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Shakespeare a-t-il écrit ses pièces seul ?

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  • Shakespeare a-t-il écrit ses pièces seul ?

    • La discussion touche un point sensible de la fierté britannique. Le Times révèle qu’un logiciel a prouvé qu’une pièce de 1596 avait été écrite à quatre mains.

    Révélé par Alec Cobbe en mars 2009, ce portrait serait le seul portrait de Shakespeare réalisé de son vivant.



    Les spécialistes de Shakespeare se déchirent depuis toujours sur la paternité des œuvres de l’artiste de Startford-upon-Avon. La rareté des documents historiques et certaines invraisemblances dans sa biograhie alimentent des thèses plus ou moins farfelues. Près d’une cinquantaine d’auteurs sont candidats au rôle de plumes de Shakespeare ! Une des hypothèses les plus sérieuses désigne le philosophe Francis Bacon comme auteur des pièces attribuées à Shakespeare. En marge de ces polémiques, on définit le canon shakespearien par l’ensemble des œuvres dont l’authentification est indiscutable. Le classement de référence de l’œuvre de Shakespeare remonte à 1623, date de parution du Folio, première édition complète des pièces dans un même volume. Ce classement définit trois catégories d’œuvres - tragédies, comédies et pièces historiques – et suit l’ordre chronologique de publication.


    Depuis quatre siècles, on débat pour savoir si Shakespeare est ou non l’auteur d’une pièce sur Edouard III, publiée de façon anonyme en 1596. Ce mystère persistant pourrait avoir été résolu grâce à un logiciel conçu, à l’origine, pour déceler les plagiats.

    Spécialiste de Shakespeare à l’Institute of English Studies de l’université de Londres, Sir Brian Vickers estime que la comparaison des formulations utilisées dans Le Règne du roi Edouard III avec celles que l’on trouve dans les premières œuvres de Shakespeare permet d’établir que celui que les Anglais surnomment le Barde a corédigé la pièce avec Thomas Kyd, l’un des auteurs de théâtre les plus célèbres de son époque.

    Pour comparer le langage utilisé dans Edouard III avec celui d’autres pièces de la même période, le professeur a eu recours au logiciel Pl@giarism que l’université de Maastricht a développé afin de déceler d’éventuelles tricheries dans les travaux des étudiants.

    Il s’est aperçu que les auteurs de théâtre utilisaient souvent le même schéma de discours, ce qui signifie qu’ils laisseraient sur le texte une sorte d’ "empreinte digitale" linguistique. Le logiciel identifie des séquences de trois mots ou plus dans les textes authentifiés d’un auteur, puis cherche à les retrouver dans des œuvres non attribuées. Lors de tests effectués sur des textes dont on sait avec certitude qu’ils ont été écrits par deux écrivains différents, la recherche donne une vingtaine de formulations identiques du fait de l’occurrence répétée de certaines expressions courantes. Mais lorsqu’on a comparé Edouard III avec des œuvres de Shakespeare publiées avant 1596, la recherche a généré 200 occurrences identiques. "On peut trouver de dix à vingt formulations identiques dans deux œuvres écrites par deux auteurs différents, souligne Sir Brian. L’ordinateur sélectionne des séquences de trois mots qui peuvent être des expressions grammaticales courantes. Mais quand vous tombez sur des métaphores identiques ou sur les mêmes formulations inhabituelles, c’est tout à fait différent."

    Chez Shakespeare, les correspondances figurent dans quatre scènes qui représentent à peu près 40 % de la pièce. Les autres scènes recèlent environ 200 correspondances avec d’autres œuvres de Kyd, surtout connu pour être l’auteur de La Tragédie espagnole, une pièce dont on sait qu’elle a influencé Shakespeare. Ce nombre élevé de similitudes prouve qu’il est l’auteur des 60 % restants d’Edouard III.

    L’hypothèse selon laquelle Shakespeare aurait participé à la rédaction d’Edouard III était débattue depuis environ 150 ans mais ce n’est que récemment qu’elle s’est peu à peu imposée. "Quand vous avez 200 correspondances, il n’y a plus guère de doutes, observe Sir Brian. On voyait bien que certaines scènes étaient très shakespeariennes, mais personne ne comprenait pourquoi on y trouvait des vers qui, de toute évidence, n’étaient pas de la main du Barde. Il y a une très grande différence de qualité entre les deux auteurs." D’après Sir Brian, si le mystère a perduré aussi longtemps, c’est que certains universitaires se refusaient à croire que Shakespeare ait pu collaborer avec d’autres auteurs à ce moment de sa carrière. "Du moment que Shakespeare avait déjà été consacré comme le Barde, ils se demandaient pourquoi il aurait cherché à collaborer avec un autre."

    "Je reste sceptique, déclare quant à lui Stanley Wells, président du Shakespeare Birthplace Trust. Je ne pense pas que nous soyons arrivés à un stade où ce genre d’investigations par ordinateur soit à même de prouver qui est l’auteur d’une œuvre. Il est difficile de juger des résultats sans avoir effectué soi-même les recherches. En réalité, tout cela procède de la volonté de considérer Shakespeare non comme un génie, un homme surpassant tous les autres, mais de le voir comme un dramaturge ordinaire collaborant avec tout un chacun. On le ramène à un simple auteur parmi d’autres, au lieu de reconnaître la stature quasi divine de ce personnage exceptionnel."

    Jonathan Bate, qui enseigne le théâtre de Shakespeare et la littérature de la Renaissance à l’université de Warwick, estime en revanche que "cela donne une image plus réaliste de Shakespeare que la vision romantique de génie solitaire que certains ont de lui".

    Jack Mavern
    The Times
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