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Centre de rééducation de Tizi Ouzou: A Moh Touil, le séjour paraît moins long

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  • Centre de rééducation de Tizi Ouzou: A Moh Touil, le séjour paraît moins long

    En ce vendredi ensoleillé d'octobre, il y avait beaucoup de monde devant la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Plus connue sous le nom de Prison de Moh Touil, c'est ainsi que les anciens l'appellent, cet établissement carcéral se situe entre le vieux Tizi et la nouvelle ville.

    Les détenus qui y sont incarcérés et ceux qui y ont transité la considèrent comme la meilleure à l'échelle nationale. Pour diverses raisons.
    «Il faut parfois être épaulé pour purger sa peine dans cette prison», nous dit le parent d'un détenu incarcéré ici depuis quelque temps. L'homme, un couffin à la main, attendait patiemment son tour pour pénétrer dans l'édifice. Aujourd'hui, beaucoup de visiteurs sont venus voir leurs proches puisque c'est la journée de visite pour les familles.

    Il y avait du monde sur les trottoirs et la chaussée. Environ une cinquantaine de familles composées d'hommes, de femmes et d'enfants sont venues rendre visite et consoler des frères et sœurs derrière une vitre transparente et échanger quelques paroles par l'intermédiaire d'un combiné de téléphone.

    Omar est arrivé d'Alger très tôt pour rendre visite à son frère qui, explique-t-il, a écopé de 3 ans de prison ferme pour faux et usage de faux. «Je suis là depuis 5 heures du matin pour déposer la permission que m'a délivrée le procureur de la République pour que je puisse passer parmi les premiers. Vous voyez, il y a beaucoup de monde.»

    Quelques mètres plus loin nous avons aperçu une vieille dame qui discutait avec une femme. A peine approchée que Saâdia a commencé à verser des larmes. Elle nous ouvre grand son cœur : «Je viens voir mon fils qui est ici depuis 2 ans maintenant, il était un cadre dans une institution publique.
    Ses collègues lui ont joué un tour et il se retrouve en prison en me laissant deux enfants et une épouse à nourrir.» Saâdia n'a pas pu retenir son émotion, elle ajoute en sanglots : «A chaque fois que je viens dans ce lieu maudit, je rentre chez moi le cœur serré.»

    Les demandes de visite sont déposées au poste de police et l'appel commence vers 9h30. Une chaîne interminable se forme dès le premier appel. Pour des raisons de sécurité, la fouille au corps et celle des couffins se passe avec minutie, comme cela est de règle. «Tous les emballages sont interdits, le pain préparé à la maison est interdit, les boîtes à chique métalliques sont interdites, les objets tranchants aussi», répète un agent à l'adresse des visiteurs.

    L'accès aux cellules ou à l'intérieur de la prison est strictement interdit pour toute personne étrangère au service. Il faut être muni d'une autorisation spéciale délivrée par les autorités compétentes, le procureur de la République en l'occurrence. Nous avons pu, par un concours de circonstances, pénétrer dans cette prison où nous avons découvert un monde un peu particulier.

    «Elle n'a de prison que le nom»

    «C'est la meilleure prison, même si ça reste quand même une prison. Mais à la comparer aux autres, elle est assez particulière. Tout le monde se comporte de façon exemplaire avec nous, que ce soit les agents, le directeur ou encore les psychologues», nous déclare Sofiane, un détenu originaire de Bouira. Selon son oncle, Sofiane est un jeune homme sans histoire… jusqu'au jour où il a frappé un voisin avec une faucille.

    Une rixe malheureuse qui a fait basculer la vie du jeune homme. Le prisonnier, qui reconnaît la stupidité de son acte, dit se porter bien et ne manquer de rien. Sur les conditions de son incarcération, le jeune, à travers la glace, a avoué que le traitement qu'il subit au sein de ce centre est acceptable : «Le directeur du centre a toujours veillé aux conditions de vie des prisonniers mais surtout à leur insertion sociale après la prison, il est à remercier pour ces efforts.»

