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Le Bhoutan déprime

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  • Le Bhoutan déprime

    Le 8 septembre 2009 aura été une journée très chargée pour le service des urgences du plus grand hôpital du Bhoutan. En l’espace de quelques heures, six personnes ont été hospitalisées pour tentative de suicide.
    Pour un hôpital d’une grande ville occidentale, ces chiffres peuvent sembler insignifiants, mais pas à Thimbu, la capitale de ce royaume himalayen dont la population est inférieure à 700 000 habitants.

    Qui plus est, ce mystérieux pays montagneux est connu dans le monde entier pour son bonheur national brut (BNB), une politique nationale qui accorde plus d’importance au bien-être des citoyens qu’à leurs revenus. Pourtant, certains signes donnent à penser que la vie n’est pas si rose dans ce royaume bouddhiste.

    Jigme Thinley, le premier Premier ministre démocratiquement élu du pays, a désigné la vague de modernisation et l’érosion des liens familiaux et communautaires traditionnels comme étant une cause de suicide. “Le Bhoutan n’est pas le pays du bonheur. Il y a beaucoup de raisons matérielles qui font que les gens sont malheureux”, a-t-il déclaré lors d’une récente visite à Tokyo pour s’entretenir du BNB avec des chefs d’entreprise.

    Niché entre la Chine et l’Inde, le Bhoutan a toujours été un lieu à part. Jusqu’à une date récente, ce pays isolé tournait le dos au monde extérieur et le tourisme y était limité. La télévision n’est arrivée qu’en 1999 et il a fallu attendre 2008 pour que le pays organise ses premières élections générales. Le très aimé roi Jigme Singye Wangchuck a alors abdiqué pour laisser sa place à son fils, Jigme Khesar Namgyel Wangchuck. Mais, si le changement a tardé à venir, la société bhoutanaise connaît aujourd’hui une transformation rapide. L’urbanisation rapide a entraîné la disparition de nombreux réseaux traditionnels d’entraide, et le chômage et la consommation de drogue ont augmenté.

    bhoutan.jpgIl est difficile de se procurer des statistiques, mais un rapport fait état de 58 suicides en 2001 et d’un peu moins de 20 cette année. Pourtant, des sources bien informées semblent convaincues que les chiffres sont en hausse. En 2008, le Centre d’études du Bhoutan, basé à Thimbu, a mené plusieurs enquêtes pour déterminer les “neuf piliers” – au nombre desquels figurent la santé, l’éducation, le mode de gouvernement et le bien-être psychique – qui servent à mesurer le BNB. Les chercheurs ont été stupéfaits de constater que près de 5 % des personnes interrogées avaient envisagé de se suicider et que 1,4 % avaient fait une tentative de suicide. Pour Michael Rutland, le président de la Société du Bhoutan au Royaume-Uni, cela peut s’expliquer par l’exode rural. “L’urbanisation conduit à l’éclatement des communautés locales. […] Bien sûr, ce n’est pas un phénomène propre au Bhoutan, mais la différence avec les autres pays, c’est qu’il est très récent”, assure-t-il. Le psychiatre D. K. Nirola, qui travaille à l’hôpital de Thimbu, a une autre explication. “Les gens sont plus sensibles aux gains matériels. Il y a une contradiction entre la promotion du BNB et le désir des gens de consommer encore plus”, souligne-t-il. En dépit de l’importance accordée au bonheur par les autorités bhoutanaises, environ un quart de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. L’éducation et les soins de santé restent limités, en particulier dans les zones rurales.

    Par The Independent, Courrier International
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