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Détournement et arrestation des chefs historiques du FLN

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  • Détournement et arrestation des chefs historiques du FLN

    53e anniversaire du détournement de l’avion transportant des responsables du FLN

    Le 22 octobre 1956, les chefs historiques du FLN furent arrêtés à l’aéroport d’Alger après que l’avion de Royal Air Maroc qui les transportait de Rabat à Tunis pour une conférence maghrébine eut été détourné par les autorités coloniales françaises, Aït Ahmed, Boudiaf, Ben Bella, Khider et Mostefa Lacheraf seront emprisonnés dans l’ancienne métropole jusqu’au lendemain du cessez-le-feu.

    Indépendamment des raisons immédiates qui ont rendu possible le premier acte de piratage de l’histoire de l’aviation civile- et sur lesquelles il y eut maintes spéculations-, un tel événement, replacé dans son contexte historique de la révolution algérienne, a eu des effets désastreux sur la conception future de la conduite de la résistance armée en reléguant au second plan le rôle des politiques au bénéfice des seuls militaires (l’effacement progressif du GPRA et de ses deux présidents successifs, F. Abbas et Benkhedda, face à l’état-major général de Boumediene confirmera malheureusement cette lourde tendance).

    Pourtant, au cours de la même année 1956, deux événements majeurs annonçaient plutôt la conduite d’une révolution alimentée par une conscience patriotique chargée d’idéaux sociaux et démocratiques les plus fascinants. Le 19 mai, des lycéens et étudiants ‘’indigènes’’ ont préféré arrêter les bancs de l’école pour rejoindre la guérilla urbaine et les maquis. Ensuite, trois mois après, ce fut les premières assises de la révolution qui se tinrent en Kabylie pour donner l’armature organisationnelle et les objectifs sociaux et politiques à une insurrection vieille d’à-peine de 22 mois. La tête pensante du congrès de la Soummam, Abane-Ramdane – qui avait mis toutes ses énergies à rassembler, autour du FLN, les autres courants, ulémas, communistes et libéraux – avait pesé de tout son poids pour consacrer les objectifs sociaux et démocratiques de la révolution et faire prévaloir la primauté du civil sur le militaire.

    L’accélération des événements a fait que toutes ces aspirations et ces idéaux ont fini par être écrasés par la roue de l’infortune. Et l’incarcération des leaders historiques, deux mois après le congrès de la Soummam, fait partie de ces malheureux contretemps qui ont coûté cher à la révolution algérienne et même à la période post-indépendance.

    De même, la jeunesse algérienne d’aujourd’hui ne mesurera jamais assez les retards historiques- sur les plans culturel, éducatif, politique et idéologique, générés par la disparition tragique des étudiants et lycéens tués dans les maquis par les forces coloniales ou victimes de la ‘’Bleuite’’ qui avait déstabilisé les rangs de l’ALN. Victime de la révolution ‘’dévoreuse de ses enfants’’, Abane-Ramdane sera assassiné lors d’un guetapens par ses frères à Tétouan (Maroc) le 27 décembre 1956, de même que sera assassiné l’espoir de l’émergence d’une élite civile susceptible de donner au futur Etat algérien une assise sociale et démocratique qui nous aurait épargné les décennies d’errements, d’arbitraire et de pouvoir despotique. L’année 1956 a donc été une année de malchances et d’occasions ratées pour ce que sera l’Algérie d’après 1962. ‘’La dynamique de la révolution algérienne nous apparaît mieux à travers ses résultats. Après une colonisation plus radicale que dans les autres pays du Maghreb, la révolution a produit un régime bureaucratique, autoritaire (…)’’, écrit Mohamed Harbi. La gestion catastrophique de la rente pétrolière, le clientélisme, le conservatisme culturel alimenté par une idéologie arabo-islamique désuète, la montée des périls islamistes et d’autres tares dont nous payons aujourd’hui la facture, sont aussi, quelque part, le prolongement d’une histoire encore trop tourmentée pour qu’elle soit sereinement assumée et définitivement dépassée par la jeunesse d’aujourd’hui.

    Par Amar Naït Messaoud, la Dépêche de Kabylie
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