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À deux semaines de l’ouverture du 14e SILA

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  • À deux semaines de l’ouverture du 14e SILA

    Quelques passages d'un article qui décrie bien le monde de l'édition en Algerie

    Imaginons un préambule de roman à scandale. Un bateau dont les entrailles sont remplies de tonnes de livres est bloqué dans un port étranger. La cargaison est sensible. Des livres universitaires et scientifiques qui doivent être livrés avant la rentrée universitaire en Algérie. Mais le syndicat du livre, qui a commandé cette marchandise, menace de ne pas la faire rentrer. Le ministre de l’Enseignement supérieur ne peut pas réagir face à un lobby qui détient l’intégralité du marché et les étudiants algériens n’auront pas de livres pour la rentrée. Le président inaugure une année universitaire en ignorant que l’année risque d’être blanche. Faute de livres.

    Les importateurs deviennent syndicalistes !
    Cette trame est pourtant quasi réelle. Le conflit qui secoue le monde de l’édition, à cause d’une incongrue question de délocalisation du site du Sila 2009, est entré dans sa phase la plus délicate. D’un côté, le SPL, composé des maisons d’édition Sedia (de Mme Radia Abed-Garrigue), les entreprises Omega (de Abdelhak Bouannane) et Eddif 2000 (de Mohamed Bouatalbi) qui phagocyte la totalité du marché de l’importation du livre technique et universitaire et qui pèse 30 millions de dollars par an. De l’autre, Smaïn Amziane, nouveau commissaire du Sila 2009 et propriétaire de la maison d’édition Casbah. Nommé par le ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, il est celui par lequel passera la réussite de ce salon qui a basculé, depuis 2008, dans le giron de la Culture, après avoir été longtemps organisé par l’Anep. Il a également l’avantage – ou l’inconvénient, c’est selon — d’avoir été l’ancien président du Snel, un syndicat d’éditeurs et d’importateurs considéré comme le plus puissant avant l’émergence du SPL.
    Tout ce beau monde de l’édition et de l’importation du livre se connaît par cœur. Un microcosme où l’amitié et les faux-semblants se confondent. On se croise dans les cocktails d’ambassades, on se “vole” des auteurs en vogue ou à succès, on négocie des droits d’auteurs, on s’invite mutuellement aux ventes-dédicaces, on se pirate des livres ou on se conseille des imprimeurs. On se cogne dessus avec l’élégance des hyènes et on dit des méchancetés sur ses concurrents comme de bien entendu. Dans ce monde, l’insulte est une mondanité.
    Depuis deux décennies, le marché de l’importation du livre est divisé entre deux pôles aussi incontournables que monopolistiques. Pour le livre francophone, le SPL, adossé au géant français Hachette, propriété de Lagardère, ami de Nicolas Sarkozy, tient la corde. Les achats de toutes les bibliothèques, nationales ou municipales, des universités, des écoles, des centres de formation ou des libraires se faisaient essentiellement chez ce mastodonte de l’édition française qui capte 70% du marché français. Ses représentants ont eu, ainsi, toute la latitude de devenir un lobby puissant, raflant tous les marchés et créant un réseau d’influence allant des ministres aux patrons de presse en passant par les romanciers, les imprimeurs, les chefs d’entreprises et les attachés de presse des festivals.
    À la tête de ce réseau, Mme Radia Abed-Garrigue, Une dame cultivée et introduite qui connaît ses lettres et obligeances et que certains dépeignent comme une Matahari de l’édition. On lui prête le fait qu’elle ait voulu saborder le Sila 2009 pour démontrer aux concurrents et au ministère de la Culture qu’elle est la seule à faire la pluie et le beau temps dans cet univers : “Le débat lancé par Mme Abed est un faux débat. La délocalisation n’est pas le réel objectif de son entreprise mais d’imposer au gouvernement sa vision des choses”, confesse un éditeur. Dans la cohue qui a suivi la localisation du Sila 2009 sur le site de l’Oco et non à la Safex, et après les menaces de boycott avortées, on apprend que le P-DG de Hachette, M. Dubs, arrivera à Alger le 29 octobre, soit deux jours après l’ouverture du salon. Smaïn Amziane, commissaire acharné et qui possède également son carnet d’adresses, a réussi à convaincre le groupe français de ne pas suivre le mot d’ordre du boycott de ceux qui représentent sa maison d’édition en Algérie : “Hachette s’est démarqué de ses représentants et a décidé de participer. Le groupe n’a pas posé de problème sur les stands du site de l’Oco en demandant juste d’y trouver les mêmes conditions avantageuses qu’à la Safex. Le reste est de la politique car les enjeux sont ailleurs”, admet Smaïn Amziane. Dans cette guerre feutrée que se livre le SPL et le commissariat du Sila 2009, s’est glissé le Snel ou ce qu’il en reste. Après la démission des représentants de maisons prestigieuses comme Casbah, Chihab, l’Apic ou l’Enag, le Snel est tombé entre les mains de Faycal Houma, un jeune éditeur qu’on taxe d’islamiste : “On importe le livre arabe et religieux, on est majoritaire et on nous traite comme des marginaux. Maintenant, il faut savoir qui a le plus de légitimité, ceux qui se font décorer de la légion d’honneur de la francophonie ou les Algériens qui donnent accès à un livre pas cher”, critique un importateur qui a ses réseaux en Orient.

    Source : Liberté 09/10/09

  • #2
    .. très instructif..
    Merci pour l'article.

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