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L'amalgame dans le délit de corruption
par Kharroubi Habib
par Kharroubi Habib
Il n'y a pas d'explication par la politique à la corruption qui mine le pays. Ceux qui s'y adonnent ou succombent ne sont que des malfrats, même s'ils se prévalent d'une chapelle politique quelconque. Aussi, vouloir trouver des motivations politiques à certains scandales de corruption qui éclaboussent des départements ministériels, dont les premiers responsables appartiennent à une mouvance donnée - le MSP dans les cas auxquels il est fait allusion ici , relève du mauvais procès. D'autres ministères, tenus par des personnalités ayant elles aussi une coloration politique connue, ont été secoués par des scandales de cette nature sans que les articles et commentaires ayant été consacrés à ceux-ci aient mis l'accent sur l'ancrage politico-partisan de leurs protagonistes.
Il y a par conséquent de la mauvaise foi chez certains confrères à faire un lien entre l'appartenance politique du ministre de la Pêche et de celui des Travaux publics et les scabreuses affaires qui affectent leurs administrations respectives. Donner du sens politique aux motivations qui ont mû les corrupteurs et les corrompus protagonistes de celles-ci, revient à atténuer leur aspect cupide. La corruption est devenue chez nous une pratique socialisée, dont les acteurs sont de tous les âges, appartiennent à toutes les couches sociales et à tous les courants politiques. Elle a pour moteur l'enrichissement rapide et facile.
S'il faut politiser cette corruption, c'est en rendant responsable le système qui l'a rendue possible et ne fait pas grand-chose pour la combattre. Sans imputer au pouvoir qui est en place depuis plus d'une décennie maintenant d'être celui qui a donné naissance à la corruption en Algérie, force est de constater que c'est tout de même celui qui a créé les conditions qui l'ont généralisée. Jamais en effet depuis l'indépendance le pays n'a été gangrené par le fléau comme il l'est en ces dix dernières années.
Il nous sera répliqué par les défenseurs du pouvoir en question que c'est précisément parce qu'il mène une lutte sans merci contre cette corruption que l'on a à connaître de plus d'affaires du genre qu'à d'autres époques, d'où cette «impression» de généralisation de la corruption. Que le nombre de scandales liés à la corruption dévoilés suite à des investigations officielles plaide pour l'efficacité de la lutte menée contre la corruption, c'est au contraire la démonstration aux yeux du citoyen lambda que le mal de la corruption s'est métastasé et que ce qui parvient à sa connaissance sur le sujet ne rend pas compte du degré de gravité qu'il a atteint dans l'infection de l'intégrité morale de la nation et du préjudice qu'il cause à la richesse collective.
Rappelons-le enfin ce n'est pas l'étiquette politique ou partisane du délinquant qu'il faut voir absolument quand un scandale de corruption éclate, mais la somme de complicités, de toutes natures et horizons, ainsi que les manques de vigilance et de courage ayant contribué à le rendre possible.
Posons enfin la question de savoir comment des responsables, toutes obédiences confondues, dont les administrations sont éclaboussées jusqu'à faire douter de leur intégrité personnelle, n'ont jamais le réflexe éthique de démissionner au moins. La réponse est dans le principe du «j'assume», que nous avons entendu à l'occasion du procès de l'un de ces scandales.
Le Quotidien d'Oran .
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