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Claude Lévi-Strauss est mort

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  • Claude Lévi-Strauss est mort

    Claude Lévi-Strauss, l’un des plus grands penseurs français du XXe siècle, est mort ce 3 novembre à près de 101 ans.



    Article sur le grand intellectuel:

    Né à l'orée du XXe siècle à Bruxelles, Claude Lévi-Strauss, père du structuralisme, a imprimé une marque profonde dans la pensée contemporaine, tant dans les champs de l'ethnologie que de la sociologie, la philosophie, l'histoire ou la littérature. L'historien Pierre Nora a défini son ouvrage Tristes tropiques comme un «moment de la conscience occidentale».

    Béatrice Roman-Amat.
    «Je hais les voyages et les explorateurs»
    Après des études de philosophie, le jeune Lévi-Strauss se tourne vers l'ethnographie. Il pressent dans cette discipline la possibilité de concilier ses passions pour l'empirisme de la géologie et pour la philosophie de la nature, la psychanalyse et la pensée marxiste, tout en échappant à l'aspect répétitif de la philosophie universitaire. «J'entrevoyais le moyen de concilier ma formation professionnelle et mon goût pour l'aventure», écrira-t-il plus tard. L'ethnologie n'est alors qu'une discipline naissante en France.

    Lévi-Strauss s'installe au Brésil, pour devenir professeur de sociologie à l'université de Sao Paulo. Pendant les vacances universitaires de 1935, il part pour la première fois à la découverte de tribus indiennes du Brésil, parmi lesquels les Nambikwara et les Bororo du Mato Grosso, s'enfonçant profondément dans la forêt amazonienne. Il racontera ses premiers séjours d'étude dans Tristes tropiques quelques années plus tard.


    Juif français d'origine alsacienne, Lévi-Strauss perd son poste avec l'avènement du régime de Vichy. Exilé aux États-Unis, à New York, pendant la Seconde Guerre mondiale, il se consacre à la rédaction de sa thèse, "Les structures élémentaires de la parenté", qui paraît en 1949. Il y définit le processus d'échange comme une constante structurante de l'esprit humain et explique que «la prohibition de l'inceste est le processus par lequel la nature se dépasse elle-même», le synonyme de l'entrée dans le monde de la culture. En 1955, la publication de Tristes Tropiques, qui frôle de peu le prix Goncourt, fait connaître les travaux de Lévi-Strauss au grand public.

    En appliquant la notion de structure aux phénomènes humains, Lévi-Strauss devient l'initiateur d'un mouvement de pensée baptisé par les médias «structuralisme». Le philosophe Michel Foucault, le psychanalyste Lacan et le sémiologue Roland Barthes en seront les autres grands noms.

    La culture selon Lévi-Strauss
    Claude Lévi-Strauss définit sa théorie de la culture, fondée sur des structures symboliques inconscientes, dans une introduction à l'œuvre de l'anthropologue Marcel Mauss :
    «Toute culture peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l'art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale, et plus encore, les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux et que les systèmes symboliques eux-mêmes entretiennent les uns avec les autres ».
    Pape malgré lui du structuralisme
    Dans La Pensée sauvage (1962), Lévi-Strauss bat en brèche les idées héritées de Lévy-Bruhl (auteur de La mentalité primitive), qui opposait les «primitifs» incapables de conceptualisation et adeptes de la pensée magique, à la rationalité occidentale. Il s'oppose également à Sartre et à sa conception de la dialectique historique dont sont exclus les peuples sans écriture, prétendument sans histoire.

    Pour Lévi-Strauss, toute société humaine s'organise selon des schémas symboliques inconscients. Contrairement aux humains «sains d'esprit», les aliénés sont porteurs d'un symbolisme qui n'appartient qu'à eux.

    Au cours de ses nombreux voyages auprès de peuples dits «premiers», l'ethnologue s'intéresse aux moindres aspects de leur vie en société, tous régis par des codes, qu'il s'agisse des recettes de cuisine, des règles de politesse, de l'usage des parures et des masques ou de la narration des mythes. Il découvre des analogies entre des mythes amérindiens et grecs mais reste très prudent vis-à-vis de la notion d'universalité.