    Nous avons longé les couloirs de la prison et nous avons eu le rare privilège de visiter quelques cellules. Les couloirs sont propres, les cellules sont bien organisées et une senteur de parfum se diffuse dans les lieux. Pour ne pas gêner les détenus et les gardiens, nous avons préféré écourter cette intrusion en questionnant rapidement quelques locataires.

    Chacun avait sa petite histoire à raconter mais tous reconnaissent que l'administration des lieux est exemplaire, très différente de ce que l'on entend raconter à l'extérieur. «Chacun fait son travail ici», affirme un gardien qui estime ne pas être dans cet endroit pour»faire du mal» aux détenus. Son collègue ajoute : «Nous appliquons le règlement, les prisonniers aussi.» Il faut reconnaître qu'il est inhabituel de jeter un œil sur les conditions carcérales. Nous prenons le chemin des salles d'étude et de lecture.

    La bibliothèque est garnie de livres traitant de différentes spécialités. Notre accompagnateur nous apprend que ces salles sont ouvertes à tous, notamment aux étudiants. A l'infirmerie, bien équipée en apparence, on nous apprend qu'un médecin et un psychologue sont présents 24h/24. Ceci renseigne sur la prise en charge sanitaire et psychologique des détenus.

    Sid Ali, ce licencié qui s'est retrouvé à l'intérieur de ce centre pour une affaire de drogue, nous a assuré que la prise en charge est réelle que soit sur le plan médical ou encore psychologique. «Notre psychologue est quelqu'un de bien, il a une oreille très attentive», dit-il, ajoutant qu'«il n'y a que le prisonnier qui peut comprendre la valeur d'un psychologue car, ici, on peut à tout moment péter les plombs. Mais avec le psychologue, on arrive à surmonter ces rudes épreuves».

    Ces femmes qui se sentent chez elles !

    Ourida est une quinquagénaire qui est passée du statut d'administratrice à celui de prisonnière. La cause est, selon elle, une agression contre son supérieur hiérarchique. Interrogée sur les conditions de détention, la détenue et ses semblables ont affirmé qu'elles se sentent comme chez elles.

    «La société nous punit pour des fautes que nous avons commises, mais il faut reconnaître que nous sommes bien traitées ici», reconnaît Ourida. Sa codétenue réplique : «Moi, je suis algéroise, et mon avocat m'a conseillé de rester à la prison de Tizi Ouzou car, selon lui, elle est l'une des meilleures à l'échelle nationale. Il m'a toujours dit que nous sommes chez nous dans ce centre, contrairement aux autres. Chose que je confirme.» Et à Ourida de conclure : «Le foyer que nous avons dans ce centre et les gardiennes nous font oublier que nous sommes en prison.»

    En fin de compte, il faut reconnaître, d'après ce que nous avons vu de nos propres yeux, qu'il y a beaucoup de progrès enregistré en matière carcérale. Toute bonne volonté, tout progrès est à mettre en exergue. Ce n'est nullement pour encourager les gens à y passer un séjour mais, d'après les détenus eux-mêmes, les conditions de vie dans cette institution sont dignes. Pourvu qu'elle serve d'exemple.

    Le Temps d'Algérie

  • #2
    Témoignage d'une femme incarcérée

    «C'est le regard des autres qui tue…»

    «Les geôles d'Alger sont des lieux de débauche par excellence ; j'ai connu les affres des quatre murs, un toit…» Spontanément, Fatma Zohra lâche ces quelques phrases hachurées, incompréhensibles, tant sa douleur est grande. A 35 ans, divorcée, elle se retrouve avec trois enfants à charge.

