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Le succès de l'Euro Millions

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  • Le succès de l'Euro Millions

    L'Euro Millions a été lancé par la Française des Jeux en 2004 et si statistiquement il y a moins de chance d'être l'heureux bénéficiaire des gains de l'euro millions par rapport au Loto, l'euro Millions remporte un franc succès que ne désavoueront pas les heureux bénéficiaires 100% gagnant que sont la Française des Jeux ainsi que l'Etat.

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    Si je touche un jour le gros lot de l’Euro Millions, je demande à une troupe de majorettes de défiler chaque matin dans mon salon… et avec la fanfare ! Ainsi rêve à haute voix, avec un fort accent provençal, le patron d’un bar du quartier de la Loubière, à Toulon. Les gains de ce jeu lancé en février 2004 par la Française des jeux se chiffrent en dizaines de millions d’euros. De quoi faire fantasmer plus d’un parieur. Mais que les troupes de majorettes toulonnaises se rassurent ! Ce patron de bar n’a qu’une chance sur 76 275 360 de gagner, contre une sur 13 983 816 au Loto. Ce dernier, commercialisé avec succès par la Française des jeux depuis 1976, permet à l’entreprise de figurer aujourd’hui à la troisième place mondiale des loteries, derrière l’Italie et l’Espagne.

    C’est à la fin des années 1990 que l’établissement public, détenu à 72 % par l’État, a eu l’idée de créer un nouveau jeu de tirage, surfant sur la vague de la construction européenne.

    « Nous avons travaillé avec plusieurs loteries européennes, se souvient Jean-Marc Buresi, directeur marketing de la Française des jeux. Mais le projet n’a pas abouti car le degré d’implication différait énormément selon les pays. » L’idée a été abandonnée, mais le travail accompli n’a pas été perdu : il a donné naissance au Joker, un jeu supplémentaire figurant en bas de la grille traditionnelle du Loto. Il en coûte 2 euros de plus au joueur, qui a une chance sur dix de gagner 2 euros et 1 chance sur dix millions d’en gagner 250 000. Une idée qui rapporte gros à la Française des jeux : 30 % de ses clients au Loto cochent au moins une fois la case Joker sur le bulletin qui en comporte deux.

    L’autre grand gagnant est l’État, qui récupère, au titre de la contribution aux finances publiques, 27,2 % des mises. En 2004, il a perçu 2,33 milliards d’euros sur les produits de la Française des jeux.

    Le passage à la monnaie unique a donné un coup d’arrêt aux projets de création d’une loterie européenne. L’entreprise s’est concentrée sur le basculement du franc à l’euro. Elle y a investi 17 millions d’euros sur trois ans, avec une refonte totale des jeux pour tenir compte des différents arrondis de conversion. Les prix des jeux de tirage ont été revus à la baisse, contrairement aux jeux de grattage où seul le prix des produits à 20 francs convertis en euros a baissé.

    Sitôt passé le 1er janvier 2002, la Française des jeux s’est de nouveau penchée sur le projet de création de jeu européen en y associant les loteries britannique (Camelot) et espagnole (Loterias y Apuestas del Estado). « Nous avons considéré qu’il valait mieux travailler à trois plutôt qu’à trop », explique Jean-Marc Buresi. Bien que les législations sur les jeux soient proches dans les trois pays, il a fallu les adapter. En Espagne, le roi Juan Carlos a dû apposer sa signature sur un décret autorisant la loterie espagnole à rejoindre les deux autres loteries pour former ce triumvirat.

    Les trois sociétés européennes ont d’abord défini la matrice de jeu, la marque et le logo. Elles ont décidé que chaque loterie nationale serait la seule responsable de la collecte des fonds et le payeur des gains sur son territoire. Autre décision, la centralisation des mises européennes sur une plate-forme informatique unique qui offre un niveau de sécurité égal à la somme des niveaux observés localement. « Certains partenaires ont dû se mettre à niveau », remarque le directeur marketing de la Française des jeux.
    Il a aussi fallu définir la méthode de calcul du montant du gain de premier rang, le jour du tirage et, plus important encore, son horaire : si les Anglais dînent plus tôt que les Français, les Espagnols soupent tard. Les trois loteries sont tombées d’accord pour que le tirage soit effectué par la Française des jeux le vendredi en milieu de soirée. Contrairement à ce qu’un téléspectateur français pourrait penser, le tirage n’est pas réalisé en direct après le programme de prime time, mais à 21 h 30. Ce décalage permet aux systèmes informatiques de l’entreprise de déterminer où se trouve le gagnant de premier rang, pour autant qu’il y en ait un.

