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L’Imbroglio ou les génies de l’échec de Badreddine Khiari

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  • L’Imbroglio ou les génies de l’échec de Badreddine Khiari

    Comme dans L’Imbroglio ou les génies de l’échec on a du mal à se situer par rapport au reste du monde.

    Passé, présent et avenir s’y succèdent exactement comme dans l’esprit de tout individu conscient des dangers qui le guettent et considérant qu’ici bas tout est imprévisible, particulièrement les individus qui complexifient les relations par leurs vices, agressions.

    C’est le temps de la négation de l’altruisme, des calculs diaboliques, de la précarité. Le désir d’un père de tuer sa fille et son époux sous le prétexte que l’union n’était pas de sa convenance, en dit long sur le nouvel état d’esprit. A contre-courant du progrès et de la moralité. Que d’anachronismes qui heurtent la sensibilisation du lecteur d’aujourd’hui !

    Là, c’est un voyage qu’est effectue à bord d’une 8, voiture des années soixante devant être rangée parmi les pièces de musée. Serait-elle aussi une marque de l’extrême pauvreté d’une classe sociale ? Ajoutons à cela des rencontres relevant du surréalisme.

    C’est le cas d’un projet de 422 pages remis à un personnage influent, M. Bouras, pièce maîtresse du roman. L’imbroglio est élaboré dans le but de faire passer, sans transition, du grand projet à l’enfant qui, comme dans la réalité, fait ses besoins dans l’escalier. Et pendant qu’une émission sur les chercheurs est donné à la radio, un monsieur vide sa poubelle d’une fenêtre du 5e étage. Il arrive que des phrases soient données, peut être de manière involontaire, sous forme de synthèse d’un ensemble de situations drôles. Jugez en par celle-ci : «Je te propose d’aller au festival du rire, mais tout le pays est un festival du rire.»

    Tout le livre assez copieux du point de vue contenu est à l’image d’un vécu collectif pas très reluisant. Tout ce qui contrarie, touche à l’extrême, révolte, fait peur, accentue le désespoir, est rapporté ici ave le plus grand soin, même si la construction des phrases, les fautes d’orthographe sont étonnament indigne d’un roman.

    On parle tour à tour de mutation en pire, d’enfants abandonnés, de marâtre qui fait souffrir les enfants du premier lit. Et comme dans la réalité, les dominants sont les pourris d’argent, les cadres qui font la pluie et le beau temps, les manipulateurs. On dit d’ailleurs un peu partout que seuls les plus nantis obtiennent tout sous le prétexte d’avoir des monnaies d’échange.

    Quant à la culture, à l’instruction, au progrès scientifique, ils n’ont plus leur place. Cette phrase du roman est à ce sujet assez éloquente : «Et, que ni le professeur, ni le chercheur ne sont valorisés à part l’âne.».Et que de répétitions sur des thèmes d’actualité ! Il y a de quoi se perdre lorsque tout est dit dans le désordre. Un vrai imbroglio !

    Sur les 384 pages, lorsque quelqu’un les lit avec beaucoup de courage et de concentration, on se rend compte des répétitions parfois fastidieuses, comme le projet, c’est assez exceptionnel.

    Ce Bouras, dont le nom prédomine, parle de démissionner avant d’aborder, sans expliquer pourquoi, de grandes étapes qu’il compte atteindre sans ambages : s’asseoir à la table irlandaise, aller à l’aéroport pour un transfert de fonds, commencer le travail là-bas, obtenir le visa sont ce-là des signes de mégalomanie ou de son état paranoïaque ? C’est ce qui arrive généralement à tous ceux à qui rien ne manque et qui font pousser des ailes pour un ailleurs qui offre de meilleures conditions de vie.

    «On n’est jamais content de son sort», dit-on à propos de ces gens nés sous une belle étoile et qui font de beaux rêves. Rien de plus humain. Le désordre social est à l’image du désordre dans la succession des phrases, les fautes de constructions, d’orthographe, de ponctuation qui déroutent mais n’empêchent pas de comprendre les histoires réelles ou fictives et placées bout à bout pour faire le roman.

    Inutile de chercher aussi les thèmes dominants : c’est la vie dans toute son obsurdité, ses drôleries. Il arrive que des pages se suivent dans la logique de la précision qui donne une impression de respect de la chronologie en 1961, puis en 1962, De Gaulle au pouvoir fait ses discours…

    Quelque chose se cache derrière le nombre énigmatique 422, indicateur aussi de nombre de pages à gérer pour Bouras vers qui les regards sont focalisés. Bakir, quant à lui parle de chique algérienne découverte sur la lune en 1969. Le poème assez bien construit des pages 292 et 293, mérite une étude approfondie mais hélas !

    Par La Nouvelle République
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