BEN BARKA
Me Buttin : "La vérité est détenue par Rabat"
Par Ségolène Gros de Larquier
Me Maurice Buttin, l'avocat des Ben Barka, est convaincu que la vérité sur le fond de l'affaire est détenue par le Maroc © ABDELHAK SENNA/AFP
Me Maurice Buttin, avocat "historique" de la famille de Mehdi Ben Barka, enlevé le 29 octobre 1965 au coeur de Paris, réagit à la découverte d'un dossier "oublié" provenant de la gendarmerie de Mennecy (Essonne) . Ce document, révélé par l'écrivain Georges Fleury, évoque la piste de l'incinération de l'opposant marocain.
lepoint.fr : Que pensez-vous de l'existence de ce dossier secret des gendarmes ?
Me Maurice Buttin : Je suis convaincu que les documents apportés par l'écrivain Georges Fleury sont authentiques. La question qui se pose est donc celle-ci : pourquoi ne les a-t-il pas sortis plus tôt alors qu'il les possède depuis vingt-cinq ans ? Je vais demander au juge Patrick Ramaël que le dossier soit remis à la justice. Vraisemblablement, Georges Fleury sera interrogé. Mais ce qui me choque le plus dans cette affaire, c'est que ces documents venant de la gendarmerie - l'un daté du 6 mars 1966 et l'autre du 24 mai 1966 - n'aient pas été remis à la justice. Cela relève d'une décision politique. Les autorités de l'époque ont dû se dire : "Ne faisons pas de vagues."
Ce dossier évoque la piste de l'incinération du corps de Ben Barka dans l'Essonne...
Pour certains spécialistes, cette hypothèse aurait pour objectif d'expliquer à la famille Ben Barka et à moi-même qu'il n'est plus nécessaire de rechercher le corps de Mehdi Ben Barka. Ce n'est pas la première thèse en ce sens. Déjà, en 2000, on rapportait que le corps avait été ramené au Maroc et qu'il avait disparu dans de l'acide. Mais pour ma part, je ne crois pas du tout en ces pistes. Je suis persuadé que le corps de Ben Barka a été ramené au Maroc et qu'il y est enterré. Depuis 44 ans, la famille Ben Barka recherche la dépouille. Et moi, je me bats notamment pour cela, pour permettre à la famille de l'opposant marocain de faire son deuil.
44 ans après la mort de Ben Barka, avez-vous un espoir de découvrir la vérité ?
La vérité est détenue par Rabat. C'est pourquoi nous voulons interroger des témoins de l'époque qui ont participé de près ou de loin à l'enlèvement de Ben Barka ou bien qui étaient à Paris au moment des faits [Il s'agit du général Hosni Benslimane, chef de la gendarmerie royale marocaine, du général Abdelhak Kadiri, ancien patron des renseignements militaires, de Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, un membre présumé du commando marocain auteur de l'enlèvement, et de Abdlehak Achaachi, agent du Cab 1, une unité secrète des services marocains, NDLR]. Nous avons lancé des commissions rogatoires internationales dès 2003, renouvelées au printemps 2005, pour interroger ces quatre personnes. Mais comme elles ne sont pas interrogées au Maroc, je souhaite qu'elles viennent s'expliquer à Paris. C'est pourquoi j'ai demandé au juge de lancer des mandats d'arrêt internationaux. Mais la diffusion de ces derniers a été suspendue début octobre . Aujourd'hui, il y a un véritable blocage politique dans cette affaire. Il faut espérer qu'un jour, ce blocage soit levé.
Le point .fr
Me Buttin : "La vérité est détenue par Rabat"
Par Ségolène Gros de Larquier
Me Maurice Buttin, l'avocat des Ben Barka, est convaincu que la vérité sur le fond de l'affaire est détenue par le Maroc © ABDELHAK SENNA/AFP
Me Maurice Buttin, avocat "historique" de la famille de Mehdi Ben Barka, enlevé le 29 octobre 1965 au coeur de Paris, réagit à la découverte d'un dossier "oublié" provenant de la gendarmerie de Mennecy (Essonne) . Ce document, révélé par l'écrivain Georges Fleury, évoque la piste de l'incinération de l'opposant marocain.
lepoint.fr : Que pensez-vous de l'existence de ce dossier secret des gendarmes ?
Me Maurice Buttin : Je suis convaincu que les documents apportés par l'écrivain Georges Fleury sont authentiques. La question qui se pose est donc celle-ci : pourquoi ne les a-t-il pas sortis plus tôt alors qu'il les possède depuis vingt-cinq ans ? Je vais demander au juge Patrick Ramaël que le dossier soit remis à la justice. Vraisemblablement, Georges Fleury sera interrogé. Mais ce qui me choque le plus dans cette affaire, c'est que ces documents venant de la gendarmerie - l'un daté du 6 mars 1966 et l'autre du 24 mai 1966 - n'aient pas été remis à la justice. Cela relève d'une décision politique. Les autorités de l'époque ont dû se dire : "Ne faisons pas de vagues."
Ce dossier évoque la piste de l'incinération du corps de Ben Barka dans l'Essonne...
Pour certains spécialistes, cette hypothèse aurait pour objectif d'expliquer à la famille Ben Barka et à moi-même qu'il n'est plus nécessaire de rechercher le corps de Mehdi Ben Barka. Ce n'est pas la première thèse en ce sens. Déjà, en 2000, on rapportait que le corps avait été ramené au Maroc et qu'il avait disparu dans de l'acide. Mais pour ma part, je ne crois pas du tout en ces pistes. Je suis persuadé que le corps de Ben Barka a été ramené au Maroc et qu'il y est enterré. Depuis 44 ans, la famille Ben Barka recherche la dépouille. Et moi, je me bats notamment pour cela, pour permettre à la famille de l'opposant marocain de faire son deuil.
44 ans après la mort de Ben Barka, avez-vous un espoir de découvrir la vérité ?
La vérité est détenue par Rabat. C'est pourquoi nous voulons interroger des témoins de l'époque qui ont participé de près ou de loin à l'enlèvement de Ben Barka ou bien qui étaient à Paris au moment des faits [Il s'agit du général Hosni Benslimane, chef de la gendarmerie royale marocaine, du général Abdelhak Kadiri, ancien patron des renseignements militaires, de Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, un membre présumé du commando marocain auteur de l'enlèvement, et de Abdlehak Achaachi, agent du Cab 1, une unité secrète des services marocains, NDLR]. Nous avons lancé des commissions rogatoires internationales dès 2003, renouvelées au printemps 2005, pour interroger ces quatre personnes. Mais comme elles ne sont pas interrogées au Maroc, je souhaite qu'elles viennent s'expliquer à Paris. C'est pourquoi j'ai demandé au juge de lancer des mandats d'arrêt internationaux. Mais la diffusion de ces derniers a été suspendue début octobre . Aujourd'hui, il y a un véritable blocage politique dans cette affaire. Il faut espérer qu'un jour, ce blocage soit levé.
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