Le professeur Aberrera Dourari a animé une table ronde autour de entre expérience et constat vendredi lors du cycle des conférences programmées lors du Salon international du livre d’Alger.
La table ronde modérée par Mme Khaoula Taleb El Ibrahimi a été fort intéressante, apportant de nombreux éclairages à cette problématique et une vision globale.
Le Pr Dourari (directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight CNPLET), très explicite dans son intervention, a estimé que la problématique de l’enseignement de tamazight qui reste un acquis s’est fait dans la précipitation.
La création du Haut- Commissariat à l’amazighité n’a pas résolu le problème car le HCA est une institution politique et symbolique, et ne peut prendre en charge l’enseignement correct de la langue ; il fallait créer d’autres institutions spécialisées comme des centres d’aménagements linguistiques et des académies.
La normalisation de la langue est l’étape la plus importante. Enseigner une langue sans avoir mis au point les instruments scientifiques et pédagogiques nécessaires à cela ne donnera pas de véritables résultats ou les résultats souhaités, a estimé pour sa part Mme Khaoula Taleb El- Ibrahimi.
Les deux intervenants sont notamment revenus sur la crise de 1949 pour éclairer sur la marginalisation de l’identité berbère, en avançant que cette crise est celle de l’identité unitariste qui a occulté la réalité de l’algérianité.
A cette époque, dira le Pr Dourari, la gestion politique de l’Etat se fit sur la branche de l’unicité, car ils craignaient que l’Etat ne se désagrège s’il n’était pas unifié. Déjà en 1923/1926, il y avait une crise sur la dénomination du parti algérien.
Est-ce que la dénomination l’Etoile nord-africaine convenait ou l’Etoile algérienne ? En somme, l’évolution a été rendue impossible, une évolution contrariée, ce qui a conduit à des crises identitaires, celles de 1982/1986/1988, pas qu’en Kabylie mais à Constantine, Annaba et d’autres régions du pays. Après 1980 et après «La grève du cartable», c’est la reconnaissance de tamazight et de l’algérianité.
L’intégration de tamazight à l’école a permis de démystifier cette question qui a été longuement occultée et «effacée» ; la langue arabe a été la langue de l’effacement. Or, la langue arabe est une langue de civilisation ce qui, hélas, n’apparaît nullement dans la politique de l’arabisation, qui fut une politique idéologique et doctrinale poussant au refus de cette langue et au refus de la graphie arabe.
Pourtant, explique le Pr Dourari, la langue berbère est d’un point de vue linguistique morphologique et caractéristique proche de la langue arabe, ils sont de la même branche sémitique, donc l’écrire avec la graphie arabe est plus adéquate que la graphie latine et d’un point de vue socioculturel plus acceptable pour la masse qui parle l’arabe algérien. De cette manière, il faut avancer.
L’écriture au tifinagh, l’expérience marocaine ne donne pas de résultat, car le tifinagh s’écrit avec des caractères emblématiques, ce n’est pas une graphie visuelle. Le tamazight a été écrit, rappelle le Pr Dourari, bien avant l’arabe, dès leVIe siècle avant J.-C., seulement cette graphie était destinée aux stèles, aux tombeaux et aux rites funéraires. Les Berbères n’écrivaient pas, ils étaient de tradition orale. Même les rois berbères ne s’étaient pas souciés de leur langue, Massinissa écrivait en punique.
Pour finir, le Pr Dourari estime qu’il y a 17 dialectes berbères parlés en Algérie et finalement quelle langue enseigner, unifiée ou pas, avec quelle méthode pour quel résultat ?
Par Nassira Belloula, Le soir
La table ronde modérée par Mme Khaoula Taleb El Ibrahimi a été fort intéressante, apportant de nombreux éclairages à cette problématique et une vision globale.
Le Pr Dourari (directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight CNPLET), très explicite dans son intervention, a estimé que la problématique de l’enseignement de tamazight qui reste un acquis s’est fait dans la précipitation.
La création du Haut- Commissariat à l’amazighité n’a pas résolu le problème car le HCA est une institution politique et symbolique, et ne peut prendre en charge l’enseignement correct de la langue ; il fallait créer d’autres institutions spécialisées comme des centres d’aménagements linguistiques et des académies.
La normalisation de la langue est l’étape la plus importante. Enseigner une langue sans avoir mis au point les instruments scientifiques et pédagogiques nécessaires à cela ne donnera pas de véritables résultats ou les résultats souhaités, a estimé pour sa part Mme Khaoula Taleb El- Ibrahimi.
Les deux intervenants sont notamment revenus sur la crise de 1949 pour éclairer sur la marginalisation de l’identité berbère, en avançant que cette crise est celle de l’identité unitariste qui a occulté la réalité de l’algérianité.
A cette époque, dira le Pr Dourari, la gestion politique de l’Etat se fit sur la branche de l’unicité, car ils craignaient que l’Etat ne se désagrège s’il n’était pas unifié. Déjà en 1923/1926, il y avait une crise sur la dénomination du parti algérien.
Est-ce que la dénomination l’Etoile nord-africaine convenait ou l’Etoile algérienne ? En somme, l’évolution a été rendue impossible, une évolution contrariée, ce qui a conduit à des crises identitaires, celles de 1982/1986/1988, pas qu’en Kabylie mais à Constantine, Annaba et d’autres régions du pays. Après 1980 et après «La grève du cartable», c’est la reconnaissance de tamazight et de l’algérianité.
L’intégration de tamazight à l’école a permis de démystifier cette question qui a été longuement occultée et «effacée» ; la langue arabe a été la langue de l’effacement. Or, la langue arabe est une langue de civilisation ce qui, hélas, n’apparaît nullement dans la politique de l’arabisation, qui fut une politique idéologique et doctrinale poussant au refus de cette langue et au refus de la graphie arabe.
Pourtant, explique le Pr Dourari, la langue berbère est d’un point de vue linguistique morphologique et caractéristique proche de la langue arabe, ils sont de la même branche sémitique, donc l’écrire avec la graphie arabe est plus adéquate que la graphie latine et d’un point de vue socioculturel plus acceptable pour la masse qui parle l’arabe algérien. De cette manière, il faut avancer.
L’écriture au tifinagh, l’expérience marocaine ne donne pas de résultat, car le tifinagh s’écrit avec des caractères emblématiques, ce n’est pas une graphie visuelle. Le tamazight a été écrit, rappelle le Pr Dourari, bien avant l’arabe, dès leVIe siècle avant J.-C., seulement cette graphie était destinée aux stèles, aux tombeaux et aux rites funéraires. Les Berbères n’écrivaient pas, ils étaient de tradition orale. Même les rois berbères ne s’étaient pas souciés de leur langue, Massinissa écrivait en punique.
Pour finir, le Pr Dourari estime qu’il y a 17 dialectes berbères parlés en Algérie et finalement quelle langue enseigner, unifiée ou pas, avec quelle méthode pour quel résultat ?
Par Nassira Belloula, Le soir
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