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De la complexité à substituer un nom

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  • De la complexité à substituer un nom

    «Ziadia», «la Boum», «Sonatiba», «El Fedj» sont, parmi d’autres, des cités constantinoises qui gardent toujours leur appellation primitive en dépit d’avoir été rebaptisées du patronyme de gloires nationales. Cependant, le réflexe demeure de taille chez la population qui ne garde en mémoire que les anciennes connotations, transmises même à la génération actuelle.

    De fait, quel groupe de jeunes pourrait nous indiquer sans faute où se situe, à titre d’exemple, la place Si El Haoues ou nous emmener à la cité Sakiet Sidi Youcef ? Mieux, leur demander la tranche du boulevard Belouizdad qu’ils sillonnent à longueur de journée.

    Pourtant, le substitut de ces endroits est émis au quotidien. Le premier qualifie la place générale et le second «la Boum» ayant hérité ce nom de la société qui s’était chargée de la construction des immeubles.

    Le troisième n’est autre que le boulevard dit Saint-Jean prisé en boucle par la jeunesse locale. Quant à la cité Ziadia, elle est le prolongement«phonétique» du nom de la famille «Ziadi», propriétaire de l’assiette foncière sur laquelle ont été érigés des immeubles.

    S’il est, de temps à autre, des plaques dissimulées en raison de travaux réalisés sur les façades des bâtisses (peinture, crépissage) le citoyen ne fait pas l’effort de retenir de nouveaux noms.

    Mieux, le courrier a la peau dure et garde les anciennes appellations. «Il n’est pas évident qu’un nouveau facteur puisse reconnaître sans peine les anciennes cités datant de la présence française et qui ont été rebaptisés par de nouvelles dénominations», commente un citoyen, ajoutant : «Mon adresse est souvent appuyée par l’ancienne appellation de mon quartier sous peine de voir les correspondances s’égarer.»

    Le début de la reconversion se perpétue avec le prête-nom des martyrs. «Constantine s’est délestée des dénominations datant de la période françaises, notamment depuis 1965.

    En plus, de 1970 à 1980, la wilaya s’est articulée sur le guide de la ville pour recenser tous les quartiers et les muer dans un registre national approprié. Il fallait couper tout lien avec le passé, surtout celui qui a porté atteinte à la révolution de Novembre», devait confier M. Zehara, directeur des affaires éducatives, sportives et culturelles à la municipalité (DAESC).

    Une chose est sûre, poursuivra-t-il, Constantine est totalement acquise aux noms «de ses martyrs».Aussi, il est des noms d’hommes lettrés qui ont tendu à titre posthume leur savoir à quelques établissements scolaires ou culturels. Pour cela, on citera le palais de la culture Malek Haddad, l’école primaire Mouloud Feraoun (annexe de l’ex-école normale supérieure sis à faubourg Lamy, actuellement Emir Abdelkader.

    Sur un autre plan, le responsable révèle que la problématique dans ce genre de procédure réside dans les habitations précaires qui ne peuvent s’attribuer des noms de personnes «lumineuses» car la législation l’interdit formellement.

    De surcroît, la désignation des quartiers auxiliaires à des grandes cités nouvellement bâties pose également problème. «Vous avez là-dessus l’exemple de la Cité Boussof. Cela caractérise le site, mais on recourt souvent aux termes 1re, 2e tranche pour situer une habitation bien localisée.» Du moins, ce dernier point sera mis à l’étude incessamment par une commission large et mixte. Elle recensera les lieux «anonymes» pour les renommer. Jusque-là, on continuera d’entendre «les 1 200 au Khroub», «la cité 2000».

    Par ailleurs, en perspective du mois de novembre, comme la tradition le veut, la commune a entériné, mercredi dernier, la dénomination de deux nouveaux collèges qui seront inaugurés le 2 novembre prochain. L’un se situe à Boussof ; il a emprunté le nom au chahid Benmoussa, et l’autre à Benchergui (Boudene Tahar). Cette première délibération devrait attendre l’aval de la commission de la wilaya pour confirmer le processus. Dans ce chapitre, il faut savoir que les appellations ne naissent pas d’elles-mêmes.

    C’est toute une chaîne qui désigne des parties différentes pour étudier le sujet. A la demande de la municipalité, l’organisation des moudjahidine exhume des noms de martyrs et les propose en se basant sur un canevas de documents qu’elle passera au peigne fin. Le dossier complet du chahid requiert sa biographie, une attestation d’appartenance à l’ALN en plus d’un acte de naissance et de décès. Une fois ces pièces disponibles, l’organisation des moudjahidine devrait convaincre l’assise en présence d’un représentant des organisations de fils de chouhada, du responsable communal et d’un délégué de l’académie pour éplucher le dossier.

    «Vu la complexité de la procédure et le temps qu’elle nécessite, on opte pour des dates commémoratives pour poinçonner les différents quartiers, places publiques ou établissements», explique Zehara.

    Pour sa part, le vice-président de l’APC de Constantine, M. Garoucha, qui a présidé la dernière séance susmentionnée, estime que l’adoption d’un nom pour tel endroit ou institution publique demeure tributaire de beaucoup de facteurs, dont les actions réalisées par ces héros de la révolution. Pour en revenir aux noms donnés aux deux nouveaux collèges, «il faut savoir que ces martyrs, pour lesquels on a opté conjointement avec la commission, avaient réalisé des opérations lors de la guerre de Novembre». C’est pour dire que les noms ne sont pas placardés aléatoirement sur les murs. Mais est-ce que l’opération précédant l’appellation des espaces est étudiée profondément ?
    On ne saurait répondre à cette question sans relever quelques défaillances d’ordre «technique», voire d’incompatibilité.

    S’il est des sites historiques auxquels on ne touche pas (Sidi Rached, Sidi M’cid… pour ne citer que ceux là), les correctifs apportés aux autres espaces mériteraient une attention aussi particulière pour que la mémoire collective soit sauvegardée.

    Ces derniers seront ainsi greffés à la bonne adresse, que ce soit au niveau des établissements, des cités ou des places publiques. C’est un véritable travail de fourmi qui devrait être actionné par les commissions pour permettre à chaque nom d’histoire -qu’il soit «révolutionnaire», «culturel» ou historique de prendre racine sanspiétinement. C’est par-dessus tout un devoir de mémoire.

    Par la Tribune
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