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Solaire : Le Maroc prend tout le monde de court !

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  • Solaire : Le Maroc prend tout le monde de court !

    Alors que l’Union européenne annonce son plan solaire méditerranéen qui devrait démarrer à la fin de l'année et que la fondation Desertec s’active –en même temps que certains pays voisins- le Maroc « concrétise » avec un vaste projet de production d’énergie solaire.

    Propre, économique, accessible et disponible, l’énergie solaire séduit plus d’un pays. Et pour cause, avec le jeu de yo-yo du prix du pétrole, les problèmes environnementaux causés par les centrales thermiques, bien des pays sont enclins à s’orienter vers l’énergie solaire. Seulement entre vouloir et pouvoir, il y a un pas que les décideurs ne franchissent pas aisément. Ce n’est pas le cas du Maroc.

    Ce dernier a dévoilé le 2 novembre 2009 un vaste projet de production d’énergie solaire d’une capacité de 2.000 mégawatts pour un investissement global de l’ordre de 9 milliards de dollars US. Réparti sur cinq sites (Ouarzazate, Laâyoune, Boujdour, Tarfaya et Ain Beni Mathar, le projet couvrira une superficie de 10.000 hectares.

    Des économies conséquentes

    Lors d'une cérémonie présidée par le Souverain à Ouarzazate (à laquelle a assisté Hilary Clinton), Amina Benkhadra, ministre de l'Energie et des Mines, a souligné qu’une fois réalisé, « ce projet permettra une économie annuelle d'un million de tonnes de pétrole, soit près de 500 millions de dollars, et évitera au Maroc l'émission de 3,7 millions de tonnes de CO2 par an ». A l’horizon 2020, le programme sera pleinement opérationnel et couvrira 42% des besoins électriques du Maroc.

    En marge de la cérémonie, Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, a estimé que ce projet « ouvre de nouveaux horizons pour les grands investissements nationaux et étrangers (…) et s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’ouverture et de partenariats entre le Maroc et plusieurs pays de son environnement ». La Ministre a déclaré que ce projet diminuera la dépendance du Maroc en matière énergétique et développera l’industrie dans ce domaine. Le projet aura aussi des retombées bénéfiques sur les régions où il sera implanté. Un choix non fortuit puisque ces régions ont « besoin de projets structurés générant de nouveaux emplois et investissements ».

    Nouvelles orientations

    Le projet de production de l’énergie solaire est l’un des premiers fruits de la nouvelle stratégie énergétique déclinée en mars dernier par l’Etat. Cette dernière s’articule, entre autres, autour du développement des énergies renouvelables dont la part devrait atteindre 10% dans le bilan énergétique et 18% dans le bilan électrique. La nouvelle stratégie vise aussi à construire un « bouquet électrique optimisé autour de choix technologiques fiables et compétitifs ».

    Pour parer au plus pressé, le ministère a adopté un Plan national d'actions prioritaires (PNAP) pour instaurer une adéquation entre l'offre et la demande électriques pour la période 2008-2012 et lancer les premières mesures d'efficacité énergétique. A moyen terme, la stratégie du ministère vise « l'utilisation du charbon propre comme source principale pour la production de base, le développement de l'éolien, la promotion de projets d'exports et le renforcement des interconnexions, constituent entre autres les objectifs de la stratégie pour le moyen terme », souligne le département de Mme Benkhadra. Pour le long terme, la stratégie prévoit des programmes stratégiques proactifs.

    Pour l’heure, le ministère de l’Energie et des Mines semble sur la bonne voie. Il vient de présenter (la semaine dernière) au Conseil de gouvernement, un projet de loi sur l’efficacité énergétique. Si les clauses de ce texte venaient à être respectées, le Maroc réaliserait une économie d’énergie de 8% de la consommation énergétique à l’horizon 2012 et de 15% à l’horizon 2030. Ce texte est considéré comme « une réponse économique bien établie pour renforcer la sécurité d'approvisionnement en énergie, mitiger le changement climatique et promouvoir le développement durable, outre la réduction de la dépendance énergétique ». En d’autres termes, ce texte vise à asseoir une efficacité énergétique dans l'utilisation des sources d'énergie, à éviter le gaspillage, à atténuer la facture énergétique et à contribuer au développement durable.

    Pour une meilleure compétitivité

    Le projet de loi présenté par le gouvernement prévoit des mesures concrètes et obligatoires pour diminuer la consommation énergétique. D’autres mesures sont également prévues comme l'instauration de l'audit énergétique dans les secteurs consommateurs d'énergie, la mise en place d'exigences d'efficacité énergétique et l'étiquetage des rendements applicables aux appareils et aux équipements. Le texte prévoit la réalisation de l'étude d'impact énergétique pour les nouveaux projets en particulier urbains et industriels et l'institution du contrôle technique. En dépit de la hausse de la consommation en raison des grands projets structurants, ces mesures devraient instaurer une adéquation entre l'offre et la demande énergétique dans le cadre du PNAP.

