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Ces pieds-rouges à qui l’Algérie doit tant

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  • Ces pieds-rouges à qui l’Algérie doit tant

    «Un beau jour, l’avenir s’appelle le passé/ C’est alors qu’on se tourne et qu’on voit sa jeunesse.» C’est par ces vers d’Aragon que débute le livre de Catherine Simon, grande reporter au Monde, consacré à ces Français qui se sont engagés pour l’indépendance nationale et dont la participation à la reconstruction du pays a été par certains aspects décisive (1).

    Le moins qu’on puisse dire est que ce livre-enquête retrace un pan de l’histoire du pays qui dérange surtout les tenants d’une vision aseptisée de l'histoire. Il tombe à point nommé.

    «Venus d’Europe le plus souvent, de France surtout, ceux qu’on appellera les “pieds rouges”, forment une nébuleuse inédite, sorte de pieds- noirs à l’envers, ramant à contre-courant de l’opinion française dominante de l’époque», écrit la journaliste. Ces hommes et ces femmes étaient «communistes, trotskystes, chrétiens, insoumis ou déserteurs», exerçant différents métiers — ingénieurs, ouvriers qualifiés, techniciens, enseignants, médecins. Engagés, ils l’ont été sans calcul. Ils sont derrière la création des premières usines de fabrication d’armes de l’ALN au Maroc, avant de mettre leur savoir-faire au service de l’Algérie indépendante.

    En 1962, ceux qui sont entrés au pays dans les fourgons de l’ALN, et ceux qui y sont venus clandestinement durant la période de cessez-le-feu et des tueries de l’OAS, découvrent un pays exsangue.

    Le million de pieds-noirs partis, l’Algérie ne disposait que de 33 ingénieurs, de 315 agents techniques, de peu d’enseignants, peu de médecins et pas du tout d’infirmières. Il n’y avait que 14% d’enfants scolarisés. 85 % des Algériens étaient analphabètes. Le nombre d’étudiants algériens ? A peine quelques centaines. Qui plus est, l’OAS avait incendié la bibliothèque de l’Université d’Alger (500 000 livres dont des manuscrits arabes inédits partis en fumée), détruit les quatre cinquièmes des classes, les équipements des hôpitaux et des cliniques. A quoi s’ajoutent, selon la Croix- Rouge, ces 2,5 millions d’enfants atteints de tuberculose et de rachitisme !

    En résumé, l’Algérie de 1962 manquait absolument de tout. Sans faire de bruit, ces pieds-rouges se sont investis. A Alger, Constantine, Oran et dans les coins les plus reculés du pays. Pendant le cessez-le- feu — j’en ai été témoin — ils ont assuré des cours de rattrapage aux petits algériens dans des classes de fortune, aux lycéens de passer le bac, avant d’aider à assurer la rentrée scolaire et universitaire de 1962-1963.
    Ils ont ouvert des classes, formé à tour de bras des éducateurs, des infirmiers et des infirmières, créé des instituts de formation de techniciens de la santé, assuré le fonctionnement des hôpitaux.

    Ils ont permis à la machine administrative de redémarrer. Ils ont contribué à la relance du cinéma, aidé à la création de la cinémathèque, des premiers cinés populaire, en un mot, ils ont évité au pays de sombrer.

    Et certains, comme George Chatain, le caricaturiste Siné, ont fait partie du premier noyau de journalistes de Révolution africaine. Eugénie Dubreuil a été professeur d’histoire de l’art à l’Ecole des beaux-arts. Jacques Charby a travaillé à la radio, la future Chaîne III, animant une émission (engagée) de variétés… D’autres, issus de l’extrême gauche, ont été conseillers de Ben Bella. Et puis, il y avait ces milliers d’anonymes qui ont essaimé l’Algérie profonde…

    Ces femmes et ces hommes n’ont pas été récompensés comme il se doit.

    Après le coup d’Etat de 1965, «l’Algérie est alors pressée de se débarrasser des socialistes en peau de lapin», écrit Catherine Simon avant d’ajouter : «On est jamais reconnaissant envers ses immigrés (…), la France en sait quelque choseso». L’aventure de ces pieds-rouges prend fin en 1969, année du premier Panaf. Désabusés, déçus, ces «pieds-rouges» l’ont été. Et à juste raison. Mais certains comme Jacques Charby, Simon Blumenthal, Claude Vinci, Hélène Cuenat et tant d’autres, avaient repris le combat quand l’Algérie faisait face au terrorisme islamiste. 2003-06, les mêmes étaient là quand le pouvoir s’est attaqué aux journalistes et à la liberté d’expression.

    (1) Algérie, les années pieds-rouges de Catherine Simon. Paris, Editions la Découverte. 22 euros.

    Par Hassane Zerrouky, Le soir

  • #2
    une grosse injustice que l'algerie a commis envers ces hommes et femmes .. une grosse honte surtt envers ceux qui sont allé jusqu'au sacrifice supreme .. certains dit revolutionnaires algeriens en plus d'etre des imbeciles sans vision sont aussi racistes xenophobes tt simplement .
    en verité ...en verité... je vous le dis .. si un grain de blé tombe en terre et ne meurt pas ,il restera seul , mais s'il meurt ,il donnera beaucoup de fruits . evangile

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    • #3
      une fois j'ai vu un tres beau reportage portant sur Henri Alleg, et je dois dire qu'il y a des gens qui furent des oubliés de la révolution, c'est un peu le cas de toutes les revolutions helas...

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