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Traces de dinosaures : Un miracle géologique à Plagne

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  • Traces de dinosaures : Un miracle géologique à Plagne

    Le site de Plagne constitue le plus grand gisement d'empreintes de gros sauropodes au monde. De nombreuses circonstances ont permis de les préserver jusqu'à aujourd'hui.

    Des filets d'eau dévalent le sentier de débardage qui grimpe vers la forêt. Il pleut depuis le matin. Marie-Hélène Marcaud, enseignante à la retraite, et Pascal Landry, géologue, racontent leur découverte pour la énième fois à une meute de journalistes serrés sous les parapluies. «Le 5 avril dernier, c'était un dimanche, on cherchait des empreintes de dinosaures. Grâce aux cartes géologiques et aux photos satellites, on savait que la zone était intéressante. Il y avait encore de la neige partout, sauf dans le sentier. On s'est arrêté. En commençant à monter, j'ai vu un gros bourrelet, dit-elle en le montrant du doigt. Il dépassait d'une trentaine de centimètres. Il ressemblait à ce qu'on a vu en Bolivie.»

    Membres de la société des naturalistes d'Oyonnax, ils connaissent parfaitement tous les sites d'empreintes de dinosaures de Suisse et du Jura (Coisia, Échallon, Loulle, Belleydoux). Dès qu'ils ont commencé à dégager le gros bourrelet de vase fossilisée expulsé sous le poids de l'animal, ils ont compris qu'ils avaient découvert quelque chose d'exceptionnel. L'empreinte mesurait pas loin de 2 mètres de circonférence. Depuis, ils en ont dégagé une vingtaine d'autres tout au long du chemin dont plusieurs pistes. Les animaux qui appartenaient à la famille des sauropodes (brachiosaures, diplodocus, etc.) devaient peser près de 40 tonnes.

    «On peut déjà dire que Plagne constitue le plus grand gisement d'empreintes de dinosaures au monde. Aussi bien par le nombre de traces et leurs dimensions que par la superficie totale du gisement», affirme Jean-Michel Mazin, paléontologue au CNRS et à l'université Lyon-I. Très vite alerté, il a désormais bien l'intention d'effectuer plusieurs sondages et de décaper les vingt centimètres qui recouvrent la dalle de calcaire et ses impressionnants vestiges. Ensuite, viendra le temps des relevés et des études fines.

    Un miracle géologique

    Le site se trouve sur la forêt communale de Plagne. Gustave Michel, le maire, assure que le budget de sa commune est extrêmement modeste mais qu'il soutiendra le projet des scientifiques. Ces derniers vont donc se tourner vers les collectivités territoriales (intercommunalité, département région) pour collecter des fonds. Les fouilles nécessiteront de 30 000 à 50 000 € par an pendant quatre ans. Bien visibles, les empreintes ne sont pourtant pas faciles à décrypter au premier coup d'œil. «Les gros sauropodes faisaient de petites enjambées. Ils posaient le pied à peu près au même endroit que “la main”», explique Jean-Michel Mazin. L'empreinte du pied est ronde comme celui d'un éléphant. Elle recouvre en partie l'empreinte de la main qui a la forme d'un haricot. Sur une des dalles, on voit les sillages parfaitement nets d'un mollusque et de ce qui pouvait ressembler à une limace.

    L'ensemble du site va être protégé pour que les curieux ne dégradent pas les empreintes et les feuilles de calcaire du thétonien. «Il y a 150 millions d'années, le Jura était formé de vastes plaines vaseuses envahies épisodiquement par la mer. Il y avait beaucoup d'îles sur lesquelles vivaient les dinosaures. Toute une série de circonstances ont fait que l'empreinte des dinosaures au cours d'un de leurs déplacements a pu se fossiliser et être préservée jusqu'à aujourd'hui», souligne le géologue Pierre Hantbergue (CNRS-université Lyon-I). C'est un miracle par exemple que l'énorme érosion qui a décapé plus de 600 mètres d'épaisseur de roches au cours des temps géologiques n'a pas détruit les feuilles de calcaire où sont imprimées les traces de pas.

    Par Le figaro
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