    Indicateur de bonne gouvernance, l’efficacité énergétique donnera plus de visibilité aux opérateurs qui cherchent à renforcer la sécurité d’approvisionnement et l’accès à l’énergie à des prix compétitifs.
    Erigée en priorité nationale, l'efficacité énergétique rendra à terme l’offre des entreprises marocaines plus compétitive, préservera l’environnement grâce aux énergies propres et favorisera une ouverture sur les marchés euro-méditerranéens de l’énergie. Reste maintenant à savoir si les opérateurs économiques suivront. Tout dépendra des mécanismes d’application de ce projet de loi.

    Energie : Une vision prospective

    Le gouvernement a décliné en juillet 2008 la stratégie énergétique du Maroc pour les années 2020-2030. Fruit de cinq mois de dur labeur, cette stratégie repose sur trois principes de base : pragmatisme, anticipation et efficacité. Cette stratégie se base sur trois principes : pragmatisme, anticipation et efficacité. Dans un premier volet, la stratégie prévoit le recours au charbon et au gaz naturel comme sources d’approvisionnement prioritaires. Ce choix devrait se traduire par l’extension du gazoduc Maghreb-Euro et GNL. Le Maroc optera aussi pour le charbon et les ressources en gaz disponibles comme sources d’approvisionnement prioritaires. L’importation du gaz naturel, de l’Algérie par exemple, deviendrait une option mineure. Parallèlement, des « scénarios alternatifs » ont été établis. Là aussi le développement du gaz se démarque en tant que « source plus importante pour la base… ». Ce choix va se traduire par l’exploration continue de deux options : l’extension du gazoduc Maghreb-Euro et du GNL. En parallèle, le programme Energipro favorisera le recours aux énergies propres. En effet, les parcs éoliens devraient produire 700 MW en 2012.

    Parmi les scénarios alternatifs, le Maroc compte renforcer l’interconnexion avec l’Espagne et l’Algérie, néanmoins notre pays cherchera à réduire sa dépendance en abordant l’interconnexion comme « une source d’arbitrage économique ». Dès lors, le Maroc passera d’une source-besoin à une source-option. Le troisième volet de la stratégie traite quant à lui de l’efficacité énergétique institutionnalisée.

    L’énergie solaire africaine éclairera l’Europe

    « 1% de la surface des déserts suffirait pour produire l’électricité nécessaire à l’ensemble de l’humanité ». Qui dit mieux ? Personne. Ni le nucléaire, ni l’énergie éolienne ou thermique ne peuvent rivaliser avec mère nature. Propre, sans effet sur l’ozone, l’énergie solaire séduit. Selon le physicien allemand Gerhard Knies, inspirateur du projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation), « Les déserts chauds couvrent environ 36 millions de km2 sur les 149 millions de km2 de terres émergées de la planète. L'énergie solaire frappant chaque année 1 km2 de désert est en moyenne de 2,2 térawattheures (TWh), soit 80 millions de TWh par an ». Une information qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. L’Union européenne a annoncé en décembre dernier son Plan solaire méditerranéen et qui va démarrer d'ici à la fin de l'année. Ce projet ambitionne d'installer des milliers de miroirs paraboliques dans le désert du Sahara. Ce dernier deviendra une gigantesque centrale solaire à concentration (CSP) qui alimentera tout le Maghreb et même l’Europe. Dès cette annonce, la Fondation Desertec, soutenue par une vingtaine d’entreprises allemandes intéressées par le projet (Deutsche Bank, RWE, Siemens et d'autres) souhaite créer dès le mois de juillet un consortium pour construire la fameuse centrale solaire en Afrique. Nom de code : Desertec.

    Les allemands ambitionnent d’installer sur plusieurs milliers de kilomètres des miroirs paraboliques qui produiront de la vapeur d’eau transformée en électricité par une turbine. Le coût total du projet s’élève à près de 400 milliards d’euros.

    Toutefois, Desertec ne fait pas l’unanimité. D’aucuns estiment que c’est une exploitation injuste des ressources des pays cibles. Pour Alain Guinebault, délégué général de l’association Gérès, Groupe énergies renouvelables et environnements, « La priorité est d’abord de rendre les pays africains plus autonomes et non pas de louer leurs terres pour exploiter le potentiel solaire ». Faux rétorquent les promoteurs du projet. Desertec permettra à l’Europe d’honorer ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et les pays africains couvriront leurs besoins énergétiques et bénéficieront d’un transfert de technologie. En somme, chacun devrait y retrouver son compte.
    Dernière modification par desert_rose, 14 novembre 2009, 10h50.
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