Par <i><span style="color:#0000ff"><b>Ha.../b></span></i> Écrivain et romancier d’expression
Quant au piétinement de la langue arabe et de la culture algérienne, dans toutes ses composantes, par la colonisation, c’est toute la chronologie d’une agression historique.
J’ai souvent estimé que notre culture nationale vie un profond malaise causé et par la surpolitisation de tout ce qui touche à l’identité - vue d’un angle unique - et par la médiatisation de tout ce qui ne fait pas l’unanimité au détriment de l’intérêt général. A mon sens, il y a deux facteurs moteurs qu’il faudrait impérativement restituer à tous les Algériens, à savoir notre histoire — faite par tous les Algériens — et notre langue, parlée et écrite par la grande majorité d’entre nous. Car, histoire et langue ont été toujours et restent liées dans l’accomplissement du destin de chaque société. L’on constate, depuis l’indépendance, que le système politique s’est accaparé de la mémoire et du verbe, bondant les esprits par des tas de slogans vernissés, que le temps a fini par mettre à nu, en privant ainsi les autres compétences, les autres acteurs de porter leur contribution par leur intelligence, leur savoir-faire et leurs témoignages sur les questions épineuses de la langue et de l’histoire que l’école et l’université algériennes devraient adopter avec sagesse et rationalité.
La ré-acquisition de ces deux facteurs nécessite courage et patience de la part des femmes et des hommes acquis à la promotion de notre potentiel historique et culturel dans leurs diverses étapes et dimensions pour orner notre personnalité, nous donner plus de confiance en nous-mêmes, en les considérant comme vecteurs qui rassemblent, qui unissent et qui poussent vers l’avant, car ils sont un patrimoine collectif.
Poids du facteur de l’arabité
En revenant un peu en arrière, pour étaler la question de la langue arabe pendant une étape, parmi d’autres de notre histoire moderne, je dirais qu’au lendemain de l’indépendance la diaspora algérienne francophone, vu les circonstances historiques dans lesquelles elle s’est constituée, se voyait légitimée par son rôle joué au cours du développement du mouvement national, comme au cours de la guerre de Libération nationale, de prendre les rênes de l’Etat, de l’administration et de la gestion, en refusant ainsi toute idée d’insérer une langue arabe dont l’utilisation était limitée aux seuls cadis, enseignants des medersas, associations des Oulémas et leurs écoles, donc une langue qui était absente, plutôt absentée par 132 ans d’acculturation et qui, de ce fait, ne peut être intégrée.
Mais l’histoire a retenu, puisque l’Algérie se considérait comme étant partie prenante de la nation (Oumma) arabe, que le facteur arabité, avec tout ce qu’il porte, la langue notamment, devrait peser dans toutes les décisions qui seront prises et mentionnées dans toutes les chartes (Soummam, Tripoli, Alger et celle de 1976), ainsi que dans toutes les versions de la Constitution. Puisque, soutenue politiquement et matériellement, pendant sa guerre de libération, par ses pays frères arabes, consciente qu’elle a lutté pour restaurer sa souveraineté et retrouver sa personnalité arabo-musulmane, considérant que la langue arabe était liée à la religion, et que la religion est prêchée et pratiquée par l’arabe et dans l’arabe, l’Algérie devait institutionnaliser cette langue comme l’une des constantes majeures. Donc, pour prendre place dans les centres de responsabilité étatiques et administratifs d’importance, la diaspora algérienne arabophone devait bousculer sa rivale à travers l’appareil politique unique d’alors, dont elle avait le contrôle pendant longtemps.
Tout le monde sait qu’il y avait une rivalité, qui persiste encore, entre deux tendances, celle qui se penchait culturellement pour une francisation du champ linguistique, afin de pousser l’Algérie vers une relation accrue avec l’ancien Etat colonisateur, pour préserver quelques intérêts et celle qui se battait idéologiquement pour orienter entièrement l’Algérie vers la sphère arabe moyen-orientale (le phénomène de la berbérité surgira après) tandis que la majorité des Algériens restait passive devant ces enjeux. Seuls peut-être les intellectuels algériens, militants de gauche, version PAGS, considéraient avec clairvoyance la question cruciale de la langue, puisqu’ils étaient confrontés aux réalités sociales visibles et aux expériences vécues. Ils devaient communiquer avec les travailleurs et les paysans, soit en arabe soit en tamazight (leur journal clandestin Saout Ech-Chaab était bilingue et Alger Républicain publiait des pages en tamazight en caractères arabes).
C’était là des intentions très significatives qui, malheureusement, n’ont pas duré (le journal El Watan lui aussi, entre 1993-1994, avait fait sortir Al Waqt version arabe dans lequel j’ai publié quelques articles et traductions poétiques sous un pseudonyme). Si je relate ceci, c’est pour montrer qu’il y a eu des tentatives sincères de la part des intellectuels de gauche, particulièrement (artistes écrivains, journalistes peintres - Khadda dans ses beaux tableaux à base de calligraphie arabe - et hommes de théâtre, Alloula particulièrement) en direction de cette langue qui devait, initialement, être le pôle réunifiant arabophones et francophones (de formation) pour le même intérêt : donner à l’arabe écrit, à partir de l’école, un élan moderne. Je reste sceptique quant à une « nahda » authentique de la langue arabe en Algérie sans une contribution effective des intellectuels et spécialistes algériens francophones. C’est leur dû envers la majorité de leur peuple, c’est leur devoir aussi pour leur société. Sans cela, les déchirures perdureront inutilement.