    Penseur visionnaire par bien des aspects, Lévi-Strauss prévoit dès les années 1970 une mondialisation synonyme d'uniformisation, écrivant que «l'humanité s'installe dans la monoculture ; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave». Pessimiste sur la possibilité de préserver les «fleurs fragiles de la différence», il ne manque pas d'observer en 1979 que «le marxisme est une ruse de l'histoire pour occidentaliser les peuples» !

    En 2006, la création à Paris du musée du quai Branly, dédié aux Arts premiers dans leur diversité, est en quelque sorte l'aboutissement du travail de Lévi-Strauss pour faire reconnaître la valeur de ces civilisations d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie et d'Asie.

    Aujourd'hui membre de l'Académie française et docteur honoris causa de nombreuses universités de par le monde, du Congo aux États-Unis, Lévi-Strauss a traversé le XXe siècle en y faisant résonner son message profondément humaniste.



    Herodote . net

  • #2
    Bonsoir

    Un grand intellectuel.

    Paix à son âme.


    ../..
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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    • #3
      C'était un grand homme.

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      • #4
        Triste topic ! Immense intellectuel, l'un des plus grands du XXe. Allah Yerahmou.

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        • #5
          paix a son âme...un maître en la matiére

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          • #6
            Ca m'a fait un choc.......qu'est ce qui nous reste? BHL,glucksman,finkelkraut....que des nains.
            paix à son ame.

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            • #7
              qu'est ce qui nous reste? BHL,glucksman,finkelkraut....que des nains.
              paix à son ame.
              oh làlà tu compares des donneurs de leçons et d'opinions perso à un vrai chercheur qui a apporté tant à la la science et à notre connaissance

              Commentaire


              • #8
                C'était aussi un défricheur ...

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                • #9
                  Grandeur et humilité !

                  Dans ce monde qui va de plus en plus vers l'uniformisation, il craingnait que l'anthropologie ne serait plus un travail empérique...Puisqu'il ne resterait plus de terrain. L'anthropologie ressemblerait alors à la mythologie...C'était sa hantise.
                  "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                  Socrate.

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                  • #10
                    Allah yerahmou !

                    lire levi strauss, bourdieu et foucault est un vrai plaisir.
                    There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

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                    • #11
                      Dans ce monde qui va de plus en plus vers l'uniformisation, il craingnait que l'anthropologie ne serait plus un travail empérique...Puisqu'il ne resterait plus de terrain. L'anthropologie ressemblerait alors à la mythologie...C'était sa hantise.
                      Rappelons tout de même de Lévis-Strauss était surtout un homme de cabinet: en dehors de la période 35-39 (d'où il tira des éléments capitaux pour son oeuvre à venir), il n'a pas mené beaucoup d'expéditions
                      Dernière modification par Dandy, 06 novembre 2009, 09h07.

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                      • #12
                        Rappelons tout de même de Lévis-Strauss était surtout un homme de cabinet: en dehors de la période 35-39 (d'où il tira des éléments capitaux pour son oeuvre à venir), il n'a pas mené beaucoup d'expéditions
                        Certes, mais il demeur un grand adepte de l'empirisme, sans quoi l'enthropologie n'existerait pas. Même si ce n'est pas toujours lui qui collecte le matériau qu'il étudie.
                        Et puis n'oublions pas que Lévi-Strauss est un philosophe avec une grande carrière académique. Donc le travail de bureau et de laboratoire est aussi important.
                        "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                        Socrate.

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                        • #13
                          Salut Elfamilia,

                          C'est peut-être bizarre, mais j'ai toujours lu "Tristes Tropiques", non comme une œuvre "scientifique" que comme le récit d'une aventure personnelle dans la lignée des navigateurs portugais du XVème et des Essais de Montaigne....

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                          • #14
                            Bonsoir,

                            Ce que tu dis est totalement confirmé par cet article paru dans la revue "Sciences Humaines". En effet, et à commencé par le titre Tristes tropiques, il apparait que cette oeuvre s'éloingne quelque peu des critères scientifiques où les mots d'ordre sont: Objectivité, distance, et neutralité.

