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Zehira Kara On ne peut construire que sur l’existant

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  • Zehira Kara On ne peut construire que sur l’existant

    "Je suis en train de finaliser un deuxième livre et le troisième est déjà mis en route", a assuré l’écrivaine Zehira Kara. Dans son premier livre, elle narre sous une forme littéraire splendide le vécu d’une fille née à Tadmaït en Kabylie et de son parcours depuis sa Kabylie à Nanterre.

    Zehira Kara porte un regard critique et limpide sur un pays dont les aspects de vie sont contournés par des chamboulements à tout bout de champ. Dans cet entretien, Zehira Kara évoque son univers kabyle qui l’a vu naître et grandir pour enfin s’envoler en exil, mais sans oublier son berceau, la Kabylie. Elle évoque, aussi le statut de la femme, ses projets d’avenir et pleine d’autres choses, toujours liées au monde de l’écriture.

    La Dépêche de Kabylie : Avant de parler de votre livre, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

    Zehira Kara : Je m’appelle Zehira Kara, je suis née à Tadmaït, j’ai enseigné pendant 12 ans à l’école primaire de Tadmaït. Je suis installée en France dans le cadre d’un regroupement familial depuis pratiquement 19 ans. J’ai deux (2) filles et je suis actuellement conseillère en développement de l’action sociale

    Dans votre livre, "Itinéraire d’une femme kabyle de 1962 à nos jours, Tadmait-Nanterre", vous racontez votre vie de petite fille dans la localité de Tadmaït en Kabylie jusqu’à aujourd’hui. Peut-on avoir un bref aperçu sur le livre ?


    Le livre résume le parcours de n’importe quelle femme algérienne de ma génération, l’après-indépendance de l’Algérie avec toutes ses facettes, je parle de Tadmaït et de ses environs, le changement, les politiques mises en place et le pourquoi de ces politiques.

    Comment est venue l’idée d’écrire tant de souvenirs, comme la vieille maison de vos parents, les promenades dans les champs, les fontaines… ?

    Le déclencheur de cette écriture fut le décès de ma frangine survenue en juin 2007 et j’ai voulu à travers ces souvenirs revivre ce que j’ai vécu avec elle. Nous étions deux filles et notre père est mort au maquis. Nous sommes des orphelines de la guerre … Je ne te dis pas ce l’on a bavé et puis je fus encouragée par une amie Tifany Tavernier qui avait animé un atelier d’écriture du projet que j’avais mis en place à Asnières lors d’une formation universitaire. Je n’oublie pas aussi l’apport fructueux de M. Si Hadj Mohand, auteur de l’ouvrage intitulé " Le fils du fellaga "

    Tous ces souvenirs d’enfance sont narrés d’une manière subtile et agréable. Ils racontent la vie dans un village kabyle. Quel rapport vous lie avec cet univers kabyle, vous qui êtes installé en exil ?


    L’univers kabyle c’est mes racines, l’exil nous fait apprécier le vécu et notre culture est très présente, on y fait référence, on est les ambassadeurs, personnellement là où je vais, la Kabylie est dans ma tête, elle est dans mon cœur, exil ou pas exil ça ne change rien.

    Vous avez évoqué plusieurs questions liées à la vie en général. Des questions d’ordre politique, économique, social…Quel regard portez-vous sur la situation actuelle en Algérie, et surtout lorsque l’on sait que vous avez énuméré les changements survenus depuis l’Indépendance ?

    Je ne sais pas trop ! Je ne vis pas en Algérie, j’ai un regard extérieur, il n’est peut être pas objectif mais je dirai que l’Algérie devrait faire un diagnostic global de sa situation politique sociale et économique et construire un projet national pour éviter les erreurs du passé. On ne peut construire que sur l’existant.

    Présagez-vous des solutions à ces problèmes ?

    En tant que professionnel de l’action sociale je dirai qu’il faut revoir l’action sociale la recadrer. Et surtout que l’on arrête d’embaucher, le fils ou la fille de “flen”, mais plutôt des gens compétents et intègres.

    Et que le statut du citoyen algérien soit défini, et que l’on accorde une place primordiale aux jeunes car ce sont eux les adultes de demain si on ne les encadre pas aujourd’hui que deviendront-ils demain ?

    Vous avez aussi évoqué la femme et sa condition dans notre société. Comment voyez-vous sa situation ?


    Elle n’a pas beaucoup changé. Je viens pour un mois en Algérie, je ne sais pas si je suis en mesure d’en parler, mais n’empêche que beaucoup de situation m’interpellent, quand on voit que des femmes algériennes dorment avec leur mômes dehors et passent leur journée à mendier j’ai honte; je suis fille de chahid, mon père n’est pas mort pour cela.

    Selon vous, quels sont les facteurs qui ont contribué au maintien de la femme dans de telles conditions ?


    Les lois ne sont pas posées pour protéger la femme, elles l’enfoncent davantage mais les lois ce sont les hommes qui les ont faites alors vous comprenez bien … Et puis, il y a un arsenal de tabous et de traditions qui maintiennent la femme dans une condition de mineure toute une vie, c’est dramatique et je trouve que cela est inadmissible.

    Votre livre sera-t-il édité en Algérie ?


    En réalité, le premier éditeur à qui j’ai envoyé mon livre est un Algérien, mais j’attends toujours le contrat d’édition. Et puis après, j’ai envoyé le manuscrit à Harmattan qui au bout d’une semaine m’a envoyé le contrat avec l’avis favorable du comité de lecture …

    Sinon, comment ça se présente pour vous le monde de l’écriture ?

    La France est un carrefour culturel, chacun de nous trouve sa place. Quant au monde de l’écriture je viens de faire mes premiers pas, je ne peux d’emblée avoir des pronostics fiables.

    D’autres projets littéraires peut-être ?


    Et comment je suis en train de finaliser un deuxième livre et le troisième est déjà mis en route ….

    Un mot pour terminer ?

    La liberté d’expression ne fait pas de mal, je dirai que le journaliste algérien trouve sa place et que l’information ne soit pas muselée. Beaucoup d’espoirs pour l’Algérie mais il faut de l’ambition.

    Par La Dépêche de Kabylie
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