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Périlleuse anarchie du transport en commun à Akbou

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  • Périlleuse anarchie du transport en commun à Akbou

    Sur place, nous avons constaté le départ de trois fourgons dans la même direction au même instant. Le rallye commence ! La compétition s’exacerbe à Guendouza, en contrebas de la ville sur la RN 26, point de chute des autobus et fourgons d’autres lignes qui transitent par Akbou. La multiplication des formules d’exploitation de transports en commun agit comme un facteur aggravant cette dangereuse concurrence.

    Sur le tronçon de route qui s’étend de Guenouza à Alaghan, des cohortes de véhicules de transport en commun se bousculent nerveusement dans une sorte de rallye qui ne dit pas son nom mettant en danger des vie humaines, celles des voyageurs, celles des automobilistes mais aussi celles des piétons et riverains de la RN 26 qui s’urbanise à vue d’œil.

    La situation ne date pas d’aujourd’hui ; bien au contraire, les origines de l’anarchie qui caractérise ce secteur d’activités remontent au début des années 90 pendant lesquelles le secteur du transport en commun était ouvert à tous. Depuis, le développement en termes de législation et d’infrastructures n’a pas suivi handicapant de facto le secteur.

    Akbou est la deuxième agglomération de la wilaya de Bgayet-centre névralgique de la haute Soummam et centre urbain abritant un grand nombre de services tant publics que privés, autant de facteurs qui en font une destination privilégie sinon obligatoire pour un grand nombre de citoyens d’où découle des opportunités un nombre d’investisseurs qui y voit non pas un gagne-pain mais bien plus : un moyen de s’enrichir. Aussi, le nombre de transporteurs allait crescendo à tel point qu’un autobus de 30 places ne bénéficie que de deux minutes d’arrêt en chargement sur les quais de la gare routière d’Akbou. “Je défie quiconque de faire monter 30 personnes dans cet autobus en l’espace de deux (2) minutes”, nous lance A. Benhamouche, transporteur et membre du syndicat.

    Sur place, nous avons constaté le départ de trois fourgons dans la même direction au même instant. Le rallye commence ! La compétition s’exacerbe à Guendouza, en contrebas de la ville sur la RN26, point de chute des autobus et fourgons d’autres lignes qui transitent par Akbou. La multiplication des formules d’exploitation de transports en commun agit comme un facteur aggravant cette dangereuse concurrence. En effet, parmi les transporteurs, certains ont des horaires fixes, d’autres travaillent sous la formule “navette”. Cette multiplication met K.O l’ordre de sortie des quais adopté d’un commun accord par les transporteurs. “Impossible d’être spectateurs d’une situation qui nuit à notre commerce. Quand bien même nous respectons l’ordre de sortie de la gare, nous trouvons rien sur notre passage car il y a toujours des transporteurs véreux qui ramassent tout !”, se plaint un transporteur de la ligne Akbou-Tazmalt.

    L’inexistence d’arrêt de bus fixes et obligatoires pour tout fait que pratiquement tous les voyageurs demandent à descendre et à monter dans les bus juste devant chez eux, “contraignant” de la sorte les transporteurs à s’arrêter dans des endroits dangereux. “Celui qui respecte les arrêts réglementaires ne travaillera pas !” se justifie un transporteur.

