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Menaces sur la sieste espagnole

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  • Menaces sur la sieste espagnole

    La sacro sainte sieste espagnole apparue au lendemain de la guerre civile espagnole est elle elle amené à disparaitre? A compter du 1er Janvier 2006, "la journée de travail ne pourra se prolonger au-delà de 18h00", contre 19h00 actuellement ce qui réduirait d'autant la sieste. Ceci concernera d'abord les fonctionnaires espagnols afin d'inciter le privé à en faire autant.

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    Dormir peu, prendre un second petit déjeuner en milieu de matinée, déjeuner longuement après 14 heures, rentrer chez soi à pas d'heure et se coucher lorsque d'autres se lèvent : ces caractéristiques de la journée espagnole pourraient bientôt appartenir au passé. C'est ce que préconise un Livre blanc pour la rationalisation des horaires espagnols et leur alignement sur ceux des autres pays de l'Union européenne, remis au gouvernement le 21 décembre. Cette initiative, pilotée par une fondation indépendante mais suivie de près par les pouvoirs publics, vient s'ajouter à d'autres. En septembre, l'un des journaux gratuits de Madrid, Que !, avait lancé une campagne en ce sens.

    Selon les auteurs de ce rapport, le mode de vie propre aux Espagnols serait à la fois l'une des causes de la faible productivité du travail, véritable point faible de l'économie, et l'une des raisons du grand nombre d'accidents du travail ("les chiffres les plus élevés d'Europe", selon le rapport) et de la circulation. De plus, il rendrait encore plus difficile qu'ailleurs la conciliation du travail et de la vie de famille. Cela expliquerait, parmi d'autres causes, que les femmes qui travaillent renoncent, plus qu'ailleurs, à avoir des enfants.

    Le ministre des administrations publiques, Jordi Sevilla, grand partisan de la rationalisation de la journée de travail, a déjà annoncé qu'à partir du 1er janvier 2006 les fonctionnaires exerçant des tâches administratives devront, de manière générale, quitter leur bureau au plus tard à 18 heures, au lieu de 19 heures aujourd'hui, et auront une plus grande flexibilité pour organiser leur journée. Le ministre espère inciter le secteur privé à en faire autant. Selon lui, il doit être possible, en Espagne, de "faire le même travail en moins de temps".

    C'est également l'avis de l'auteur du rapport. "Il ne faut pas confondre le travail avec le fait d'être à son travail", souligne Ignacio Buqueras. Pour que cet objectif soit atteint, le Livre blanc propose de substituer à la notion de temps passé au travail celle d'objectif de travail et souhaite inciter les entreprises à pratiquer une politique d'"extinction des feux" à 18 heures. "Les entreprises qui appliquent un plan d'horaires flexibles où, à 18 heures, tous les employés sont partis chez eux, sont plus rentables et ont une plus grande productivité", affirme M. Buqueras.

    Les enquêtes mettent en évidence les particularités du rythme espagnol. Moins de 22 % des Espagnols déjeunent avant 14 heures, la moitié entre 14 et 15 heures et 20 % entre 15 et 16 heures. Le repas se prolonge souvent au-delà d'une heure. "De deux heures à deux heures et demie, quand, en moyenne, le reste des Européens y consacrent quarante-cinq minutes", indique le rapport. Les commerces ferment en général entre 13 h 30 ou 14 heures et 16 h 30 ou 17 heures. La journée de travail s'achève bien souvent après 20 heures.

    La suite est décalée d'autant. Les journaux télévisés sont diffusés à 21 heures et, à la télévision, le prime time dure jusqu'à minuit. Moins de 18 % des Espagnols dînent avant 21 heures, les jours ouvrables, et un tiers après 22 heures. Conséquence : les nuits sont courtes, et les Espagnols dorment en moyenne quarante minutes de moins que les autres Européens.

    Une telle endurance s'acquiert dès l'enfance. Il est courant, et pas seulement à la saison torride, de voir des tout- petits encore éveillés sur les places, dans les cafés ou dans les restaurants à minuit passé. Les enseignants se plaignent d'avoir affaire à des enfants somnolents et épuisés.

    Le Livre blanc préconise d'aligner la journée de travail espagnole sur celle des voisins européens : un déjeuner plus court (une heure) et plus tôt (entre 12 heures et 13 heures), une fin de journée aux alentours de 18 heures, et, surtout, la possibilité, pour les salariés, d'aménager leurs horaires autour de ces grands axes.

    Source: Le Monde
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