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Sahara occidental : comment le Maroc a monnayé la déclaration de Hilary Clinton

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  • Sahara occidental : comment le Maroc a monnayé la déclaration de Hilary Clinton

    « Il est important pour moi de réaffirmer, ici au Maroc, qu'il n’y a pas de changement dans la politique des Etats-Unis » par rapport à la question du Sahara. Avant d’ajouter, concernant le roi Mohamed VI : « les Etats-Unis ont regardé avec beaucoup d'admiration les progrès que le Maroc a accomplis sous sa direction et celle du gouvernement démocratiquement élu du Maroc ».

    Lundi dernier, à Marrakech, la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, s’est montrée généreuse en déclarations favorables à Rabat. Sur deux sujets sensibles – le Sahara occidental et la démocratie -, Mme Clinton a conforté le roi Mohamed VI, dans un contexte marqué par une fissure du front européen favorable aux positions marocaines sur le Sahara occidental après les prises de position de la Suède et la multiplication des pressions internationales sur Rabat concernant les droits de l’homme et la liberté de la presse, régulièrement bafoués ces derniers mois.

    Comment Hilary Clinton, la Secrétaire d’Etat de Barack Obama, le président qui a prononcé le discours historique du Caire, a-t-elle pris une telle initiative sur un dossier aussi sensible ? La réponse à la question est à chercher à la fois au Proche-Orient et aux Etats-Unis.

    Dès sa prise de fonctions, Barack Obama avait prévenu les Israéliens : les Etats-Unis veulent un arrêt de la colonisation dans les territoires occupés palestiniens. Le nouveau président américain donnait l’impression d’avoir compris que la résolution du conflit israélo-palestinien doit être au cœur de la stratégie de Washington en matière de lutte contre le terrorisme islamiste. Obama voulait aussi, à travers cette initiative, envoyer un signal positif au monde musulman, après les dégâts de huit ans de présidence Bush.

    Mais en Israël, la perspective d’un arrêt, même momentané, de la colonisation fait peser de sérieuses menaces sur l’avenir du gouvernement Netanyahou. Ce dernier gouverne grâce à une coalition avec les extrémistes religieux, opposés à l’arrêt des colonisations. Mais ses tentatives diplomatiques de faire reculer les Américains sur ce dossier n’ont pas abouti. Pour l’administration Obama, les Palestiniens ont fait de nombreuses concessions et Israël doit donner de son coté des gages de bonne volonté concernant le processus de paix.

    Mais c’était sans compter sur le puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis et son influence sur la politique locale. Début septembre, Barack Obama doit défendre devant le Congrès la réforme phare de son premier mandat : le système de santé. Le projet est d'autant plus ambitieux que de nombreux présidents avant lui s'y sont cassé les dents. Or, au Congrès américain, Tel-Aviv dispose d’un atout majeur : une soixantaine de sénateurs, républicains et démocrates, entièrement acquis à la cause d’Israël.

    Pour ces sénateurs, l’arrangement est simple : un soutien à la réforme de la santé en échange de l’abandon par Obama de l’exigence d’un arrêt de la colonisation israélienne. Pour le président américain, le choix est vite fait : en pleine période de crise économique et social aux Etats-Unis, un enjeu de politique intérieure – la santé- est nettement plus stratégique et plus rentable qu’un bras de fer avec Israël sur le dossier palestinien.

    C’est la secrétaire d’Etat Hilary Clinton qui est chargée de « vendre » ce recul inattendu aux alliés arabes des Etats-Unis et les pousser à faire pression sur le président palestinien Mahmoud Abbas pour qu’il renonce lui aussi à l’exigence de l’arrêt des colonisations pour reprendre les discussions avec le gouvernement israélien. Approchés, les Saoudiens et d’autres pays du Golfe ont refusé d’exercer de telles pressions sur le président palestinien. L’Egypte a également décliné.

    C’est alors que Rabat a été sollicité. Et les Marocains n’ont pas décliné l’offre américaine. Mais en échange des pressions promises sur Abbas, le Roi Mohamed VI a négocié un « soutien » de Clinton sur la question du Sahara occidental. « Les Marocains ont fait croire aux Américains qu’ils étaient en mesure d’infléchir la position de Abbas sur ce dossier », explique un diplomate européen. Mais dès jeudi soir, Mahmoud Abbas apportait sa réponse à la « médiation » marocaine, en renonçant à briguer un second mandat en janvier prochain. »

    Dans ce contexte, la déclaration de Clinton sur le Sahara devient presque caduque. Les Marocains n’ont pas accompli leur part du contrat. Cet échec a rendu le roi particulièrement nerveux. Vendredi soir, Mohammed VI, dans un discours extrêmement ferme retransmis par la radio et la télévision, a invité les Marocains à « faire pièce aux complots ourdis contre la marocanité de notre Sahara ». Un discours qui contraste avec l’euphorie officiellement affichée à Rabat au lendemain des déclarations de Clinton.

    TSA
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