Yasser Arafat aurait préféré entrer dans l'Histoire comme le dirigeant qui a conduit son peuple vers l'indépendance et la paix. Mais elle en aura voulu autrement, et l'homme dont la « mort clinique » a été annoncée le 4 novembre disparaîtra usé par l'âge et par la désillusion de ne pas avoir vu naître l'Etat palestinien auquel il a tant aspiré.
Onze ans plus tôt, il avait pourtant la certitude, et la majorité des Palestiniens avec lui, que ce rêve était à portée de main, qu'il suffirait de six années de négociations avec Israël - mais qu'est-ce que six années au regard de l'Histoire ? - pour qu'il devienne réalité. Au fil des ans, l'espoir est toutefois allé s'effilochant, renvoyant quasi à la préhistoire ce 13 septembre 1993, quand, sur la pelouse de la Maison Blanche, devant un parterre de personnalités internationales et sous les yeux de millions de téléspectateurs à travers le monde, un Yasser Arafat tout sourire serrait la main de l'un de ses pires ennemis, le premier ministre israélien d'alors, Itzhak Rabin. Les accords dits d'Oslo qui venaient d'être signés mettaient en principe l'un des plus vieux conflits du monde sur les rails d'une solution. Tout le monde voulait y croire. Yasser Arafat le premier, pour qui l'heure était historique, l'aboutissement d'une longue lutte, le premier acte de l'avènement de l'Etat virtuel proclamé le 15 novembre 1988, à Alger, devant un Parlement palestinien en exil en délire.
Rien, pourtant, ne permettait alors de croire que le rêve deviendrait réalité, tant les vents étaient contraires. Le défi était immense. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) était exilée de force depuis six ans en Tunisie, après avoir été expulsée du Liban. Israël, les Etats-Unis et d'autres Etats la tenaient toujours pour une centrale "terroriste". Israël s'acharnait à en liquider les dirigeants. Khalil Al-Wazir (Abou Jihad), l'une de ses figures les plus prestigieuses, les plus respectées et les plus actives, compagnon de la première heure de Yasser Arafat, avait été assassiné quelques mois plus tôt à Tunis. Les Palestiniens s'entredéchiraient et le soutien des "frères" arabes n'était ni unanime ni inconditionnel. Et pourtant, la foi chevillée au corps, Yasser Arafat voulait voir naître cet Etat palestinien pour lequel il a consacré sa vie depuis une quarantaine d'années.
Yasser Arafat, c'était d'abord et surtout cela : un homme animé par une foi inébranlable dans la justesse de la cause qu'il servait et des droits du peuple qu'il représentait. Il se souciait comme d'une guigne de l'aversion qu'il pouvait susciter et savait exploiter à merveille les témoignages de sympathie. Il conjuguait ou alternait l'action militaire et la diplomatie, savait manipuler amis et adversaires, flatter les ego et tenir en piètre estime, être familier et tenir à distance, se faire modeste et arrogant, donner généreusement et couper les vivres, ne jamais prendre pour quantité négligeable une quelconque manifestation de soutien, si humble soit-elle, ne jamais rompre définitivement les ponts avec quiconque pour ne pas insulter l'avenir.
Son courage physique n'était pas la moindre de ses qualités. Jamais Yasser Arafat n'abandonna les siens dans l'adversité. Il méprisait le luxe, mais prisait les honneurs, surtout ceux des responsables étrangers, parce qu'ils étaient autant de marques de déférence et de soutien à sa lutte, face à un ennemi qui bénéficiait de très grandes sympathies à travers le monde.
