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Khadra mon amour !

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  • Khadra mon amour !

    Khadra mon amour


    Cherif Ouazani est journaliste à Jeune Afrique depuis 1995. Rédacteur en chef adjoint de l’hebdomadaire, il couvre – entre autres - l’actualité des pays du Maghreb.

    L’audimat de la chaîne privée égyptienne Dream TV a littéralement explosé ces dernières semaines en Algérie. Nouveau sitcom à succès ? Télé-réalité populaire ? rien de tout cela. Dream TV diffuse quotidiennement un talk show dédié au match couperet qui opposera l’Algérie à l’Egypte, le 14 novembre, au Caire, qui vaut qualification pour la Coupe du monde de football, prévue en 2010, en Afrique du Sud.
    Durant ces talk show, l’Algérien est traité de tous les noms d’oiseau. Pis : les invités doutent de son arabité (trop berbère aux yeux des intervenants) de son islamité (« ils s’entretuent comme des païens » dixit un animateur de Dream) et même parfois de son humanité (« ils ont failli nous manger quand nous avions accompagné les Pharaons lors du match aller » témoigne un supporteur égyptien. Comble de masochisme, les Algériens dévorent ce type de débat, zappent en permanence sur le bouquet Nile Sat pour entendre de nouvelles insultes et prendre la température du Caire avant la date fatidique. Mais ne croyez pas que les Algériens restent de marbre à ce type d’attaque « en-dessous de la ceinture ». La presse privée, arabophone surtout, consacre chaque jour une partie de son espace aux « réponses appropriées ». Si pour les Egyptiens, les Algériens sont un ramassis de terroristes, ces derniers considèrent que la totalité de la population égyptienne mérite d’être déférée à … La Haye, pour crimes de guerre. « En fermant leurs frontières avec la Palestine, ils se sont tous rendus complices de ceux qui balançaient du phosphore blanc sur la tête des gazaouis. » Les appels au calme lancés par les autorités des deux pays n’y ont rien fait. La polémique ne connaît aucune limite. Aux Algériens qui promettent de marcher sur Le Caire, les Egyptiens répliquent qu’ils recevront l’accueil que mérite tout envahisseur. Rien de moins.

    Même si la dernière qualification à un mondial remonte à l’expédition mexicaine, en 1986, (le coach Rabah Saadane en était déjà !) il est difficile d’expliquer l’hystérie collective qui s’est emparée des Algériens, toutes générations et catégories confondues, pour leur « Khadra », sobriquet signifiant verte qui a remplacé le surnom habituels des Fennecs, sans doute pour l’apparence trop fragile du petit mammifère du désert. Depuis les performances de Khadra, on assiste à un regain de patriotisme, au retour des drapeaux accrochés au balcon, sur les pare-brise de voitures, dans les vitrines de magasins. Des millions d’oriflammes ont été distribués aux élèves, des centaines de milliers de maillots floqués au nom des joueurs de l’équipe ont été écoulés en quelques jours. Sentant le bon filon, des artistes opportunistes sortent des CD à la gloire de Khadra. Ils se vendent comme des petits pains. DVD, clips vidéo ou Talk show de dream TV sont gravés, échangés dans les cyber-café. Alger, que dis-je ? l’Algérie ne vit que pour Khadra. Le moindre bobo de Karim Ziani provoque l’insomnie pour des millions de supporteurs. La blessure (sans gravité, soyez rassuré !) de Magic Bouguerra, stoppeur des Glasgow Rangers et de Khadra a alimenté la chronique de la presse et les conversations d’Alger à Tamanrasset.

    Ah si Khadra passait le 14 novembre


    Jeune Afrique
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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