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L'Agriculture céréalière des pays du Sahel

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  • L'Agriculture céréalière des pays du Sahel

    « Il y a une urgence ! C’est une véritable catastrophe planétaire. Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes souffrent chroniquement de la faim dans le monde. Si ça continue comme ça, nous n’atteindrons pas les Objectifs de développement du millénaire (ODM) !» déclarait, ce mercredi, le représentant de la FAO, Mehdi Dressi, en marge d’un Forum multipartenaire organisé par l’association Alliés en préparation de la Journée mondiale de l’alimentation le 16 octobre 2009.

    S’il est vrai que cette prédiction alarmante a du vrai, il est aussi des paramètres qui portent, fort heureusement, à garder espoir.

    Des expériences qui tendent à prouver que même les populations des pays les plus pauvres, les plus endettés et arides, peuvent atteindre, avec une certaine organisation et une grande volonté politique, le seuil de la sacro-sainte «sécurité alimentaire».

    Afrique Verte est une de ces expériences. Organisation non gouvernementale française, elle intervient dans les pays du Sahel que sont le Niger, le Burkina Faso et le Mali, pays fréquemment touchés par la sécheresse et la famine. La circulation des produits agricoles, gage de l’accès aux aliments

    D’après les statistiques agricoles nationales des trois pays sahéliens, de 2002 à 2006, la couverture moyenne des besoins alimentaires des populations par la production céréalière était de 116 % au Burkina Faso, 94 % au Mali et 99 % au Niger, des chiffres relativement bons, voire excédentaires, qui n’ont pourtant pas réussi à empêcher les insuffisances alimentaires et les famines durant ces années.

    En cause, une mauvaise répartition des céréales et terres arables sur le territoire, et la faiblesse de la circulation des produits. Les raisons d’être de l’action d’Afrique Verte au Sahel. «Nous intervenons au niveau du trafic des produits agricoles pour acheminer les céréales depuis les zones excédentaires du Sud, plus vert et agricole, vers les zones du Nord en demande, qui sont traditionnellement des régions pastorales», résume Nicolas Lebeurier,

    Responsable communication et partenariats d’ Afrique Verte. Persuadée que les Sahéliens peuvent nourrir le Sahel, Afrique Verte facilite ainsi, depuis bientôt vingt ans, les échanges locaux entre les paysans, pour trouver des débouchés et écouler leurs productions : mil, maïs, sorgho, riz, fonio... Soutien aux groupements féminins de transformation céréalière Les groupements d’intérêts des femmes du Sahel ont, comme les producteurs, un rôle essentiel dans la filière céréalière.

    Elles interviennent, notamment, au niveau de la commercialisation des céréales et de leurs débouchés. « Avec l’urbanisation, les habitudes alimentaires ont changé. Avec les horaires de bureau, la préparation des repas doit être rapide. Cela a entraîné des cas de malnutrition et de sous-alimentation dans les villes», explique Nicolas Lebeurier.

    Pour inverser la tendance, des commerçantes se sont donc mises à transformer, elles-mêmes, les céréales qu’elles achetaient en produits à valeur ajoutée. « A partir des céréales, les femmes produisent du couscous arabe, de la pâte, de la farine de mil, de sorgho, de maïs, ce qu’on appelle produits transformés», précise la Responsable de l’appui aux femmes de Bamako, Adama Aïssa Tall Coulibaly, membre de l’AMSSA, filiale malienne d’Afrique Verte.

    Les salaires de ces «transformatrices», comme on les appelle, sont comparables à ceux de cadres maliens : plus de 150 000 FCFA (deux cents euros) par mois, de quoi enrichir considérablement le quotidien de ces femmes et de leur famille. «Elles occupent une position sociale de choix, au sein de leur famille, auprès de leurs proches, mais aussi au sein de leur communauté», affirme Adama Aïssa Tall Coulibaly.

    «Certaines femmes ont désormais les moyens de participer activement au développement de leur village d’origine, où elles financent par exemple des puits. Elles accèdent, ainsi, à un rôle de leadership social et communautaire qui en a mené quelques-unes en politique notamment, ajoute-t-elle.

    Au-delà des satisfactions personnelles qu’elles tirent de leur travail, ces femmes contribuent à assurer la souveraineté alimentaire de leur pays. «Au final, les consommateurs qui achètent des produits transformés à ces femmes, achètent des céréales locales, et c’est tout le pays qui y gagne, en assurant sa souveraineté alimentaire», conclue le Responsable communication d’Afrique Verte, Nicolas Lebeurier.

    Selon ses représentants, Afrique Verte et ses filiales au Mali, Niger et Burkina Faso, ont permis l’échange de 26 000 tonnes de céréales, au cours de la campagne agricole 2003-2004. Une action qui a favorisé, jusqu’ici, un commerce équitable Sud-Sud en permettant, d’une part aux opérateurs d’accéder à des marchés, et d’autre part d’améliorer concrètement la sécurité alimentaire dans les zones déficitaires, rurales et urbaines.

    Or, comme la plupart des ONG, l’association et ses filiales africaines ne roulent pas sur l’or. Le manque de fonds demeure encore le principal frein à l’accès à la souveraineté alimentaire de certains pays. La Journée mondiale de l’alimentation peut-elle y changer quelque chose ?

    Par la Nouvelle République
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