Homme aux goûts simples, il n'a jamais cherché à s'enrichir, alors même que de nombreuses personnes de son entourage l'ont fait, notamment depuis l'avènement de l'Autorité palestinienne, en 1994. Non qu'il dédaignât l'argent, mais pour lui l'argent était le nerf de la guerre, servant aussi bien à financer la lutte armée qu'à entretenir une clientèle. Il tenait lui-même les cordons d'une bourse qui fut un temps pleine à craquer, tant était financièrement généreuse - à défaut de l'être autrement - la solidarité des pays arabes, et plus particulièrement des monarchies pétrolières du Golfe. Yasser Arafat était un manipulateur presque par nécessité, dans la jungle des organisations de résistance, parfois inféodées à des régimes plus ou moins amicaux ou hostiles. C'était aussi un autocrate, exigeant un droit de regard sur les plus petites comme sur les plus grandes choses. Véritable bourreau de travail, il se contentait de quelques petites heures de sommeil, au grand dam de collaborateurs forcés de suivre son rythme infernal. Comme un fauve aux aguets, se sachant menacé par un ennemi déterminé à l'éliminer, il était un sans-abri volontaire, se déplaçant sans prévenir par mesure de sécurité, peu soucieux de son confort. Il savait que, face à un ennemi redoutable, il fallait ruser pour survivre. Mais il devait aussi sa longévité à une certaine baraka, qui le fit tant de fois échapper miraculeusement à la mort. Ce fut notamment le cas quand, en 1982, il venait de quitter un immeuble de Beyrouth-Ouest et qu'une bombe à implosion israélienne réduisit le bâtiment en poussière ; ou encore en 1992, quand il ne souffrit que de quelques contusions après que son avion se fut écrasé dans le désert de Libye.
Obstiné jusqu'à l'entêtement, peu porté sur l'autocritique, ne s'avouant jamais vaincu publiquement - bien qu'il eût maintes fois menacé de démissionner, sa manière à lui de se faire prier -, il s'estimait investi d'une mission envers son peuple et il n'eut de cesse de la mener à son terme. Non sans avoir rabattu ses aspirations et celles des siens, pour se contenter d'une partie de la Palestine à laquelle ils rêvaient de revenir tous. Et non sans le coup de pouce d'une conjoncture qui les a forcés à admettre qu'une partie était mieux que rien. Car s'il est vrai que la proclamation de l'Etat palestinien, en 1988, impliquait déjà la reconnaissance d'Israël et l'acceptation de coexister avec lui, ce n'était qu'une virtualité. Cinq ans plus tard, l'ostracisme dont l'OLP était frappée pour avoir soutenu l'Irak lors de l'invasion du Koweït en avait fait réfléchir plus d'un, Yasser Arafat le premier.
Même alors, rien n'était vraiment joué, et c'est de haute lutte, et fort de la fidélité de la population des territoires occupés, que Yasser Arafat finit par obtenir des Etats-Unis, artisans du processus de paix mis en route à Madrid fin octobre 1990, que l'OLP soit l'interlocutrice de l'Etat juif. C'est encore de haute lutte qu'il réussit, in extremis, à faire en sorte que cette même OLP soit nominalement identifiée comme la signataire des fameux accords d'Oslo. Bref, la voie n'a jamais été facile, et le maintien de l'unité des organisations de résistance et d'un peuple écartelé entre pays d'accueil et territoires occupés n'a pas été la moindre des difficultés.
C'est en Egypte, où il est né le 4 août 1929, que Yasser Arafat est entré en politique après la création d'Israël, en 1948. Il a toujours dit avoir vu le jour à Jérusalem. Certains de ses biographes n'excluent pas cette hypothèse, son père, originaire de Gaza mais installé au Caire dès 1927, l'ayant enregistré au Caire pour qu'il bénéficie de l'enseignement gratuit ; ou encore que sa mère, Zahwa Abou Saoud, originaire de Jérusalem, ait tout simplement accouché au domicile de ses parents, mais n'ait enregistré l'enfant qu'à son retour au domicile conjugal en Egypte. Sixième d'une ribambelle de sept enfants, Mohammad Abdel Raouf Arafat Al-Koudwa Al-Husseini, qui allait rapidement être plus connu sous le nom de Yasser (qui signifie : facile à vivre) Arafat, vit au sein de sa famille en Egypte jusqu'au décès de sa mère, en 1933. Avec l'un de ses frères, Fathi - qui allait devenir le président du Croissant-Rouge palestinien -, il est alors envoyé chez l'un de ses oncles maternels, Salim Abou Saoud, à Jérusalem. Quatre ans plus tard, il regagne la capitale égyptienne, où son père s'est remarié. C'est là qu'il fait ses études. De cette période de sa vie, Yasser Arafat garde un accent égyptien, singulier pour un Palestinien.