Suite...
Quant au piétinement de la langue arabe et de la culture algérienne, dans toutes ses composantes, par la colonisation, c’est toute la chronologie d’une agression historique.
J’ai souvent estimé que notre culture nationale vie un profond malaise causé et par la surpolitisation de tout ce qui touche à l’identité - vue d’un angle unique - et par la médiatisation de tout ce qui ne fait pas l’unanimité au détriment de l’intérêt général. A mon sens, il y a deux facteurs moteurs qu’il faudrait impérativement restituer à tous les Algériens, à savoir notre histoire — faite par tous les Algériens — et notre langue, parlée et écrite par la grande majorité d’entre nous. Car, histoire et langue ont été toujours et restent liées dans l’accomplissement du destin de chaque société. L’on constate, depuis l’indépendance, que le système politique s’est accaparé de la mémoire et du verbe, bondant les esprits par des tas de slogans vernissés, que le temps a fini par mettre à nu, en privant ainsi les autres compétences, les autres acteurs de porter leur contribution par leur intelligence, leur savoir-faire et leurs témoignages sur les questions épineuses de la langue et de l’histoire que l’école et l’université algériennes devraient adopter avec sagesse et rationalité.
La ré-acquisition de ces deux facteurs nécessite courage et patience de la part des femmes et des hommes acquis à la promotion de notre potentiel historique et culturel dans leurs diverses étapes et dimensions pour orner notre personnalité, nous donner plus de confiance en nous-mêmes, en les considérant comme vecteurs qui rassemblent, qui unissent et qui poussent vers l’avant, car ils sont un patrimoine collectif.
Poids du facteur de l’arabité
En revenant un peu en arrière, pour étaler la question de la langue arabe pendant une étape, parmi d’autres de notre histoire moderne, je dirais qu’au lendemain de l’indépendance la diaspora algérienne francophone, vu les circonstances historiques dans lesquelles elle s’est constituée, se voyait légitimée par son rôle joué au cours du développement du mouvement national, comme au cours de la guerre de Libération nationale, de prendre les rênes de l’Etat, de l’administration et de la gestion, en refusant ainsi toute idée d’insérer une langue arabe dont l’utilisation était limitée aux seuls cadis, enseignants des medersas, associations des Oulémas et leurs écoles, donc une langue qui était absente, plutôt absentée par 132 ans d’acculturation et qui, de ce fait, ne peut être intégrée.
Mais l’histoire a retenu, puisque l’Algérie se considérait comme étant partie prenante de la nation (Oumma) arabe, que le facteur arabité, avec tout ce qu’il porte, la langue notamment, devrait peser dans toutes les décisions qui seront prises et mentionnées dans toutes les chartes (Soummam, Tripoli, Alger et celle de 1976), ainsi que dans toutes les versions de la Constitution. Puisque, soutenue politiquement et matériellement, pendant sa guerre de libération, par ses pays frères arabes, consciente qu’elle a lutté pour restaurer sa souveraineté et retrouver sa personnalité arabo-musulmane, considérant que la langue arabe était liée à la religion, et que la religion est prêchée et pratiquée par l’arabe et dans l’arabe, l’Algérie devait institutionnaliser cette langue comme l’une des constantes majeures. Donc, pour prendre place dans les centres de responsabilité étatiques et administratifs d’importance, la diaspora algérienne arabophone devait bousculer sa rivale à travers l’appareil politique unique d’alors, dont elle avait le contrôle pendant longtemps.
Tout le monde sait qu’il y avait une rivalité, qui persiste encore, entre deux tendances, celle qui se penchait culturellement pour une francisation du champ linguistique, afin de pousser l’Algérie vers une relation accrue avec l’ancien Etat colonisateur, pour préserver quelques intérêts et celle qui se battait idéologiquement pour orienter entièrement l’Algérie vers la sphère arabe moyen-orientale (le phénomène de la berbérité surgira après) tandis que la majorité des Algériens restait passive devant ces enjeux. Seuls peut-être les intellectuels algériens, militants de gauche, version PAGS, considéraient avec clairvoyance la question cruciale de la langue, puisqu’ils étaient confrontés aux réalités sociales visibles et aux expériences vécues. Ils devaient communiquer avec les travailleurs et les paysans, soit en arabe soit en tamazight (leur journal clandestin Saout Ech-Chaab était bilingue et Alger Républicain publiait des pages en tamazight en caractères arabes).
C’était là des intentions très significatives qui, malheureusement, n’ont pas duré (le journal El Watan lui aussi, entre 1993-1994, avait fait sortir Al Waqt version arabe dans lequel j’ai publié quelques articles et traductions poétiques sous un pseudonyme). Si je relate ceci, c’est pour montrer qu’il y a eu des tentatives sincères de la part des intellectuels de gauche, particulièrement (artistes écrivains, journalistes peintres - Khadda dans ses beaux tableaux à base de calligraphie arabe - et hommes de théâtre, Alloula particulièrement) en direction de cette langue qui devait, initialement, être le pôle réunifiant arabophones et francophones (de formation) pour le même intérêt : donner à l’arabe écrit, à partir de l’école, un élan moderne. Je reste sceptique quant à une « nahda » authentique de la langue arabe en Algérie sans une contribution effective des intellectuels et spécialistes algériens francophones. C’est leur dû envers la majorité de leur peuple, c’est leur devoir aussi pour leur société. Sans cela, les déchirures perdureront inutilement.
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