Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Des BD «casher» pour les juifs orthodoxes

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Des BD «casher» pour les juifs orthodoxes

    Loin de l'univers de Superman ou du manga japonais, ces bandes dessinées, chastes et morales, ont comme super-héros des personnages tirés de la Bible et des rabbins thaumaturges

    Pour la communauté des Harédim (littéralement les "craignants Dieu"), qui vit refermée sur elle-même, boycottant télévison, internet et vidéo, considérés comme des sources de corruption morale, la BD sans sexe ni violence est une distraction acceptable et un moyen d'élever les enfants selon la tradition.

    Des dizaines d'albums illustrant des épisodes de la Bible et les aventures de célèbres rabbins remplissent les étagères des librairies des quartiers orthodoxes, à côté d'imposants et austères ouvrages pieux.

    "C'est super, les gamins adorent lire ce genre de livres et en même temps ils s'instruisent. Ce n'est pas facile d'enseigner la Bible à des enfants", explique Yom Tov Cohen, un père de famille habillé du manteau et du chapeau noir des religieux, devant une librairie de Bnei Brak, un quartier ultra-orthodoxe de la banlieue de Tel Aviv.

    Le nombre des BD religieuses a enregistré une très forte progression ces dernières années. Elles sont signées par de nombreux nouveaux auteurs, dont des femmes qui auraient utilisé des pseudonymes dans le passé mais qui aujourd'hui publient sous leur nom.

    "Cela peut surprendre mais les bandes dessinées font de plus en plus partie de la culture des Haredim", constate Eli Eshed, un critique du neuvième art.
    Ce créneau s'est encore développé avec le lancement en septembre du premier hebdomadaire de BD "casher", créé et publié par le dessinateur Dror Yisrael Cohen.

    Ce dernier respecte bien sûr la manière de vivre des juifs orthodoxes, qui considèrent avec suspicion toute nouvelle technologie.
    Cohen, qui travaille avec un ordinateur chez lui à Safed (nord d'Israël), n'est pas relié à l'internet car les rabbins ne lui ont pas donné leur autorisation. De toute façon, il ne veut pas que ses enfants y aient accès.

    D'un trait de plume il esquisse le héros du prochain numéro, un homme pauvre mais croyant qui devient riche grâce à la bénédiction d'un auguste sage juif. Il scanne ensuite son dessin et utilise son ordinateur pour le colorer.

    Pour publier son illustré chaque semaine, il doit travailler vite, ce qui se fait parfois au détriment de la qualité des dessins, déplore-t-il.

    Comme nombre de dessinateurs orthodoxes, il s'est pris de passion pour la BD quand il était enfant, éduqué dans une famille laïque. Il s'est converti à 24 ans et a abandonné le dessin pour se consacrer uniquement aux études religieuses. Ce n'est que bien plus tard qu'il s'est senti capable de revenir à la bande dessinée, raconte-t-il.

    Les auteurs de BD "casher" créent sous le contrôle strict d'un comité rabbinique qui vérifie que le contenu n'offense ni ne corrompt l'esprit des jeunes lecteurs, et qu'il respecte le commandement de la Bible sur les images ("Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre").

    "C'est une censure et je pense qu'il en faut une", estime le dessinateur Cohen: "Je fais en sorte que mes dessins aient une valeur éducative et ne polluent pas l'âme des enfants".

    Le rabbin Yisrael Ben Eliezer, le fondateur du judaïsme hassidique au 18e siècle, dont il retrace les aventures, dispose de pouvoirs surnaturels, d'origine divine, tels que la télépathie ou la vision au rayon X, mais dans certaines limites.

    "Mes héros n'auront jamais des pouvoirs comme ceux de Hulk ou Superman car cela n'a aucun sens. Ils auront certains pouvoirs dans les limites de la logique", explique le dessinateur, assis dans son modeste studio, qui sert également de chambre à coucher pour un de ses douze enfants.

    Le Matin
Chargement...
X