    Cette femme, comme beaucoup d'autres, a séjourné dans une cellule. Elle a sa propre histoire, comme les autres. Nous l'avons rencontrée dans un abribus, dans la périphérie algéroise, en plein travail : tendre la main pour quémander une aumône. Fatma Zohra était propre et bien vêtue, ce qui a attiré notre curiosité. Interrogée sur les raisons de son comportement, la jeune femme nous raconte son histoire non sans quelques réticences. «Je suis divorcée. Mari m'obligeait à travailler et à faire ‘’n'importe quoi’’ pour lui ramener de l'argent afin qu'il achète sa dose quotidienne de drogue.»

    La jeune femme continue son récit en larmes : «Un jour, je suis rentrée chez moi tard le soir. A ma grande surprise, j'ai trouvé mon mari qui m'attendait sur le seuil de la porte. Sans un mot, il jette mes affaires et les enfants dehors et me renvoie chez mes parents. Je me suis retrouvée dans une situation très difficile. Ma famille n'a pas voulu prendre en charge mes enfants sous prétexte qu'ils étaient de mon ex-mari aussi.»
    Suite à un vol de biscuits et de gâteaux dans une supérette à Alger, Fatma Zohra a écopé d'un an de prison ferme qu'elle a passé à la prison d'El Harrach. L'ex-détenue raconte en larmes son histoire et son séjour à l'intérieur de ces geôles. Fatma Zohra révélera qu'au sein des prisons algériennes tout est possible. «J'ai passé des vingtaines de jours à pleurer.

    Vous vous rendez compte, mon mari me prive de la pension alimentaire et c'est moi qu'on punit alors que Dieu seul sait que c'est pour mes enfants que j'ai osé voler.» Nous avons insisté pour qu'elle nous parle des conditions de vie en prison pour la gent féminine. «Dans la cellule où j'étais, il y avait des femmes qui avez déjà fait 5 ans de prison ou plus pour des raisons différentes. Il y a des clans et généralement la chef est une vieille, elle se permet tout, elle a même un téléphone portable. elle a droit à un traitement de faveur.»

    Fatma Zohra continue difficilement son récit :

    «Ca me fait mal, je n'arrive pas à oublier, je suis une fille de bonne famille. croyez-moi je suis traumatisée et ce qui me tue le plus c'est le regard des autres…» Sur un autre registre, l'ex-détenue a révélé que la vie en prison est infecte. «Les sanitaires qui se trouvent à l'intérieur des cellules sont immondes. Les dépressions et les tentatives de suicide font aussi partie du quotidien.» Elle cite le cas dramatique d'une jeune fille qui a tué son père parce qu'il abusait d'elle.

    «Par moment, elle se prend le cou avec les deux mains et serre très fort pour se donner la mort. Elle n'a plus personne, elle est reniée par sa famille. Vous vous imaginez, pour le soin intime de son corps, elle quémande des serviettes que parfois les surveillantes lui offrent. Tout cela épuise.» Depuis sa sortie de prison, Fatma Zohra déambule dans les rues d'Alger à la recherche d'un bout de pain pour nourrir ses enfants.

    Le Temps d'Algérie

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    • #3
      Pour une meilleure réinsertion des prisonnières

      Les Algériennes ayant purgé des peines de prison se trouvent confrontées à de sérieux défis lorsqu'elles souhaitent réintégrer la société. Pour traiter ce problème, le gouvernement algérien a entrepris depuis 2007 un programme, en coopération avec le Programme des Nations unies pour le développement, pour fournir une assistance à ce segment de la population parfois très marginalisé.

      Par ailleurs, le nombre de femmes dans les prisons en Algérie se situe entre 900 et 1000. Leur emprisonnement est lié dans la plupart des cas à des délits de vol et d'escroquerie. Mais il reste que la réinsertion sociale d'une détenue demeure difficile puisque la société si elle conçoit l'emprisonnement d'un homme un fait banal, elle reste loin d'être disposée à l'accepter pour une femme.

      Le Temps d'Algérie

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