La RASD appelle les réfugiés sahraouis à repeupler leur territoire
Expédition en terrain miné
Tenter une expédition dans les territoires sahraouis libérés n’est pas du tout sans risques autant pour les étrangers que pour les Sahraouis eux-mêmes. Désertique et inhospitalier, ce morceau de territoire arraché de haute lutte par le Front polisario des griffes du Maroc et de la Mauritanie durant les années 1970 est en effet parsemé de dangers. En plus d’être exposé aux périls propres à tous les déserts (morsures de scorpions ou de serpents, chaleur suffocante, etc.), le voyageur se rend assez vite compte que les territoires sahraouis libérés demeurent un terrain de conflit où il est recommandé de savoir où poser les pieds.
Tifariti et Lajwad (Territoires sahraouis libérés) : De notre envoyé spécial
La remarque vaut surtout à proximité du mur dit de la « honte » long de 2700 km érigé par Rabat, entre 1980 et 1987, pour repousser les offensives des combattants sahraouis. Equipé de radars et protégé par des barbelés, ce mur est aujourd’hui surveillé par près de 150 000 hommes. Une bande de plusieurs centaines de mètres de champs de mines est conçue aussi pour en empêcher l’accès. Les victimes des 7 millions de mines anti personnelles semées par l’armée coloniale marocaine se comptent aujourd’hui par centaines, parmi lesquelles des dizaines d’enfants. Inutile de dire qu’il faut des années et des millions de dollars pour parvenir un jour à déminer la région. Une région qui, bien que rude, regorge de magnifiques paysages rougeâtres (la couleur est due à une forte présence de fer) et de montagnes aussi insolites que majestueuses comme celles qui ceinturent les régions de Mijek et d’Aghwinit, dans le sud du Sahara occidental.
« Ok, nous allons nous arrêter mais ne tardez pas trop. Prenez-vite vos photos et partons. Faites gaffe, ce n’est pas un jeu. C’est vraiment dangereux. Ne marchez pas sur là où il y a les petites bosses et là où le sol a tendance à s’éclaircir. Ce sont des mines antipersonnelles. Beaucoup y ont laissé leur peau ici. Il faut vraiment être un connaisseur pour évoluer sur ce genre de terrain », avertit, le front tout en sueur, Loud, notre chauffeur a qui nous venions de demander de nous laisser prendre en photo le mur sur lequel étaient visibles les sentinelles marocaines. Malgré les risques encourus, Loud, un ancien combattant sahraoui qui a passé plusieurs années au front, ne se gêna pas, histoire de narguer ses ennemis et de les mettre sur les nerfs, de se défouler avec le klaxon de sa Toyota.
Tifariti, une ville pour les réfugiés sahraouis
Le mur de la honte qui serpente du nord au sud le Sahara occidental et les mines antipersonnelles ne sont pas les seuls vestiges de la terrible guerre qui a opposé, des années durant, les Sahraouis aux Marocains et aux Mauritaniens. Tout le long des 350 km qui séparent les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf de Tifariti, une localité située à l’intérieur des territoires sahraouis libérés, des obus de chars et des composants de bombes larguées depuis des bombardiers jonchent la route. A Tifariti même, les débris encore intacts d’un hélicoptère de combat marocain abattu par les combattants sahraouis sont exposés à l’entrée d’une demeure bâtie en terre cuite servant d’abris aux délégations de passages. « Malgré nos moyens limités à l’époque, nous leur (les soldats marocains) avons flanqué une bonne tannée. Aujourd’hui encore, ils pensent que nous avons peur de leur mur.
Qu’ils s’ôtent cette idée de la tête. Nous avons formé de jeunes combattants prêts à se sacrifier et qui peuvent traverser leur mur les yeux fermés. Nous connaissons leurs points faibles », déclare fièrement un vétéran sahraoui rencontré à Lajwad, une région volcanique située à 600 km au sud-ouest de Tifariti, où s’est tenue le 12 octobre une rencontre des tribus sahraouies réfugiées dans les pays du Sahel. C’est d’ailleurs à cette occasion que le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a demandé aux réfugiés sahraouis de venir repeupler les territoires sahraouis libérés. Tifariti, qui ressemble en tous points aux bases de vie que les compagnies pétrolières érigent généralement dans le sud, est pour ainsi le seul endroit urbanisé des territoires sahraouis libérés. Du moins pour le moment. Pour encourager justement les réfugiés sahraouis et les tribus nomades à s’y établir, le gouvernement de la RASD a commencé récemment à y construire des maisons, une école et quelques autres infrastructures nécessaires à la vie en plein désert. Un semblant d’activité commence d’ailleurs à y être perceptible. Sinon, partout ailleurs, c’est le désert, à une exception près.
Et cette exception à pour nom Bir Lahlou, un petit patelin se trouvant à mi-chemin entre Tindouf et Tifariti qu’on croirait avoir été conçu spécialement pour les besoins du tournage de Mad Max ou d’un film de science fiction à l’univers impitoyable et au paysage lunaire. Là-bas, tout, mais alors absolument tout, est construit avec des tôles de fer ou d’acier. Une véritable petite ville de fer où il est possible de réparer un pneu crevé ou de se ravitailler en vivres avant de s’engouffrer dans le désert. Pour gagner Lajwad (l’endroit se trouve à 1000 km de Tindouf. Il faut deux à trois jours de route pour y arriver) où nous devions nous rendre, il a fallu traverser par deux fois un bout du territoire mauritanien. Dans ce genre de situation, il n’est bien évidemment pas nécessaire de disposer d’un passeport. Les Sahraouis qui jouissent d’une grande respectabilité dans la région savent ouvrir bien des portes.