Son premier mentor en politique est la confrérie des Frères musulmans, alors héraut de la lutte pour la libération de la Palestine. Son flirt avec la confrérie, dont il affirme n'avoir été qu'un sympathisant, lui vaut de connaître les prisons de Gamal Abdel Nasser et, plus tard, de gagner les faveurs de l'Arabie saoudite, qui accordera au Fatah et non à l'OLP les fonds alloués à la lutte contre Israël.
En 1952, avec Salah Khalaf (Abou Iyad), originaire de Gaza, Yasser Arafat prend le contrôle de l'Union des étudiants palestiniens. A ce titre, un an plus tard, il présente au général Neguib, l'homme fort de l'Egypte, une pétition rédigée en lettres de sang avec ces simples mots : "N'oubliez pas la Palestine." Mais les officiers libres qui viennent de prendre le pouvoir en Egypte ont d'autres priorités. En 1957, Yasser Arafat part pour le Koweït, où, ingénieur diplômé, il est embauché par le département des travaux publics. Il fonde ensuite sa propre société d'ingénierie, qui lui permet de devenir, à l'en croire, "presque millionnaire". C'est également à Koweït qu'il rencontre celui qui, jusqu'à son assassinat par un commando israélien à Tunis, en avril 1988, fut son plus proche compagnon : Abou Jihad, un homme aussi discret et secret qu'Arafat est flamboyant et public. Deux contraires, qui furent aussi indispensables l'un que l'autre au mouvement de libération nationale. Avec un petit groupe d'autres exilés palestiniens, rejoints par Abou Iyad, ils mettent sur pied, en octobre 1959, l'infrastructure d'une petite organisation militaire clandestine. Le Fatah est né.
Fatah signifie "conquête". C'est l'anagramme de Hataf (qui veut dire "mort"), sigle de l'appellation du mouvement : Harakat al tahrir al watani al filistini (Mouvement de libération national palestinien). Arafat a expliqué à deux de ses biographes, Janet et John Wallach, qu'il a puisé le mot Fatah dans le Coran. "C'est quelque chose qui signifie que s'ouvrent les portes de la gloire." Quant à son nom de guerre, Abou Ammar, adopté à la même époque, il fait référence à Ammar Ben Yasser, un compagnon du prophète Mahomet. Le Fatah publie un journal, Filistinouna ("Notre Palestine"), rédigé au Koweït et imprimé à Beyrouth, qui devient le point de ralliement de ceux qui veulent se battre pour la Palestine.
Onze ans plus tôt, il avait pourtant la certitude, et la majorité des Palestiniens avec lui, que ce rêve était à portée de main, qu'il suffirait de six années de négociations avec Israël - mais qu'est-ce que six années au regard de l'Histoire ? - pour qu'il devienne réalité. Au fil des ans, l'espoir est toutefois allé s'effilochant, renvoyant quasi à la préhistoire ce 13 septembre 1993, quand, sur la pelouse de la Maison Blanche, devant un parterre de personnalités internationales et sous les yeux de millions de téléspectateurs à travers le monde, un Yasser Arafat tout sourire serrait la main de l'un de ses pires ennemis, le premier ministre israélien d'alors, Itzhak Rabin. Les accords dits d'Oslo qui venaient d'être signés mettaient en principe l'un des plus vieux conflits du monde sur les rails d'une solution. Tout le monde voulait y croire. Yasser Arafat le premier, pour qui l'heure était historique, l'aboutissement d'une longue lutte, le premier acte de l'avènement de l'Etat virtuel proclamé le 15 novembre 1988, à Alger, devant un Parlement palestinien en exil en délire.
Rien, pourtant, ne permettait alors de croire que le rêve deviendrait réalité, tant les vents étaient contraires. Le défi était immense. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) était exilée de force depuis six ans en Tunisie, après avoir été expulsée du Liban. Israël, les Etats-Unis et d'autres Etats la tenaient toujours pour une centrale "terroriste". Israël s'acharnait à en liquider les dirigeants. Khalil Al-Wazir (Abou Jihad), l'une de ses figures les plus prestigieuses, les plus respectées et les plus actives, compagnon de la première heure de Yasser Arafat, avait été assassiné quelques mois plus tôt à Tunis. Les Palestiniens s'entredéchiraient et le soutien des "frères" arabes n'était ni unanime ni inconditionnel. Et pourtant, la foi chevillée au corps, Yasser Arafat voulait voir naître cet Etat palestinien pour lequel il a consacré sa vie depuis une quarantaine d'années.
