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États-Unis contre l'Iran: Hold-up sur le marché des combustibles nucléaires

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  • États-Unis contre l'Iran: Hold-up sur le marché des combustibles nucléaires

    Nouvel Ordre Nucléaire Mondial


    États-Unis contre l'Iran: Hold-up sur le marché des combustibles nucléaires




    « Dans les coulisses du jeu diplomatique sur l’Iran, quelques pays veulent former un nouvel ordre mondial. Ils prennent possession du marché mondial des combustibles nucléaires. De nouvelles règles de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) doivent empêcher la venue de nouveaux concurrents. Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Russie, la Chine et le Japon deviendront les stations d’approvisionnement nucléaire du monde. Sous l’égide de l’AIEA ces fournisseurs dicteront les règles, fixeront les prix et détermineront dans quelle monnaie ils voudront être payés. L’Iran est le prétexte et le test pour leurs plans. Les problèmes de l’économie mondiale de demain sont créés aujourd’hui. »




    11. Naissance d’un nouvel ordre mondial

    L’idée de limiter les capacités d’enrichissement aux pays qui en disposent déjà n’est pas nouvelle. Les accusations contre l’Iran, la tromperie réussie des journalistes, politiciens et des diplomates ont créé les circonstances idéales pour hâter la réalisation de ces plans. L’idée apparaissait dans un dépliant des Nations Unies en 2004. [30] A l’époque c’était encore sous forme d’un appel pour un moratoire volontaire et limité dans le temps pour ne pas construire de nouvelles installations d’enrichissement et de traitement d’uranium. En février 2005 l’idée fut développée davantage par l’ONU comme l’Approche Nucléaire Multilatéral, en anglais le Multilateral Nuclear Approach (MNA) [31]. Déjà au mois d ‘avril 2005 l’ambassadeur aux Nations Unies du Japon posait la question « si la NMA ne limitait pas à tort l’usage pacifique de l’énergie nucléaire par des états sans armes nucléaires, qui exécutent leurs activités nucléaires d’une façon fiable et transparente en accord avec leurs obligations dans le cadre du Traité de Non Prolifération. »

    Le 6 février 2006 le Departement of Energy des États-Unis publiait sa version de l’idée dans leur plan pour le Global Nuclear Energy Partnership (GNEP). Le lendemain, à la Conférence Ourai au Japon, ce GNEP est présenté comme une idée du chef de l’AIEA ElBaradei et une proposition de Bush. [32] Et, bien entendu, une telle idée sublime ne doit pas manquer d’éclat. Donc, quelques jours plus tard le DOE se complimente lui-même comme suit : « Finalement la mesure de partenariat entre les états à « cycle de combustibles » et les états à « réacteurs seuls », comme envisagée par le GNEP, participera de la fourniture au monde d’une électricité propre, en offrant aux nations sans cycle de combustibles un accès au combustible nucléaire, intéressant en prix et fiable, en échange de leur obligation de renoncer au développement des technologies d’enrichissement et de recyclage. »

    12. Des éléments inquiétants

    Le nouvel ordre mondial vient sous forme de nouvelles règles de sécurité dans le système de contrôle de l’AIEA. Si nous considérons l’esprit du Protocole Additionnel, nous ne devons pas compter sur des droits égaux ou des rapports honnêtes.

    Parmi les pays du Traité de Non Prolifération seuls les pays à armes nucléaires, plus l’Allemagne, les Pays-bas et le Japon ont des installations d’enrichissement. [33] Les autres membres devraient renoncer à leur droit d’enrichir de l’uranium.

    En échange, ils recevraient la promesse solennelle des pays à armes nucléaires, que ces derniers fourniraient toujours du combustible nucléaire.
    Promesses ? N’était-ce pas ces pays qui, en 1968, avaient promis de démanteler leurs armes nucléaires ? Comme nous savons, ils n’ont toujours pas tenu leur promesse. Pire, la France a développé une nouvelle génération d’armes nucléaires, progressives, qui devrait faciliter le démarrage d’une guerre nucléaire. En 2006 les États-Unis et la France ont encore utilisé leur arsenal nucléaire pour menacer le monde. Et maintenant les pays sans armes nucléaires devraient renoncer à leur droit d’enrichir de l’uranium pour devenir dépendants du club de l’AIEA des fournisseurs de combustibles nucléaires?

