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Avec David Cameron les Tories aux portes du pouvoir

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  • Avec David Cameron les Tories aux portes du pouvoir

    Depuis le début de la conférence du Parti conservateur, à Manchester, David Cameron ne semble avoir qu'une idée à faire passer à ses militants : la victoire n'est pas encore acquise, il faudra donc se battre jusqu'au bout pour aller chercher les électeurs. Afin d'éviter tout triomphalisme, l'un des responsables des tories a même demandé aux élus de ne pas apparaître avec un verre de champagne lors des nombreuses réceptions organisées en marge du congrès.

    Malgré ces précautions, c'est bien en tant que futur premier ministre que David Cameron sera jugé au terme de son grand discours qui va clore l'événement jeudi après-midi. Il est largement en tête dans les sondages. Le Parti travailliste, emmené par un Gordon Brown très impopulaire, est usé après douze longues années au pouvoir. Les Britanniques ont un grand désir d'alternance. Aux prochaines législatives, que le premier ministre doit organiser avant le mois de juin prochain, les tories devraient, dans ce contexte favorable, combler leur déficit actuel de 117 sièges à la Chambre des communes. Et remporter la majorité absolue. Le leader conservateur, qui maîtrise à merveille l'art oratoire, veut profiter de Manchester pour renforcer sa position de grand favori. Il a l'expérience du congrès de 2005, quand son brillant discours lui avait permis d'inverser tous les pronostics et de décrocher ainsi le poste très convoité de leader de l'opposition.

    Mais on peut être populaire, bénéficier d'une belle aisance devant les caméras de télévision et présenter néanmoins une personnalité difficile à cerner. L'année dernière encore, les commentateurs se demandaient s'il était l'héritier de Margaret Thatcher ou celui de Tony Blair. S'il était vraiment porteur des valeurs traditionnelles de la droite britannique ou si sa compassion affichée pour les classes les plus modestes le rapprochait plutôt des principes du New Labour.

    Son caractère maîtrisé - on ne l'a jamais vu s'énerver ni perdre le contrôle de lui-même face à des interviewers parfois tenaces - est le fruit, presque caricatural, de son éducation au sein de l'élite traditionnelle anglaise où il est déplacé d'exprimer ses sentiments en public. Contrairement à tous les leaders conservateurs britanniques depuis quarante ans, Margaret Thatcher en tête, il n'est pas issu des milieux modestes et n'a pas fréquenté l'école publique.

    Pur produit de «l'upper class»


    Cameron est un pur produit de l'upper class, fils d'un riche agent de change londonien et de la fille d'un baron de province. Des généalogistes ont même récemment trouvé qu'il était un descendant adultérin du roi William IV. Ce qui fait de lui un cousin éloigné d'Élisabeth II ! Après sa naissance à Londres en 1966, ses parents sont allés vivre dans un joli village de l'Oxfordshire, l'un des comtés les plus conservateurs de toute l'Angleterre. Cameron explique aujourd'hui que ses premières années à la campagne ont eu une influence profonde sur sa vision de la société britannique et sur l'importance que prendra l'environnement dans ses programmes politiques.

    Comme le voulait la tradition familiale, le jeune David fut envoyé en pension dans le prestigieux collège privé d'Eton, près de Windsor. Quelques années qui lui valent encore aujourd'hui l'étiquette d'«old Etonian», un label qui marque aussi bien la qualité de l'enseignement qu'il a reçu que son appartenance à l'élite qui a longtemps dirigé l'Empire britannique. Plusieurs membres de son équipe actuelle sont aussi des anciens d'Eton. Notamment le baron George Young, leader des conservateurs à la Chambre des communes, Oliver Letwin, responsable du service de recherche du parti, et Ed Llewellyn, l'un de ses plus proches assistants. Après Eton, Cameron cocha l'autre case obligée de la feuille de route du parfait gentleman en entrant à l'université d'Oxford, suivant un cursus classique de philosophie, d'études politiques et d'économie.

    Ses adversaires travaillistes et les médias n'ont, depuis, cessé de l'affubler d'une image de «snob», voire d'«aristo», bien éloignée des préoccupations du peuple. Une image qui ne colle pas avec ses déclarations et ses programmes, qui se démarquent clairement de la dureté des années Thatcher en insistant sur l'importance des services publics pour protéger les plus vulnérables et les plus démunis. D'ailleurs, c'est à Eton et Oxford que s'arrête toute ressemblance avec le parcours typique du jeune homme de bonne famille. Au lieu de foncer vers Londres pour un job tranquille et bien rémunéré dans la City, David Cameron décide d'entrer en politique, comme simple chercheur au siège du Parti conservateur.

    Là, il grimpe tous les échelons du parti dont il devient l'un des plus jeunes députés. En 2001, il est élu à Witney, près d'Oxford et de la région où il a grandi. Il n'a que 34 ans et ajoute son nom à une étonnante lignée familiale : trois de ses ancêtres ont été députés conservateurs, au XIXe siècle et au début du XXe.

    Mais, pour l'ambitieux Cameron, cette entrée à la Chambre des communes n'est qu'une étape. Elle le conduira, quatre ans plus tard, à contester le poste du leader du Parti conservateur alors qu'il est peu connu du grand public. Il apparaît même comme un lointain challenger, face aux poids lourds du parti. Toutefois, l'époque est propice à l'émergence d'un jeune, porteur de changement : pour la troisième fois d'affilée, les conservateurs viennent d'être battus en 2005 par le parti de Tony Blair. Après ce nouvel échec, les tories doutent de leur capacité à reprendre un jour le chemin du pouvoir. En septembre, au congrès annuel de Blackpool, Cameron saisit donc sa chance. Et prononce un discours clé. Sans notes ni prompteur, il séduit l'assistance. Son propos est positif, décomplexé. Il invite les militants à être «de nouveaux fiers d'être conservateurs». Le jeune, télégénique, optimiste Cameron redonne espoir à son camp. Résultat : en décembre de la même année, il recueille deux fois plus de voix que son plus proche concurrent. Et prend la tête du parti.

    Un extrait du discours de David Cameron au congrès annuel de Blackpool :


    Par le Figaro
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