Yasser Arafat, c'était d'abord et surtout cela : un homme animé par une foi inébranlable dans la justesse de la cause qu'il servait et des droits du peuple qu'il représentait. Il se souciait comme d'une guigne de l'aversion qu'il pouvait susciter et savait exploiter à merveille les témoignages de sympathie. Il conjuguait ou alternait l'action militaire et la diplomatie, savait manipuler amis et adversaires, flatter les ego et tenir en piètre estime, être familier et tenir à distance, se faire modeste et arrogant, donner généreusement et couper les vivres, ne jamais prendre pour quantité négligeable une quelconque manifestation de soutien, si humble soit-elle, ne jamais rompre définitivement les ponts avec quiconque pour ne pas insulter l'avenir.
Son courage physique n'était pas la moindre de ses qualités. Jamais Yasser Arafat n'abandonna les siens dans l'adversité. Il méprisait le luxe, mais prisait les honneurs, surtout ceux des responsables étrangers, parce qu'ils étaient autant de marques de déférence et de soutien à sa lutte, face à un ennemi qui bénéficiait de très grandes sympathies à travers le monde.
Homme aux goûts simples, il n'a jamais cherché à s'enrichir, alors même que de nombreuses personnes de son entourage l'ont fait, notamment depuis l'avènement de l'Autorité palestinienne, en 1994. Non qu'il dédaignât l'argent, mais pour lui l'argent était le nerf de la guerre, servant aussi bien à financer la lutte armée qu'à entretenir une clientèle. Il tenait lui-même les cordons d'une bourse qui fut un temps pleine à craquer, tant était financièrement généreuse - à défaut de l'être autrement - la solidarité des pays arabes, et plus particulièrement des monarchies pétrolières du Golfe. Yasser Arafat était un manipulateur presque par nécessité, dans la jungle des organisations de résistance, parfois inféodées à des régimes plus ou moins amicaux ou hostiles. C'était aussi un autocrate, exigeant un droit de regard sur les plus petites comme sur les plus grandes choses. Véritable bourreau de travail, il se contentait de quelques petites heures de sommeil, au grand dam de collaborateurs forcés de suivre son rythme infernal. Comme un fauve aux aguets, se sachant menacé par un ennemi déterminé à l'éliminer, il était un sans-abri volontaire, se déplaçant sans prévenir par mesure de sécurité, peu soucieux de son confort. Il savait que, face à un ennemi redoutable, il fallait ruser pour survivre. Mais il devait aussi sa longévité à une certaine baraka, qui le fit tant de fois échapper miraculeusement à la mort. Ce fut notamment le cas quand, en 1982, il venait de quitter un immeuble de Beyrouth-Ouest et qu'une bombe à implosion israélienne réduisit le bâtiment en poussière ; ou encore en 1992, quand il ne souffrit que de quelques contusions après que son avion se fut écrasé dans le désert de Libye.
Obstiné jusqu'à l'entêtement, peu porté sur l'autocritique, ne s'avouant jamais vaincu publiquement - bien qu'il eût maintes fois menacé de démissionner, sa manière à lui de se faire prier -, il s'estimait investi d'une mission envers son peuple et il n'eut de cesse de la mener à son terme. Non sans avoir rabattu ses aspirations et celles des siens, pour se contenter d'une partie de la Palestine à laquelle ils rêvaient de revenir tous. Et non sans le coup de pouce d'une conjoncture qui les a forcés à admettre qu'une partie était mieux que rien. Car s'il est vrai que la proclamation de l'Etat palestinien, en 1988, impliquait déjà la reconnaissance d'Israël et l'acceptation de coexister avec lui, ce n'était qu'une virtualité. Cinq ans plus tard, l'ostracisme dont l'OLP était frappée pour avoir soutenu l'Irak lors de l'invasion du Koweït en avait fait réfléchir plus d'un, Yasser Arafat le premier.