    Pour séduire les pays sans armes nucléaires, ce plan promet des prix d’électricité plus bas. Les installations déjà existantes auraient le double de la capacité nécessaire aux besoins mondiaux. En empêchant la construction de nouvelles installations, on pourrait faire un meilleur usage des installations existantes. Et donc le prix de l’uranium enrichi, et avec cela le prix de l’électricité, pourrait baisser… Est-ce que nous devons croire ces paroles ? L’industrie d’enrichissement n’est pas animée par l’intérêt de faire baisser les prix mondiaux d’électricité. Malgré la surcapacité prétextée les Européens s’affairent à étendre considérablement leurs capacités de production au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Allemagne. Ils ambitionnent une part de marché plus grande pour plus de bénéfices ! Et si d’autres compétiteurs ne sont plus admis sur ce marché, cela ne pourra que donner des prix d’uranium enrichi excessifs, et donc de l’électricité.

    Les nouveaux plans prévoient un système de distribution pour les livraisons des combustibles, étroitement régulé et contrôlé. L’AIEA serait l’intermédiaire entre les membres fournisseurs et les membres consommateurs du combustible. A première vue cela peut sembler une construction fiable, puisque l’AIEA est un organe de l’ONU. Cependant, l’AIEA est également le policier dans le système. Il n’est pas sage de laisser les policiers commercer avec les partis qu ‘ils doivent inspecter. En outre, l’ONU n’est pas un genre de gouvernement intègre, qui serait capable de garantir l’impartialité de ses policiers.

    Les plans pour le système de distribution prévoient des stocks nationaux minimaux et des stocks tampons collectifs dans différents pays « hôtes ». Étrange, n’est-ce pas ? Le but des stocks minimaux à l’intérieur des pays ne peut guère être défendu comme une mesure de sécurité. Même avec des stocks gigantesques d’uranium enrichi à 3 – 5 pourcent on ne peut fabriquer une arme nucléaire. Pourquoi l’AIEA voudrait-elle, que des pays ne disposent que de stocks minimaux ? Il n’y a qu’une réponse plausible à cette question: pour tenir ces pays en tenaille. Cela fait beaucoup de pouvoir pour notre chien de garde nucléaire. Ce pouvoir va bien plus loin que nécessaire pour ces inspections. C’est du pouvoir pur pour mettre hors jeu la souveraineté des nations. Quand une nation fait quelque chose, que le chien ou son maître ne veut pas, le robinet de combustible peut simplement être fermé pour obtenir la soumission immédiate. Ceci sent la dictature au niveau mondial.

    Et bien entendu, les fournisseurs de combustible ne seront jamais dupes. Ceux-ci produisent leur propre combustible nucléaire.

    En théorie, le maître de l’AIEA c’est l’ONU. Mais est-ce que cela fonctionne ainsi dans la pratique ? L’AIEA a une tâche difficile, parce qu’elle doit tenir compte des tensions et des conflits d’intérêt entre les membres du Traité de Non Prolifération. L’indépendance de l’AIEA à l’égard des intérêts nationaux se trouve en permanence sous pression. Son budget limité l’oblige à faire des choix, qui sont influencés par les conflits qui ont lieu. Pendant l’embargo contre l’Irak, nous avons vu comment l’AIEA a été mise sous pression par Bush, qui exigeait chaque fois plus de contrôles et des plus intensifs. Chaque fois à nouveau le chien de garde était envoyé pour être certain que l’Irak pouvait être envahi sans danger. Bien que l’AIEA soit obligée de garder toutes les informations de ses inspections confidentielles, l’armée des États-Unis recevait ces informations confidentielles en permanence et s’en servait pour préparer l’invasion de l’Irak. (Et, finalement, au moment de l’invasion les États-Unis mettaient l’ONU hors jeu.)

    Nous observons la même chose pendant les inspections de l’AIEA en Iran. Bush crie, et le chien court après le bâton.

    Les règles du nouvel ordre mondial sont présentées comme « une idée de ElBaradei et une proposition de Bush. » On peut croire que les deux projets, le Multi-National Approach (NMA) de l’AIEA et le Global Nuclear Energy Partnership (GNEP) de Bush, se fondront en une seule version dictée par les États-Unis.

