques. Les 90 000 réfugiés de Tindouf dépendent essentiellement de l’aide humanitaire fournie grâce à la générosité de la communauté internationale, a-t-elle ajouté. Mme Warburg a précisé que certains anciens dirigeants du Front Polisario ont reconnu que la condition qui prévalait dans les camps était proche de la famine. La dernière évaluation faite en 2009 par l’Union européenne fait état d’une détérioration significative de la santé des réfugiés de Tindouf, a-t-elle ajouté. L’initiative marocaine en faveur de l’autonomie du Sahara occidental est une solution pragmatique et définitive au conflit. Elle reçoit d’ailleurs, a-t-il affirmé, l’appui des Sahraouis qui vivent au Maroc et à Tindouf.
M. JEAN-YVES DE CARA, Universitaire et juriste ad hoc à la Cour internationale de Justice (CIJ), a dénoncé les allégations sur les violations des droits de l’homme et du droit à l’autodétermination commises par le Maroc contre le peuple sahraoui. Il a indiqué que l’autonomie des provinces du Sud montre que le Maroc satisfait à la double acception du droit des peuples et à l’ambition de son Roi en matière de démocratie participative. Il a déploré le travail de journalistes mal informés et l’utilisation partielle et partiale des données qui sert à nourrir les allégations contre le Maroc. Ce pays, a-t-il estimé, garantit les droits individuels au Sahara occidental en autorisant la population à se rassembler, à s’associer et à appartenir à un syndicat. Il a affirmé que le Maroc favorise l’accès des journalistes et des observateurs internationaux sur son territoire, avant de juger que la mise en cause du Maroc constitue une menace à son intégrité territoriale.
Mme SENIA BACHIR ABDERAHMAN, Union de la jeunesse sahraouie - UJSARIO, qui s’est exprimée devant un drapeau de la République arabe sahraouie démocratique, a apporté son témoignage de jeune Sahraouie ne connaissant pas son pays d’origine. C’est la troisième fois qu’elle s’exprime devant la Commission pour déplorer que pratiquement rien n’ait été fait en faveur de la dernière colonie d’Afrique. Elle a évoqué le mouvement non violent de résistance à la fois de la jeunesse sahraouie et des étudiants dans des universités marocaines et qui a été durement réprimé par les autorités. Après avoir illustré ses propos par plusieurs exemples, elle a, au nom de la jeunesse sahraouie, appelé l’ONU et le reste du monde à agir immédiatement afin de mettre un terme aux violations des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental.
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