                            Etait-ce une démarche délibérée ? Comme le suppose l'auteur de l'article. Ou alors cela revient, peut-être, au fait que l'anthropologie moderne n'était qu'à ses débuts ?
                            ___________________________

                            Tristes tropiques

                            claude lévi-strauss, 1955, rééd. Pocket, coll. « Terre humaine », 2001.

                            Tristes tropiques fut publié en 1955 dans la collection « Terre humaine », créée par l'ethnologue Jean Malaurie dans le but de diffuser un nouveau genre de livre, à mi-chemin entre l'essai littéraire et l'ouvrage savant : il s'agissait par là de sensibiliser un large public à la démarche anthropologique, en permettant à l'ethnologue de sortir du registre scientifique habituel pour endosser la peau d'un écrivain et livrer impressions, souvenirs et états d'âme. Tristes tropiques, qui s'inscrivait pleinement dans cette ligne éditoriale, fut aussitôt un gros succès de librairie.
                            Une autobiographie intellectuelle.

                            L'auteur, Claude Lévi-Strauss, a alors 47 ans et il est devenu l'un des ethnologues les plus reconnus de la profession, spécialiste des sociétés traditionnelles américaines, inventeur d'un courant de pensée dont la notoriété dépassera largement les frontières de la discipline : le structuralisme anthropologique. Et voilà qu'il publie un livre inattendu, tranchant résolument avec la froide objectivité universitaire... Tristes tropiques est avant tout un récit de voyages et une réflexion sur le sens de ceux-ci, mais c'est aussi une autobiographie intellectuelle, l'histoire de l'apprentissage du métier d'ethnologue.
                            Comment résumer une oeuvre aussi inclassable ? Bien sûr, l'auteur décrit avec force détails les particularités culturelles des Indiens Bororos, Nambikwaras, Tupis vivant sur le plateau du Mato Grosso (Brésil), qu'il a côtoyés pendant des années, et dont l'étude avait débouché sur la rédaction de sa thèse complémentaire La Vie familiale et sociale des Indiens Nambikwaras (1948). Mais, au fil des paragraphes, il passe inopinément d'un continent à l'autre, de l'Ancien au Nouveau Monde ; il se rappelle son exode vers New York au moment de l'occupation allemande en France, son passage par les Antilles... En réalité, en même temps qu'il dépeint ses pérégrinations passées, il propose sa vision du voyage. On ne peut, selon lui, percevoir l'autre tel qu'il est que par une opération de « triple décentrement » : le voyageur doit garder à l'esprit le fait qu'il a certes changé de lieu, mais aussi de temporalité, puisque le « progrès » ne touche pas toutes les parties du monde à la même vitesse, et enfin de classe sociale, car l'argent dont on dispose n'a plus la même valeur en un autre point du globe. Toutefois, ce regard particulier est rarement de mise. Ainsi, la célèbre phrase d'introduction du livre - « Je hais les voyages et les explorateurs » - doit se comprendre comme une critique de l'exotisme et du sensationnel présents dans tant de récits d'aventures et qui débouchent sur la fabrication de stéréotypes, dont se repaissent les touristes.
                            Le versant triste des tropiques.

                            Au-delà de cette simple critique, le propos est de toute manière quelque peu désabusé : c'est que l'arrogante civilisation occidentale ne semble amener partout que guerre et désolation, provoquant l'extinction de nombreuses peuplades « primitives » et dévastant l'écosystème. De ce point de vue, les tropiques paraissent bien « tristes », car les voyages nous montrent finalement « notre ordure lancée au visage de l'humanité »... Ouvrage poignant, Tristes tropiques porte en soi le remords de l'Occident et la difficile posture de l'ethnologue, écartelé entre des mondes inconciliables.

                            Régis Meyran. Sciences Humaines.com
                            Dernière modification par elfamilia, 06 novembre 2009, 19h03.
                            "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                            Socrate.

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                            • #15
                              Erreur : Doublon !
                              Dernière modification par elfamilia, 06 novembre 2009, 19h01.
                              "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                              Socrate.

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