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La prise en charge à Tlemcen de l'enfance abandonnée

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  • La prise en charge à Tlemcen de l'enfance abandonnée

    Le problème de l'enfance abandonnée et maltraitée est un phénomène qui a pris une certaine visibilité à travers la wilaya frontalière de Tlemcen et, face au sentiment d'une réelle urgence sociale, de nombreuses dispositions ont été prises en faveur de ces enfants sous l'œil attentif du premier responsable de la wilaya qui ne ménage aucun effort en direction de cette catégorie d'enfants en marge de la société.

    Il reste intransigeant quant au bien-être de ces petits orphelins.


    La wilaya de Tlemcen compte actuellement 8 centres spécialisés dépendant de la direction de l'Action sociale, fait savoir le responsable de l’Action sociale de la wilaya, M. Bellifa.

    Au niveau de ces 8 centres spécialisés, nous dénombrons 1 CSP (filles) sur les hauteurs de Tlemcen (Birouana),1 CSP (garçons) dans la commune de Hennaya et 1 CSP (enfants) à Ghazaouet, d'une capacité respective de 50, 80 et 60 jeunes pensionnaires.

    Ces centres reçoivent des mineurs en vue de leur éducation et de leur protection et comprennent les mêmes services que les Centres spécialisés de rééducation (CSR). Lorsque le service de post-cure trouve une solution à la réinsertion sociale du mineur, l'affectation de celui-ci est décidée par le juge des mineurs, sur proposition du directeur de l'établissement concerné. La wilaya est notamment dotée de deux centres spécialisés médico-pédagogiques pour inadaptés mentaux, l'un à Remchi et l'autre à Souani qui hébergent respectivement 60 et 100 jeunes pensionnaires.

    Disposant notamment d'un centre spécialisé pour insuffisants rénaux traitant actuellement près d’une centaine de malades et de deux écoles spécialisées pour jeunes sourds et jeunes aveugles, qui traitent actuellement 138 enfants dont 108 sont atteints de surdité, il faut, cependant, signaler que la wilaya n'est équipée d'aucun centre spécialisé de rééducation, ce qui pose un sérieux handicap à l'accomplissement de la tâche déjà très ardue des équipes spécialisées dans ce secteur.

    L'absence de ce genre de centre dans la wilaya oblige, quand la nécessité s'impose, le placement des enfants délinquants par le juge des mineurs dans les CSP où ils côtoient des enfants en danger moral. Les CSR sont des centres fonctionnant en internat avec un service d'observation, un autre de rééducation et un troisième de post-cure. Ils ne sont pas habilités à recevoir des gosses en danger moral ou des handicapés physiques ou mentaux.
    Nous quittons maintenant les locaux de la direction de l'Action sociale pour nous rendre à destination du CSP de Ghazaouet, que l'appellation locale surnomme “le Château”. Ancienne résidence coloniale ayant appartenu à Francis Llabbador (auteur d'ouvrages sur la ville de Ghazaouet), la bâtisse et ses dépendances semblent à première vue très vétustes malgré les nombreux réaménagements partiels effectués par l'actuel directeur, Bédraoui Abdallah.

    RÉALISATION ETRESTAURATION DES SITES

    Cette infrastructure a été très éprouvée par la proximité de la mer et les méfaits du sel marin, déplore ce dernier, qui nous précise, cependant, que plusieurs dispositions ont été prises par l'actuel DAS en ce qui concerne la réalisation d'un nouveau centre sur le site ainsi que la restauration de l'ancien site considéré à juste titre comme patrimoine de la ville.
    Nombre de citoyens abordés en ville ne tarissent pas d’éloges lorsque nous évoquons les questions de gestion relatives à ce centre ou celles concernant la prise en charge et le suivi de ses petits pensionnaires.

    Le docteur Mebarki Mohamed, médecin-expert auprès des tribunaux de la ville, doublé d'un farouche militant de la Ladd de Ghazaouet, est formel. Selon lui, la gestion de cet établissement et la prise en charge des gamins, dont il est le médecin traitant, se sont nettement améliorées par rapport à celles de l'ancien directeur qui s'étaient révélées catastrophiques et pour les enfants et pour l'état des lieux.