    Le 13 février 2004 a vu se dérouler le premier tirage de l’Euro Millions, lancé en France par une campagne de publicité efficace et décalée conçue par l’agence de communication Young & Rubicam et qui a coûté 7,3 millions d’euros à la société. Des semaines durant, le personnage principal de cette publicité, Ari Willem von Hildebure, porte-parole autoproclamé du Collectif des riches contre Euro Millions, s’est insurgé contre l’arrivée de nouveaux millionnaires.

    Le succès de ce jeu, quelques semaines à peine après son lancement, a amené l’Autriche, la Suisse, le Portugal, la Belgique, le Luxembourg et l’Irlande à s’y intéresser. Neuf pays au total, soit 200 millions d’habitants, le commercialisent aujourd’hui, et les joueurs parient 50 millions d’euros chaque semaine. Seul bémol, en Grande-Bretagne : l’Euro Millions est concurrencé par une loterie comparable en termes de gains, où la mise est moins élevée. En revanche, ce jeu de tirage rencontre un large succès en Espagne, au Portugal et aussi en France, où sont misés chaque semaine entre 15 et 30 millions suivant l’importance du gain de premier rang. « Euro Millions a souri aux joueurs français : six gagnants français, sur treize gagnants de premier rang dans tous les pays, ont perçu des gains allant de 10 à 33 millions d’euros », explique-t-on à la Française des jeux.

    « Nous avons dépassé nos objectifs », reconnaît Jean-Marc Buresi. En 2004, le chiffre d’affaires de la Française des jeux s’est élevé à 8,6 milliards d’euros, en progression de 10 % en un an, dont 6,8 % (soit 587 millions) proviennent de l’Euro Millions. « Nous avons créé une journée de jeu supplémentaire dans la semaine avec le tirage du vendredi aux côtés des mercredis et samedis réservés traditionnellement au Loto », poursuit Jean-Marc Buresi. En 2005, l’Euro Millions contribuera encore à la croissance de la Française de jeux. Pour le même nombre de semaines qu’en 2004, le chiffre d’affaires 2005 de l’Euro Millions a bondi de 21 %, à 713 millions d’euros. L’entreprise a réussi à fidéliser chaque semaine 2,7 millions de joueurs qui misent en moyenne 5,50 euros. Leur nombre est corrélé à l’importance du gain de premier rang.
    Les gains mythiques ne font pas rêver que les joueurs. La Française des jeux produit l’émission de télévision du tirage, qu’elle vend aux télévisions. « Notre intérêt est de travailler avec toutes les chaînes », explique l’entreprise publique.

    TF1, qui avait eu vent du projet Euro Millions, a approché la Française des jeux pour en acheter les droits. Le montant reste secret tant à la Française des jeux que dans la chaîne présidée par Patrick Le Lay. Le groupe de médias n’a sans doute pas fait une mauvaise affaire : plus le lot de premier rang est important, plus il y a de joueurs et de téléspectateurs, ce qui permet à TF1 d’augmenter le prix des écrans de publicité avant le tirage.

    Le surplus de croissance observé dans les comptes de la Française des jeux s’explique également par une cannibalisation moindre que prévue du Loto par l’Euro Millions. La société publique en a été la première surprise. Elle s’est aperçue que ces loteries avaient deux publics différents. Celui du Loto joue généralement des séries de chiffres inférieurs à 31, qui correspondent aux dates de naissance, tandis que les joueurs d’Euro Millions parient sur des chiffres au-delà de 31, dans l’espoir de percevoir un gain plus important. « Cela nous a amené un nouveau public, plus jeune et plus urbain », constate Jean-Marc Buresi.

    Il reste de la place pour d’autres jeux. À 141 euros par habitant en 2004, la mise moyenne française, tous jeux confondus, est inférieure à celle d’autres pays européens : 252 euros en Suède et 300 en Espagne, pour une moyenne européenne de 180 euros.

    La Française des jeux ne délaisse pas le Loto, son produit vedette, qui lui assure un cinquième de son chiffre d’affaires, ni les autres jeux de tirage. Parallèlement au lancement de l’Euro Millions, la société continue de communiquer sur le Loto en misant sur la proximité avec le slogan “À qui le tour ?”. Seule certitude, comme le dit la Française des jeux, 100 % des gagnants ont tenté leur chance !

    Source: Valeurs Actuelles
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