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Nés un 90

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  • Nés un 90

    Que faire des enfants d'une guerre ? Les prendre pour des enfants en leur disant que la guerre n'a jamais eu lieu, selon la recette du Régime. On ne le répètera jamais assez puisqu'on fait tout pour l'oublier : derrière les émeutes, le nihilisme tourné vers la mer, la cupidité collective, le glissement du Régime vers la vocation du corsaire, il y a la facture de la décennie 90. On ne l'a pas soldée. On ne veut même pas la reconnaître. Selon les plus perspicaces, les Algériens dans le pays profond peuvent vous raconter la descente d'un régiment de paras français, dans leur région, avant leur naissance mais pas parler de la décennie 90. Et, pourtant, il s'agissait bien d'une guerre et chaque guerre donne naissance à deux choses : des morts et des enfants de morts. Les premiers, on les vend, on les achète, on les monnaie ou on les honore. Les seconds, on n'arrivera jamais à s'en débarrasser par un référendum ou par un festival de danses de ventre. Ils sont là, sans âge, vous regardent et sont différents de vous : ils ont plus d'années et des logiques plus acérées et une rangée de dents en plus. Là où vous parlotez encore de principes, eux savent que la vie est courte, qu'ils doivent se battre pour manger la gazelle et courir plus vite pour ne pas se faire attraper. Regardez les yeux de vos enfants lorsqu'ils ne vous regardent pas et lorsqu'il ont entre quinze et vingt ans. A côté, vous avez l'air de systèmes herbivores. Et c'est de cela qu'on ne parle jamais en Algérie: la seconde guerre d'Algérie et ses enfants des années 90.

    D'où, toute la myopie en conséquence : celle qui persiste à croire que l'on peut expliquer les topiques psychologiques algériennes à partir de 1962 ou 1954, alors qu'il s'agit d'un crime à la datation plus récente: 1990. C'est à partir de cette date qu'il faut reprendre l'histoire. C'est pendant cette décennie que tout s'est clarifié comme sous l'éclairage au néon d'une morgue: le régime a avoué être un régime de voleurs, le public a basculé vers les ablutions, les intellectuels vers l'amertume et la pomme de terre vers le règne des fruits. Il ne restera alors que les enfants des années 90. Pour prendre en charge leur filiation malmenée, que fait-on pour eux ? On les habille de tabliers roses et bleus et on leur propose un circuit fermé entre l'ENTV et la mosquée jusqu'à ce qu'ils trouvent une chaloupe ou une femme et un logement. Contrairement à ce que l'on croit, ce n'est pas Bouteflika qui incarne le mieux le système DZ, mais Benbouzid, le ministre de l'Education et de l'idéologie d'Etat en photocopieuse. Benbouzid n'est pas un ministre dont la survie est énigmatique mais une sorte de symbole pour incarner ce que le régime refuse réellement : changer, avoir des enfants sains, céder la place, accepter la laïcité comme contrat social, vendre le nationalisme mais plus sous la forme de pilules et grandir dans un monde grand, tolérant, ouvert sur le monde, éclairé par une femme et parlant mille langues vivantes au lieu d'une seule, morte mais encore capable de nous enterrer vivants.

    Et c'est cela le drame le plus profond avec les apparences de l'émeute la plus anodine : les enfants de la décennie 90 sont toujours les enfants de la décennie 90 mal soldée. Ils sont orphelins et on refuse de les reconnaître comme tels. Ils ne sont pas orphelins mais les enfants d'un Etat sous la forme d'un Père violent et d'une mère sous la forme d'une terre sans seins et sans lait. Ils ne sont pas des enfants mais des vétérans. Ils sont.

    par Kamel Daoud
    Le Quotidien D'Oran

  • #2
    le drame c'est pas les jeunes nées en 90 .
    c'est touts personnes ayant au moins 17 ans .......ceux qui avait 20 ans a l'époque ont 39 ans aujourd'hui ......je veux pas généralisé mais , leurs "jeunesse" a été un "un peut dur"
    وقد طوَّفتُ في الآفاق حتى رضيتُ من الغنيمة بالإيابِ

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    • #3
      Oui, les pauvres ils sont perdus. Les fanatiques les ont obligé à vivre une vie vide. Ils ont brulé les écoles où ils devaient s'instruire, saccagé les lieux de sport où ils devaient s'émanciper. Tué les proffesseurs porteurs d'espoir pour ces jeunes. Ils ont tué cette jeunesse nés dans les années 80 et 90. Ils les ont forcé à ne fréquenter que l'obscurité personnifiée dans des gens venus d'ailleurs, "les talibans algeriens".
      Malheureusement, et malgré ce garnd sacrifice, ils (islamistes) ne veulent pas cédé, ils persistent dans leur logique.

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      • #4
        Et bien!
        Je suis d'accord avec bouberita, les jeunes de ma génération n'ont pas été autant touché que la génération des années 80... qui eux ont "ouvert" les yeux pendant la catastrophe...

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