    Bien entendu, c’est un coup de maître stratégique d’avoir prise sur tous les pays sans armes nucléaires, dès qu’ils ont recours à l’énergie nucléaire. Mais il y a encore beaucoup plus d’avantages pour les fournisseurs de combustible nucléaire. Sous l’égide de l’AIEA le marché sera entièrement régulé. Tous les producteurs coopèreront ensemble dans les mêmes organisations et seront intéressés d’avoir le bénéfice le plus élevé possible. Ensemble ils fixeront le prix du combustible nucléaire. Tout comme maintenant les prix du pétrole sont fixés sur les marchés de l’IPE et du NYMEX, les prix du combustible nucléaire seront fixés par une petite élite.

    Nous voilà arrivés à un point important. Le combustible nucléaire devra être payé. La question est de savoir, en quelle monnaie (ou quelles monnaies) les clients devront régler ? Ces monnaies seront les plus demandées au monde. On peut le comparer au dollar d’aujourd’hui.

    Il semble que ces monnaies n’aient pas encore été décidées. Mais, si chaque fournisseur veut être réglé dans sa propre monnaie, la demande mondiale de yens japonais, de Yuan renmimbi chinois, de roubles russes, de pounds anglais et de dollars des USA augmentera. Probablement qu’il s’établira un ordre de préférence, lié à la quantité de combustible nucléaire, que chacun des producteurs pourra livrer. Chacun de ces pays connaîtra les avantages liés à la livraison payée dans sa propre monnaie à l’étranger. Bien entendu, à la longue, il connaîtra également les effets négatifs sur sa propre économie, et, après quelques décennies laissera sa monnaie s’écrouler pour se libérer des dettes extérieures gigantesques. C’est ce qui peut arriver lorsque chaque fournisseur demande le paiement dans sa propre monnaie.

    Cependant, le fait que le projet mentionne, que l’AIEA devrait devenir l’intermédiaire entre fournisseurs et clients, peut vouloir dire, que l’AIEA décidera de la monnaie de paiement. Bush espère sans aucun doute, que ce sera le dollar-US. Si le combustible nucléaire doit être réglé exclusivement en dollars, la demande de dollars, et avec cela l’hégémonie des États-Unis, sera assurée encore pour des décennies.

    Suite...
    Dernière modification par sako, 24 octobre 2009, 18h25.

  • #2
    13. Le théâtre de l’ONU

    Avec un projet pour un nouvel ordre mondial, préparé discrètement dans les coulisses, nous avons maintenant une alliance anti-Iranienne des États-Unis et de l’E3. Ils sentent l’opportunité d’un coup pour prendre possession du marché mondial des combustibles nucléaires. Pour réussir, il leur suffit de trouver une sauce légale sur la prohibition de l’enrichissement de l’uranium, avec l’Iran comme exemple. Et une résolution du Conseil de Sécurité des Nations serait suffisante, si celle-ci approuve l’opinion de l’AIEA, que cette dernière peut interdire l’enrichissement à des pays.

    Évidemment, dans ce cas, l’Iran ne pourrait plus rester dans le Traité de Non-Prolifération. Pour réussir, les Etats-Unis et l’E3 devront procéder prudemment pour éviter que l’Iran quitte le TNP avant qu’une résolution ait été conclue. Car, si l’Iran quitte le Traité avant cette résolution, il n’y a plus de raison pour une résolution. En effet, les pays qui ne font pas partie du Traité de Non Prolifération, comme Israël, l’Inde, le Pakistan, Cuba et le Brésil, sont libres d’enrichir de l’uranium et de faire ce qu’ils veulent.


    La Russie et la Chine, finiront-ils par participer au hold-up au détriment de l’Iran?

    Si le hold-up des états à armes nucléaires réussit, il y aurait probablement des tensions énormes au sein du Traité de Non-Prolifération. L’organisation pourrait perdre toute sa crédibilité et voir partir beaucoup de membres sans armes nucléaires. Le résultat pourrait bien être à l’opposé du but recherché par le Traité.


    Développements depuis cette publication

    Mai 2007: La Russie a signé un accord avec les Etats-Unis, la Chine, la France et le Japon pour explorer une coopération pour le développement de programmes nucléaires civils dans le monde. Le gouvernement des E-U a passé une loi pour la création d'une banque internationale de carburants nucléaires. [34]

    Planetenonviolence : Mai 2006/Avril 2007
    Dernière modification par sako, 24 octobre 2009, 18h26.

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    • #3
      Moralité, seuls les pays avertis comme Israël, l’Inde et le Pakistan n’ont pas signé le traité de non prolifération nucléaire afin de garder les mains libres et échapper à tout control.

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