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Expédition en terrain miné
Tenter une expédition dans les territoires sahraouis libérés n’est pas du tout sans risques autant pour les étrangers que pour les Sahraouis eux-mêmes. Désertique et inhospitalier, ce morceau de territoire arraché de haute lutte par le Front polisario des griffes du Maroc et de la Mauritanie durant les années 1970 est en effet parsemé de dangers. En plus d’être exposé aux périls propres à tous les déserts (morsures de scorpions ou de serpents, chaleur suffocante, etc.), le voyageur se rend assez vite compte que les territoires sahraouis libérés demeurent un terrain de conflit où il est recommandé de savoir où poser les pieds.
Tifariti et Lajwad (Territoires sahraouis libérés) : De notre envoyé spécial
La remarque vaut surtout à proximité du mur dit de la « honte » long de 2700 km érigé par Rabat, entre 1980 et 1987, pour repousser les offensives des combattants sahraouis. Equipé de radars et protégé par des barbelés, ce mur est aujourd’hui surveillé par près de 150 000 hommes. Une bande de plusieurs centaines de mètres de champs de mines est conçue aussi pour en empêcher l’accès. Les victimes des 7 millions de mines anti personnelles semées par l’armée coloniale marocaine se comptent aujourd’hui par centaines, parmi lesquelles des dizaines d’enfants. Inutile de dire qu’il faut des années et des millions de dollars pour parvenir un jour à déminer la région. Une région qui, bien que rude, regorge de magnifiques paysages rougeâtres (la couleur est due à une forte présence de fer) et de montagnes aussi insolites que majestueuses comme celles qui ceinturent les régions de Mijek et d’Aghwinit, dans le sud du Sahara occidental.
« Ok, nous allons nous arrêter mais ne tardez pas trop. Prenez-vite vos photos et partons. Faites gaffe, ce n’est pas un jeu. C’est vraiment dangereux. Ne marchez pas sur là où il y a les petites bosses et là où le sol a tendance à s’éclaircir. Ce sont des mines antipersonnelles. Beaucoup y ont laissé leur peau ici. Il faut vraiment être un connaisseur pour évoluer sur ce genre de terrain », avertit, le front tout en sueur, Loud, notre chauffeur a qui nous venions de demander de nous laisser prendre en photo le mur sur lequel étaient visibles les sentinelles marocaines. Malgré les risques encourus, Loud, un ancien combattant sahraoui qui a passé plusieurs années au front, ne se gêna pas, histoire de narguer ses ennemis et de les mettre sur les nerfs, de se défouler avec le klaxon de sa Toyota.
Tifariti, une ville pour les réfugiés sahraouis
Le mur de la honte qui serpente du nord au sud le Sahara occidental et les mines antipersonnelles ne sont pas les seuls vestiges de la terrible guerre qui a opposé, des années durant, les Sahraouis aux Marocains et aux Mauritaniens. Tout le long des 350 km qui séparent les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf de Tifariti, une localité située à l’intérieur des territoires sahraouis libérés, des obus de chars et des composants de bombes larguées depuis des bombardiers jonchent la route. A Tifariti même, les débris encore intacts d’un hélicoptère de combat marocain abattu par les combattants sahraouis sont exposés à l’entrée d’une demeure bâtie en terre cuite servant d’abris aux délégations de passages. « Malgré nos moyens limités à l’époque, nous leur (les soldats marocains) avons flanqué une bonne tannée. Aujourd’hui encore, ils pensent que nous avons peur de leur mur.
Qu’ils s’ôtent cette idée de la tête. Nous avons formé de jeunes combattants prêts à se sacrifier et qui peuvent traverser leur mur les yeux fermés. Nous connaissons leurs points faibles », déclare fièrement un vétéran sahraoui rencontré à Lajwad, une région volcanique située à 600 km au sud-ouest de Tifariti, où s’est tenue le 12 octobre une rencontre des tribus sahraouies réfugiées dans les pays du Sahel. C’est d’ailleurs à cette occasion que le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a demandé aux réfugiés sahraouis de venir repeupler les territoires sahraouis libérés. Tifariti, qui ressemble en tous points aux bases de vie que les compagnies pétrolières érigent généralement dans le sud, est pour ainsi le seul endroit urbanisé des territoires sahraouis libérés. Du moins pour le moment. Pour encourager justement les réfugiés sahraouis et les tribus nomades à s’y établir, le gouvernement de la RASD a commencé récemment à y construire des maisons, une école et quelques autres infrastructures nécessaires à la vie en plein désert. Un semblant d’activité commence d’ailleurs à y être perceptible. Sinon, partout ailleurs, c’est le désert, à une exception près.
Et cette exception à pour nom Bir Lahlou, un petit patelin se trouvant à mi-chemin entre Tindouf et Tifariti qu’on croirait avoir été conçu spécialement pour les besoins du tournage de Mad Max ou d’un film de science fiction à l’univers impitoyable et au paysage lunaire. Là-bas, tout, mais alors absolument tout, est construit avec des tôles de fer ou d’acier. Une véritable petite ville de fer où il est possible de réparer un pneu crevé ou de se ravitailler en vivres avant de s’engouffrer dans le désert. Pour gagner Lajwad (l’endroit se trouve à 1000 km de Tindouf. Il faut deux à trois jours de route pour y arriver) où nous devions nous rendre, il a fallu traverser par deux fois un bout du territoire mauritanien. Dans ce genre de situation, il n’est bien évidemment pas nécessaire de disposer d’un passeport. Les Sahraouis qui jouissent d’une grande respectabilité dans la région savent ouvrir bien des portes.
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