    Bagarres

    Il suffit de prendre place à la gare routière d’Akbou et d’observer : Des rixes entre transporteurs avec coups de poings, barre ou chaînes de fer, des bagarres qui ont commencé sur l’itinéraire qu’ils ont emprunté en concurrents ; en présence de voyageurs qui assistent impuissants et révoltés à ces scènes de ménages. De simples malentendus, la situation se compliquer parfois jusqu’à devenir si grave qu’elle menace même la paix sociale. Dimanche 18 octobre : les transporteurs de la ligne Aït R’zine ont empêché ceux d’Ighil Ali de passer, car estiment-ils, ces derniers leurs chipent leurs clients. N’eut été l’intervention des services de l’ordre et quelques “sages” transporteurs, la situation aurait tourné au drame. “Quand je quitte ma maison le matin, j’ai l’impression de partie en guerre et non pas au travail !” nous confie A. Benhamouche. Une tension et un stress permanent sont facilement perceptibles chez tous les transporteurs. Une autre source de conflits entre les transporteurs. Plus de 11 lignes sont logées au niveau de la gare routière d’Akbou. Un seul quai pour des transporteurs desservant des localités différentes à l’exemple de Tamokra, Aït R’zine et Ighil Ali. De fait du grand nombre de transporteurs, le quai s’avère exigüe pour que tout le monde y trouve place. Tous revendiquent leur droit au stationnement au niveau du quai générant des tensions extrêmes qui trouvent leurs dénouements ultimes dans les bagarres.

    D’un autre côté, la gare routière manque de tout. Les transporteurs se plaignent de l’entrée de véhicules de particuliers dans la gare alors qu’elle est strictement réservée aux véhicules de transports en commun. La sécurité des voyageurs, notamment les femmes, est menacée par des voyous qui n’hésitent plus à les empêcher et parfois même à leurs adresser des obscénités au su et au vu de tous. Questionné sur le fait qu’il n’y ait plus de transport à partie de 18h, A. Benhamouche, nous dit : “Certains ont demandé à la Direction des transports le prolongement des heures de travail, mais on leur a refusé la chose. Personnellement, je ne peux plus assurer le transport à partir de 18 h car il y a une insécurité totale au niveau de la gare routière et de la route. Au niveau de la gare, il y a des voleurs capables de vous agresser et sur les routes, il y a les ivrognes et d’autres déréglés. Si un ivrogne vomit dans le fourgon, c’est deux jours d’arrêt net de travail. Ajoutez à cela, le fait qu’ils sont une menace pour l’intégrité physique des voyageurs”.

    Lors de la campagne électorale pour les élections locales, la liste qui préside actuellement aux destinées de l’APC d’Akbou a inclu dans son programme d’actions la création d’une gare intermodale en mesure de répondre aux attentes des citoyens. Deux ans se sont écoulés depuis et rien encore n’a vu le jour.

    Les élèves payeront comme tout le monde !


    “Je suis gérant d’une entreprise économique, rien ne m’oblige à faire dans le social. Mon souci majeur est de ne pas faire faillite, aucune convention ne me lie avec le ministère de la Solidarité nationale !” tel est la réponse donné par un transporteur à la question de savoir pourquoi il ne prend pas les élèves. De ceux-ci qui ont bénéficié d’une remise de cinq dinars l’années précédente, il est désormais exigé de payer comme tout le monde s’ils veulent prendre le bus. La décisions des transporteurs d’augmenter les tarifs de 5 DA l’année précédente a failli mettre le feu aux poudres dans beaucoup de localités de la wilaya de Bgayet. L’intervention, in extremis, de la Direction des transports a fait fléchir les transporteurs qui ont tout de même réussi, en douceur et graduellement à passer leur augmentation au fil des jours. Le prix de transport étant fixé à 0,25 DA/km sur un rayon de 30 km par le décret 96-39 du 15 janvier 1996”, les prix appliqués actuellement sont nettement plus supérieurs. Face, d’une part, à l’augmentation des frais d’entretien, des charges sociales et, d’autre part, à l’absence de soutien de l’Etat au tarif de transport, les transporteurs ont le choix entre continuer d’exister en transgressant la loi ou disparaître. Concernant la saturation des lignes, pour ne pas parler de monopole, ils demandent à la Direction des transports de ne plus accorder de nouvelles lignes car ni les routes, ni la gare routière ne sont en mesure de les accueillir. En l’état actuel des choses, la logique du premier occupant prime sur celle de la concurrence, pierre augulaire de l’économie de marché. Cela donne une économie de marché sans marché.

    Par La Dépêche de Kabylie
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