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La rosée du matin, source d'eau potable

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  • La rosée du matin, source d'eau potable

    Une goutte de rosée, outre son aspect poétique est source d'inspiration et de cogitation pour qui a l'esprit scientifique. En tous les cas, c'était le cas de Daniel Beysens qui a voulus aller plus loin en voyant ses vitres recouvertes de buée. Il a analysé l'agencement des gouttes, a découvert que la rosée émettait un bruit et vous ne regarderez plus la divine rosée du même regard.

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    Daniel Beysens a eu la révélation un soir, à Saclay (Essonne), il y a une dizaine d'années. Dans sa voiture, les vitres s'étaient couvertes de buée. Phénomène banal mais qui, ce jour-là, a attiré l'attention de cet ingénieur du CEA travaillant désormais au laboratoire Hydrodynamique et mécanique physique de l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles (ESPCI).

    En bon scientifique, il analyse l'agencement des gouttes, découvre qu'elles ne se déposent que sur 55 % de la surface, qu'elles grossissent en fonction des impuretés présentes sur le support, que la rosée émet un bruit... Comment capter cette source infinie d'eau pure ? Comment collecter cette vapeur invisible qui se transforme en gouttelettes aux heures froides du petit matin ? A-t-on déjà rêvé de boire la rosée ?

    M. Beysens apprend qu'il n'est pas le premier passionné. En 1900, en Crimée, l'ingénieur russe Friedrich Zibold découvre des cônes géants en pierre d'environ 600 m3 de volume. Pensant qu'il s'agit de condenseurs de rosée pour alimenter l'ancienne ville de Feodosia, il tente de les reconstruire avant d'abandonner en 1915. Daniel Beysens, lui, veut aller jusqu'au bout.

    "Il fallait concevoir un capteur capable de se refroidir le plus possible, la nuit, afin que la vapeur d'eau présente dans l'atmosphère se condense sur ses parois", explique-t-il. Il décide d'exploiter le rayonnement infrarouge des objets. "Si le ciel est clair, ce rayonnement compris entre 7 et 14 microns de longueur d'onde n'est pas arrêté par les nuages et s'échappe dans l'espace. Les objets perdent ainsi 3 °C à 6 °C, parfois même 10 °C, par rapport à l'air ambiant", précise le chercheur.

    M. Beysens a conçu différents condenseurs, en forme de simples pans inclinés ou de parapluies inversés. Il a calculé qu'il est théoriquement possible d'obtenir 0,6 litre par mètre carré de capteur. Pour approcher ce résultat, l'air doit être gorgé d'eau (75 % à 80 % d'humidité au moins) et l'objet incliné à 30° pour le protéger du vent et favoriser l'écoulement de l'eau. Le chercheur a mis au point plusieurs matériaux afin d'optimiser le rayonnement.

    "Nous travaillons à l'établissement d'une cartographie mondiale des sites de rosée", indique M. Beysens. Déjà, trois expériences sont menées en Croatie, en Inde et en Polynésie française. En Corse, à Vignola, un capteur sert aux mesures expérimentales. M. Beysens veut sensibiliser les populations qui manquent d'eau à cette source méconnue. Il indique ainsi que de simples gouttières posées sous un toit en tôle donnent déjà des résultats. Au lieu de s'évaporer au soleil, la précieuse rosée est alors récoltée chaque matin clair.

    Source: le Monde
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