    La réputation du centre s'était ternie à tel point que, nous dit-il, la population de la ville qui comptait en son sein, nombre de bienfaiteurs au profit de ces orphelins, avait fini par retirer toute sa confiance à l'ex-directeur. Les Ghazaouetis qui voyaient ces pauvres gamins en fugue errer dans les ruelles de la ville à la recherche d'un morceau de pain, les surnommaient d'un air triste “ouled el Château”. Aujourd'hui, les efforts consentis par le DAS et par toute l'équipe médicosociale de l'établissement, sous la houlette de leur responsable, Bédraoui Abdallah, ont redonné espoir et motivation aux nombreux bienfaiteurs de la région qui n'hésitent plus à mettre la main à la poche pour venir en aide et contribuer au bien-être de ces enfants en marge de la société.

    L'actuel responsable du CSP de Ghazaouet est catégorique : “Ces enfants sont d'abord nos enfants. Il nous faut veiller à leur protection car si nous voulons faire tarir la source d'où proviennent d'abord l'enfance coupable et ensuite la population dangereuse et criminelle, il nous faut en premier lieu remonter aux conditions qui font l'enfance délaissée et maltraitée.”Cet établissement est l'unique centre à vocation scolaire en milieu ouvert à travers toute l'Oranie. Il a été conçu pour accueillir les enfants en danger moral. À l'origine, celui-ci était équipé de lits superposés en fer qui, pour des raisons d'ordre sanitaire et de meilleure prise en charge, ont été supprimés et remplacés par des lits individuels en bois, ce qui a diminué sa capacité d'accueil de près de moitié, c'est-à dire à 40 lits. Plus d'une vingtaine de nos pensionnaires ont été transférés vers le centre de Marsa Ben Mhidi (ex-port Say) lors du réaménagement. Ce CSP peut aussi exceptionnellement admettre les enfants en danger moral de moins de sept ans, explique le directeur, qui nous cite la récente prise en charge de deux cas originaires de Tiaret et Sidi Bel-Abbès.

    Nous visitons maintenant le réfectoire où nous rencontrons une ribambelle d'enfants attablés devant leur menu de midi au milieu d'un véritable brouhaha d'éclats de rire et de voix enfantines, nous donnant l'impression d'entrer dans un autre monde coupé de la dure et froide réalité de l'extérieur. M. Amri, un commerçant d'Oran que nous avons rencontré sur place, vient rendre visite à son fils tous les week-ends. Ce dernier, âgé d'une douzaine d'années, vivait normalement avec son père divorcé de sa mère. Lorsque le père se remaria, le gamin, n'ayant jamais voulu accepter qu'une autre femme puisse se substituer à sa mère, finit par commettre fugue sur fugue afin de punir son père et le mettre dans l'embarras, engendrant par son comportement de multiples tracas et ennuis à toute sa famille.

    “Lorsque le juge des mineurs avait décidé de placer mon fils au CSP de Ghazaouet, j'ai tenu à l'accompagner moi-même”, nous révèle-t-il. “J'étais bien décidé à garder mon fils si le centre ne me convenait pas”, poursuit notre interlocuteur. “À ma grande surprise, je vous avoue que j'ai été vraiment surpris de l'ambiance familiale régnant dans cet établissement et de l'accueil convivial réservé aux visiteurs par l'ensemble de l'encadrement de ce centre. Vraiment je ne m'attendais pas à cela”, avoue-t-il.

    Le jeune Walid, lui, a huit ans. Il est originaire de Maghnia et a été retiré à sa famille versée dans la mendicité professionnelle. Depuis son placement, il ne reçoit presque aucune visite de sa famille. Sa mère lui manque énormément, nous avoue le gamin, le regard embué de larmes et l'air visiblement traumatisé par l'absence prolongée de sa maman.

    Mohamed Redha,10 ans, n'est pas plus haut que trois pommes, il vient de Naâma. Le gamin a été retrouvé alors qu'il errait sur les routes, affamé et en haillons, après avoir fugué à cause de son père qui l'employait comme bête de somme dans de durs travaux de maçonnerie.

    À son arrivée au centre,il présentait une grave hernie au bas ventre causée par le poids des sacs de ciment et des seaux de mortier que son père l'obligeait à porter.

    Ces quelques cas démontrent clairement que la nature enfantine est très souvent bien complexe et que parfois il suffit d'un rien pour faire retrouver à l'enfant un équilibre qui l'aidera à affronter son parcours dans la vie.

    Par Liberté
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