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    Coup de soleil
    par K. Selim
    Les journalistes parlent-ils trop de Diar Echems, de ses jeunes en émoi et en émeute et... de son imam qui appelle au calme uniquement parce que cela se passe à Alger ? La question est triviale. Les journalistes sportifs s'occupent de football, les culturels s'occupent de la culture s'ils en trouvent. Quant aux journalistes qui s'occupaient du peu de politique qu'il a pu y avoir en ce pays entre l'intermède d'octobre 1988 et le point final de janvier 1992, ils ont bien fini par constater, de guerre lasse, qu'ils ont perdu leur objet.

    Dans ce pays, il n'y a plus de politique. L'Etat a décidé que c'est trivial, inutile même s'il faut bien accepter, pour satisfaire les étrangers, de mettre en place une scène politique ornementale. Mais en définitive, les journaux ont fini par se rendre compte - bien après les lecteurs, il faut le reconnaître - qu'il n'y a rien de passionnant à suivre les sombres péripéties des redresseurs redressés au sein du vieux FLN, de la guerre de position sur-gérée au sein du MSP ou des problèmes de préséance au sein de la présumée alliance présidentielle. Ni le saint vendredi, ni les langues nationales, étrangères ou vernaculaires, et encore moins les cultures ne passionnent.

    Ceux qui sont chargés - et rétribués - de participer à l'illusion de la vie politique sont fatigués de sur-jouer pour faire croire que ce qu'ils font n'a rien de trivial. Même ceux-là n'ont pas grand-chose à dire et se taisent en général en attendant d'être convoqués à la prochaine convocation du corps électoral...

    Quand on se souvient de la surpolitisation du pays après les émeutes d'octobre 1988 et qu'on la compare à la dépolitisation ambiante actuelle, on peut créditer le pouvoir d'une réussite totale et absurde. Si totale que face à des émeutiers en colère qui ne se reconnaissent ni dans le FIS, ni dans le père, ni dans ses vagues cousins, des responsables en soient à rêver d'avoir de bonnes associations de quartier à qui parler...

    La lecture de la dépêche APS où l'on indique que le ministre de l'Intérieur souligne l'importance de revoir le rôle des associations de quartiers afin que ces dernières puissent accomplir leur mission avec «plus d'efficacité et de crédibilité», a en effet de quoi surprendre. Elle est juste. Sauf qu'on ne voit pas comment on peut avoir de bonnes associations «efficaces et crédibles» quand on ne veut pas avoir de vrais partis politiques, quand on persiste à ne pas accepter des syndicats autonomes et quand on ne supporte pas - ce n'est qu'un exemple - que la Ligue des droits de l'homme organise une rencontre dans un hôtel !

    La stérilisation du champ politique a été réussie. Les intellectuels ne s'en mêlent plus, les chefs de partis s'occupent de contrôler l'appareil en attendant qu'on leur fasse signe. Qui a fait de la politique en ce pays ces derniers mois en dehors du pouvoir ? Presque personne, sauf à prendre pour de la politique les prises de position des patrons après les mesures décidées dans le cadre de la loi de finances complémentaire...

    L'Algérie est presque devenue, comme certains le souhaitent absurdement, une Tunisie «tranquille». C'est pour cela que des journalistes croient que Diar Echems ne relève pas du sport ou du sécuritaire, mais bien de cette chose triviale qui s'appelle «politique».


    le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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