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Quand Alger inspire: Ancrage Africain

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  • Quand Alger inspire: Ancrage Africain

    Ils se sont retrouvés durant la 2e édition du Festival panafricain en juillet passé dans une résidence d’écriture, une expérience riche et colorée qu’ils sont revenus partager avec le public dans une rencontre-débat organisée dans le cadre du Salon international du livre d’Alger.

    Des dix écrivains, Kébir Ammi Mustapha, Ibrahima Aya, Yahia Belaskri, Anouar Benmalek, Tanella Boni, Eugène Ebodé, Alain Mabanckou, Gabriel Mwèné Okoundji, Hamid Skif et Sami Tchak, choisis pour une résidence d’écriture, la première du genre en Algérie, dans le cadre du Panaf, quatre sont revenus parler et partager cette expérience avec un publique attentif.

    Cette résidence d’une quinzaine de jours à Zéralda a donné naissance à «Ancrage Africain» un recueil de nouvelles aussi surprenant qu’inattendu, le thème est Alger, que certains auteurs ne connaissaient pas du tout tels Sami Tchak, Alain Mabanckou ou Tanella Boni, d’autres comme Yahia Belaskri l’Oranais disaient retrouver ou redécouvrir.

    La lecture de ce recueil laisse rêveur, de page en page, nous redécouvrons, lecteur assidu, notre ville, livrée aux regards, aux premières impressions. L’écriture a été spontanée, sympathique, c’était une invite, avec le Fadel, la rencontre providentielle avec un inconnu que Sami Tchak va suivre non sans angoisse, mais confiant à travers le périple algérois et qui va lui offrir ses espaces d’écriture «Une étroite rue en escalier vers des maisons à flanc de colline, dangereusement penchées. De là où, me disais je, on pouvait s’envoler comme un aigle et planer sur la ville, ce serait magnifique, comme dans nos plus beaux rêves».

    La redécouverte continue avec l’Ivoirienne Tanella Boni : «La ville est multiple et fragmentée, un relief tourmenté et ses monuments à bout de bras. De la Casbah à Bab-El-Oued, les murs blancs et bleus, visibles de loin, côtoient l’arc de cercle incrusté dans l’architecture qui raconte d’autres conquêtes.» Ecrire sur Alger a été spontané, dira Tanella Boni, il n’y avait pas de commande ou de sujet imposé et paradoxalement tous les écrivains ont été inspirés par Alger.

    C’est donc «Mahroussa l’africaine» que le Camerounais Eugène Ebodé raconte «Mahroussa, la ville montagne plantée dans la mer, la «bien gardée» connut une période qui restera dans la mémoire de ses habitants comme un temps hors du temps.» C’est quoi au fait une résidence d’auteur, s’inquiéta un participant ? C’est un concept qui permet à des écrivains de se retrouver dans un lieu (une maison, un château, un studio…) que des organisateurs mettent à leur disposition avec toutes les commodités possibles afin de leur permettre d’écrire, souvent un texte commandé, ou un thème choisi avec des rencontres et des débats, répond Karim Chikhi, modérateur de cette rencontre.

    La seule règle en général dans une résidence d’écrivains est que le contrat moral soit respecté : fournir l’écrit attendu, enchaîne Anouar Benmalek. Yahia Beleskri, visiblement ravi de cette expérience, redit sa redécouverte d’Alger, ses envies de ballades qui l’on amené à écrire Le retour comme un apaisement ou une réconciliation avec une ville qui se laisse raconter, histoire et légende, passé et présent. «J’ai marqué une pause dans la cellule où l’auteur du Quichottea été retenu captif pendant cinq longues années. J’avais besoin de reprendre des forces, puis je me suis réfugié dans le palais du dey. Il surplombe la mer. Et les terrasses blanches de la Casbah», écrit Kebir Mustapha Ammi.

    La résidence d’écriture terminée, le recueil de nouvelles livré, déjà les yeux se rivent sur d’autres sillages, sur d’autres espaces d’écriture et de rêveries, espaces africains ou autres, laissant, l’Algérie émerveillée soudain de sa part d’africanité, découvrant avec étonnement qu’elle appartient à un continent qui même si, souvent, trop souvent, ne fait parler de lui qu’avec des termes de violence et d’horreurs, le beau et la magie existent grâce à ses écrivains plus que jamais talentueux.


    Par Nassira Belloula, Le Soir
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