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L'antique Sour El Ghozlane en pleine mutation

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  • L'antique Sour El Ghozlane en pleine mutation

    Depuis que le bruit a circulé de façon insistante sur la possibilité de promotion en wilaya-déléguée de la daïra de Sour El Ghozlane, les langues se sont déliées pour dire “la frustration” historique de certains habitants de la cité. La ville a toujours eu, dans ce vieux projet, une rivale de poids : la ville de Bousaâda qui fait valoir depuis longtemps son charme, son histoire et son envergure pour prendre sous ses ailes le couloir de la RN 8 séparant les deux cités.

    Les dernières indiscrétions émanant du ministère de l’Intérieur réconfortent apparemment les deux protagonistes puisque les deux villes sont citées comme futurs chefs-lieux de wilaya-déléguées.

    A 32 kilomètres du chef-lieu de wilaya de Bouira, la ville de Sour El Ghozlane donne l’impression, en cette fin de mois d’octobre, de sortir de sa torpeur et la poussière dans lesquelles elle s’est morfondue pendant tout l’été. Autour de cette ville de quelque quarante mille habitants par laquelle s’ouvrent les Hauts-Plateaux du centre, l’automne ensoleillé semble ravir ses couleurs au printemps.

    Jouxtant les peupliers qui garnissent les berges de l’oued Lakhal, les champs de blé et les vergers, par leur verdure et leur floraison, donnent un éclat souriant au paysage. Ici, l’espace rural n’est pas loin du centre-ville.

    A Becouche, Aïn Ameur, Oued Feham, Ilaouch El Ousfane, soit à peine trois kilomètres du cœur de la ville, commencent les bourgades et les hameaux qui entourent le périmètre urbain. Mieux encore, la belle pinède de Harhara, forêt suburbaine qui abrite la mythique maison forestière appelée Aïn Tebib, n’est qu’à 2 km du quartier Bouchlaghem.

    En plus des aménagements urbains, la ville reçoit d’autres projets de développement dont la plupart sont inscrits dans le programme Hauts-Plateaux : un tribunal flambant neuf, un projet de réhabilitation des remparts de la ville et de l’ancienne caserne, construction d’un hôpital psychiatrique, station de traitement des eaux usées sur la route de Aïn Bessem réceptionnée il y a quelques mois, un programme d’habitat très consistant toutes formules confondues... etc. Sur la RN 8 (Alger-Bousaâda), une file de camions collés les uns aux autres serpente le long de la pente qui mène vers le col de Dirah.

    Depuis quatre ans, ce genre de spectacle est devenu quotidien. D’immenses bouchons se forment de jour comme de nuit. Les poids lourds sont chargés de ciment (la cimenterie de Sour El Ghozlane est à 5 km de la ville sur le CW 127).

    Mais, ils sont souvent aussi chargés de gravier ou de sable acquis auprès des carrières d’agrégats installées dans le périmètre d’El Hachimia. D’autres camions ramènent de la brique de Bousaâda pour les chantiers de bâtiment du Nord ou de la carotte produite dans le fertile périmètre agricole de Maâdher. En tout cas, les encombrements sur les deux routes (RN 8 et CW 123) sont devenus légendaires. A neuf heures du matin, la place publique, enserrée entre le jardin municipal et la mosquée, grouille déjà de monde. Des jeunes et des vieux investissent les lieux, qui en s’adossant au mur d’un café, qui en se tenant debout comme un “i” au centre de la place. Un ami, regardant la scène d’assez loin me fait remarquer que ce spectacle ressemble fortement à une préparation aux émeutes telles celles qui se déroulent un peu partout sur le territoire national.

    Une cité en pleine mutation

    La ville de Sour El Ghozlane est connue depuis la plus haute antiquité. Sous les romains, elle s’appelait Auzia. Les pierres tombales qui ornaient les sépultures des princes et notabilités romaines sont toujours là. Elles garnissent le jardin de l’ancienne sous-préfecture et les allées du jardin de la Pépinière. En 1854, les Français ont construit des remparts de défense percés de meurtrières et ponctués de 4 portes portant les noms des villes vers lesquelles elles sont dirigées : porte d’Alger, de Sétif, de Bousaâda et de Berrouaghia. Le centre-ville colonial est bâti sur une butte qui culmine à 886 m d’altitude. Ce chiffre est gravé sur une pierre angulaire d’un vieil immeuble qui abritait l’hôtel de ville. Aujourd’hui, il fait office d’un bureau de poste.