Même alors, rien n'était vraiment joué, et c'est de haute lutte, et fort de la fidélité de la population des territoires occupés, que Yasser Arafat finit par obtenir des Etats-Unis, artisans du processus de paix mis en route à Madrid fin octobre 1990, que l'OLP soit l'interlocutrice de l'Etat juif. C'est encore de haute lutte qu'il réussit, in extremis, à faire en sorte que cette même OLP soit nominalement identifiée comme la signataire des fameux accords d'Oslo. Bref, la voie n'a jamais été facile, et le maintien de l'unité des organisations de résistance et d'un peuple écartelé entre pays d'accueil et territoires occupés n'a pas été la moindre des difficultés.
C'est en Egypte, où il est né le 4 août 1929, que Yasser Arafat est entré en politique après la création d'Israël, en 1948. Il a toujours dit avoir vu le jour à Jérusalem. Certains de ses biographes n'excluent pas cette hypothèse, son père, originaire de Gaza mais installé au Caire dès 1927, l'ayant enregistré au Caire pour qu'il bénéficie de l'enseignement gratuit ; ou encore que sa mère, Zahwa Abou Saoud, originaire de Jérusalem, ait tout simplement accouché au domicile de ses parents, mais n'ait enregistré l'enfant qu'à son retour au domicile conjugal en Egypte. Sixième d'une ribambelle de sept enfants, Mohammad Abdel Raouf Arafat Al-Koudwa Al-Husseini, qui allait rapidement être plus connu sous le nom de Yasser (qui signifie : facile à vivre) Arafat, vit au sein de sa famille en Egypte jusqu'au décès de sa mère, en 1933. Avec l'un de ses frères, Fathi - qui allait devenir le président du Croissant-Rouge palestinien -, il est alors envoyé chez l'un de ses oncles maternels, Salim Abou Saoud, à Jérusalem. Quatre ans plus tard, il regagne la capitale égyptienne, où son père s'est remarié. C'est là qu'il fait ses études. De cette période de sa vie, Yasser Arafat garde un accent égyptien, singulier pour un Palestinien.
Son premier mentor en politique est la confrérie des Frères musulmans, alors héraut de la lutte pour la libération de la Palestine. Son flirt avec la confrérie, dont il affirme n'avoir été qu'un sympathisant, lui vaut de connaître les prisons de Gamal Abdel Nasser et, plus tard, de gagner les faveurs de l'Arabie saoudite, qui accordera au Fatah et non à l'OLP les fonds alloués à la lutte contre Israël.
En 1952, avec Salah Khalaf (Abou Iyad), originaire de Gaza, Yasser Arafat prend le contrôle de l'Union des étudiants palestiniens. A ce titre, un an plus tard, il présente au général Neguib, l'homme fort de l'Egypte, une pétition rédigée en lettres de sang avec ces simples mots : "N'oubliez pas la Palestine." Mais les officiers libres qui viennent de prendre le pouvoir en Egypte ont d'autres priorités. En 1957, Yasser Arafat part pour le Koweït, où, ingénieur diplômé, il est embauché par le département des travaux publics. Il fonde ensuite sa propre société d'ingénierie, qui lui permet de devenir, à l'en croire, "presque millionnaire". C'est également à Koweït qu'il rencontre celui qui, jusqu'à son assassinat par un commando israélien à Tunis, en avril 1988, fut son plus proche compagnon : Abou Jihad, un homme aussi discret et secret qu'Arafat est flamboyant et public. Deux contraires, qui furent aussi indispensables l'un que l'autre au mouvement de libération nationale. Avec un petit groupe d'autres exilés palestiniens, rejoints par Abou Iyad, ils mettent sur pied, en octobre 1959, l'infrastructure d'une petite organisation militaire clandestine. Le Fatah est né.
Fatah signifie "conquête". C'est l'anagramme de Hataf (qui veut dire "mort"), sigle de l'appellation du mouvement : Harakat al tahrir al watani al filistini (Mouvement de libération national palestinien). Arafat a expliqué à deux de ses biographes, Janet et John Wallach, qu'il a puisé le mot Fatah dans le Coran. "C'est quelque chose qui signifie que s'ouvrent les portes de la gloire." Quant à son nom de guerre, Abou Ammar, adopté à la même époque, il fait référence à Ammar Ben Yasser, un compagnon du prophète Mahomet. Le Fatah publie un journal, Filistinouna ("Notre Palestine"), rédigé au Koweït et imprimé à Beyrouth, qui devient le point de ralliement de ceux qui veulent se battre pour la Palestine.
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