L'inéluctable ascension du prix du baril de pétrole
LE MONDE | 21.10.09
A 80 dollars le baril, le pétrole commence à être un peu trop cher pour l'économie mondiale. Il serait souhaitable que l'Arabie saoudite et les autres grands pays producteurs interviennent pour ralentir la progression du cours du brut. Pourtant, il faut plutôt s'attendre à ce qu'ils se réjouissent de le voir s'envoler.
La plupart des Etats du Golfe, ainsi que la Russie, réussissent à équilibrer leurs finances publiques quand le baril se négocie à 65 dollars. Les dirigeants saoudiens ont laissé entendre que 75 dollars était un bon prix : c'est assez cher pour que les clients restent raisonnables et pas assez pour qu'ils commencent à envisager de réduire leur consommation, ou même tentent de développer d'autres formes de carburant. Quant à Abdallah Salem El-Badri, secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), il a indiqué qu'il fallait que le cours atteigne au moins 80 dollars pour pouvoir maintenir l'effort d'investissement.
Certains ont encore les moyens d'acheter le pétrole à son prix actuel, mais la hausse a atteint 20 % en moins d'un mois. Il faudrait donc que les plus grands producteurs pensent sérieusement à revoir leur position afin d'augmenter les volumes extraits.
Mais il leur est facile de trouver des arguments pour laisser le cours s'apprécier davantage. M. El-Badri a fait remarquer qu'en 2009, le prix moyen du baril ne s'est élevé qu'à 57 dollars, c'est-à-dire nettement moins que ce que souhaite l'OPEP. En outre, si le baril vaut 80 dollars, la faiblesse du billet vert lui-même vient réduire le pouvoir d'achat du pays producteur. Et certains d'entre eux ont des dettes à rembourser.
Le problème, c'est que même si les pays producteurs voulaient inonder le marché de pétrole, cela ne servirait à rien. La flambée que l'on vient d'observer s'est produite alors que les stocks étaient bien fournis. Or, c'est souvent parce que les producteurs agissaient de concert que le marché du pétrole pouvait rester équilibré.
Malheureusement, la situation actuelle nous rappelle de mauvais souvenirs. Lorsque le baril de pétrole avait franchi les 100 dollars, juste avant que la crise financière n'éclate, les analystes expliquaient que le cours s'emballait en raison de la demande croissante de pétrole de pays d'Asie. Une demande qui menaçait de provoquer une pénurie. En réalité, le marché subissait la puissance des énormes volumes de liquidités déversés par des fonds spéculatifs sur les matières premières ou par certains acteurs économiques.
Nous vivons aujourd'hui le même phénomène. Si les liquidités continuent de couler à flots, le cours du pétrole dépassera vite 100 dollars. Quant aux grands pays producteurs, ils ne seront que fort peu marris de constater qu'ils n'ont aucun moyen d'enrayer le mouvement.
LE MONDE | 21.10.09
A 80 dollars le baril, le pétrole commence à être un peu trop cher pour l'économie mondiale. Il serait souhaitable que l'Arabie saoudite et les autres grands pays producteurs interviennent pour ralentir la progression du cours du brut. Pourtant, il faut plutôt s'attendre à ce qu'ils se réjouissent de le voir s'envoler.
La plupart des Etats du Golfe, ainsi que la Russie, réussissent à équilibrer leurs finances publiques quand le baril se négocie à 65 dollars. Les dirigeants saoudiens ont laissé entendre que 75 dollars était un bon prix : c'est assez cher pour que les clients restent raisonnables et pas assez pour qu'ils commencent à envisager de réduire leur consommation, ou même tentent de développer d'autres formes de carburant. Quant à Abdallah Salem El-Badri, secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), il a indiqué qu'il fallait que le cours atteigne au moins 80 dollars pour pouvoir maintenir l'effort d'investissement.
Certains ont encore les moyens d'acheter le pétrole à son prix actuel, mais la hausse a atteint 20 % en moins d'un mois. Il faudrait donc que les plus grands producteurs pensent sérieusement à revoir leur position afin d'augmenter les volumes extraits.
Mais il leur est facile de trouver des arguments pour laisser le cours s'apprécier davantage. M. El-Badri a fait remarquer qu'en 2009, le prix moyen du baril ne s'est élevé qu'à 57 dollars, c'est-à-dire nettement moins que ce que souhaite l'OPEP. En outre, si le baril vaut 80 dollars, la faiblesse du billet vert lui-même vient réduire le pouvoir d'achat du pays producteur. Et certains d'entre eux ont des dettes à rembourser.
Le problème, c'est que même si les pays producteurs voulaient inonder le marché de pétrole, cela ne servirait à rien. La flambée que l'on vient d'observer s'est produite alors que les stocks étaient bien fournis. Or, c'est souvent parce que les producteurs agissaient de concert que le marché du pétrole pouvait rester équilibré.
Malheureusement, la situation actuelle nous rappelle de mauvais souvenirs. Lorsque le baril de pétrole avait franchi les 100 dollars, juste avant que la crise financière n'éclate, les analystes expliquaient que le cours s'emballait en raison de la demande croissante de pétrole de pays d'Asie. Une demande qui menaçait de provoquer une pénurie. En réalité, le marché subissait la puissance des énormes volumes de liquidités déversés par des fonds spéculatifs sur les matières premières ou par certains acteurs économiques.
Nous vivons aujourd'hui le même phénomène. Si les liquidités continuent de couler à flots, le cours du pétrole dépassera vite 100 dollars. Quant aux grands pays producteurs, ils ne seront que fort peu marris de constater qu'ils n'ont aucun moyen d'enrayer le mouvement.
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