    En plusieurs endroits, le mur menace ruine. Des brèches sont ouvertes par-ci par-là et des pans entiers du murs ont été arrachés par un travail de dépeçage auquel se sont livrés impunément des délinquants et autres truands aveuglés par le gain facile en vue de construire leurs propres villas avec des pierres taillées au début du 19e siècle !

    L’extension de la ville pendant les années 1970/80 s’est faite vers l’Est, dans la direction de Bordj Okhriss. Sur la rive droite de l’oued Lakhal, un nouveau quartier a vu le jour. C’est le “Geni”, plutôt prononcé “El Djeni”. Ce toponyme vient du nom de l’entreprise qui a construit les logements de ce quartier, Genisider.

    Outre la route qui descend de Bab El Guardh (ou Porte de Sétif), le Géni est relié à l’ancienne ville par des escaliers construits au début des années 2000 et qui dévalent la route en contrebas de l’ilot de B’hiret Medjbeur jusqu’au vieux pont de l’oued, pont piétonnier sous forme de passerelle. Les maison du Geni sont de coquettes maisons sans étage — à de rares exceptions — construites en pierres taillées qui se passent allègrement du crépissage. Les rues et venelles séparant les maisons sont larges et propres. Des épiceries, des magasins, des ateliers de réparation pour matériel électroménager, des kiosques et des cafés y sont ouverts, contrairement aux nouvelles cités des “300” ou “500” logements situées à quelques encablures de là.

    Les programmes du réaménagement du tissu urbain, d’embellissement de la ville et de la restauration de sites historiques tendent à réhabiliter la ville de Sour El Ghozlane.

    Les deux infrastructures culturelles — le centre Houari-Boumediène et la Maison de jeunes Slimane-Amirat — sont appelées à jouer les grands rôles pour rassembler les jeunes autour des activités les plus saines et les plus motivantes.

  • #2
    Une campagne qui se ressource

    La ville de Sour El Ghozlane est considérée comme la porte des Hauts-Plateaux du Centre à partir de laquelle s’ouvrent les horizons ocres et plats de la vastitude steppique. Le centre urbain commence à ressentir le poids de l’exode rural de populations qui ont quitté les communes voisines au milieu des années 1990, pour des raisons de sécurité, et sont venues s’installer en ville. Ce n’est qu’avec le retour de la sécurité au début des années 2000 et de la mise en œuvre des programmes de développement rural que la campagne commence à se repeupler graduellement. Avec le programme de l’habitat rural, soutenu par l’Etat à hauteur de 50 millions de centimes au début, puis de 70 millions de centimes depuis une année, les bourgades de la région ont changé de physionomie. Même si la typologie de construction est uniforme, la dispersion des demeures dans l’espace et les couleurs fantaisistes qui sont données à leurs façades créent une sorte de joie discrète et de sentiment de retour à la vie. En sortant de la ville de Sour El Ghozlane en direction du Sud, le col de Dirah, haut de 1 100 m d’altitude, marque pour nous la limite nette entre le Tell et la Steppe. Hormis les poches de pinèdes issues des reboisements réalisés pendant les années 1980, la végétation se réduit de façon drastique à partir de cette altitude. Quelques buissons par-ci, quelques petits vergers enfoncés dans les berges de l’Oued Djenane par là, parsèment de grandes étendues de terres où les agglomérations sont trop dispersées pour apprécier sur-le-champ l’importance de la présence humaine. Les quelques hameaux qui composent ces contrées sont dissimulés derrière quelques buttes rocailleuses. Mais souvent, l’habitat reste isolé.

    Il n’est pas rare de rencontrer deux maisons traditionnelles perdues dans la plaine et dont les toitures, vues de loin, se confondent avec les pâturages herbacés qui leur sont attenants. Ce qui, en revanche, marque sa présence physique de la manière la plus rituelle, c’est bien le cheptel ovin dont les troupeaux sont disséminés sur toute l’étendue des parcours steppiques.

    A l’approche de l’Aïd El Kebir, les enchères montent pour moutons et béliers. Dans quelques jours, commenceront les petites foires itinérantes qui font circuler des centaines d’ovins, acquis à Sidi Aïssa, M’sila ou Biskra, autour des villages et bourgades pour non seulement proposer une bête à immoler, mais aussi susciter la demande en visant particulièrement les enfants que les parents auront du mal à décevoir.

    Par Amar Naït Messaoud, la Dépêche de Kabylie

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