Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L'âne en voie de disparition en Kabylie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L'âne en voie de disparition en Kabylie

    L’âne, ce docile animal qui a depuis la nuit des temps accompagné l’homme dans ses durs labeurs est à l’heure actuelle en voie de disparition et cela pour diverses raisons.

    La plus importante à notre avis étant le fait qu’en Kabylie, existe une coutume qui dissuade les citoyens d’élever ou d’acheter une femelle (ânesse) une coutume vigoureusement suivie sans que personne ne soit en mesure d’expliquer la raison ou son objectif.

    Bête rustique et résistante grâce à laquelle elle a participé à la construction dans la Kabylie comme l’a souligné Matoub, l’âne n’est pas exigeant en matière de nourriture, par conséquent facile à entretenir.

    Il n’y a pas longtemps, il accompagnait les campagnards de Kabylie dans toutes leurs activités quotidiennes servant de monture sur les chemins escarpés ou pour le transport de lourds fardeaux, il est aussi fréquent, qu’il soit utilisé en bête de trait pour les labours.

    La seule saison où ce paisible animal devient turbulent et capricieux est le printemps car repu d’herbe fraîche, il ne rate aucune occasion pour évacuer le surplus d’énergie en donnant libre cours à sa joie de vivre par des ruades et surtout engager d’interminables combats contre ses semblables. Le concert de braiements qui égayaient jadis nos campagnes créant une animation particulière n’est désormais plus qu’un vieux souvenir.

    L’âne se fait si rare que c’est tout un événement qui se crée sur son passage devant une école ou dans une cité populaire. Les enfants accourent et se bousculent pour le voir de prés et l’admirer.

    L’exode rural généralisé vers les centres urbains est une autre raison de sa régression, c’est la mort dans l’âme que ces campagnards déplacés, se sont séparés de leurs compagnons de toujours devant l’impossibilité de le nourrir ou le parquer faute de place pour aménager une étable.

    « J’aime l’âne si doux _ marchant le long des houx » disait LA FONTAINE qui a longtemps séjourné en Afrique du nord et cela, après l’avoir étudié et découvert ses nombreuses qualités en particulier l’endurance et surtout son utilité pour l’homme.

    C’est avec nostalgie et une émotion non feintes que les anciens se lancent dans l’évocation des prouesses de l’une de ces bêtes qu’ils leur est arrivée de posséder dans leur jeunesse.

    Le fait que la coutume relatée soit strictement appliquée a fait que la reproduction de l’âne est quasiment inexistante en Kabylie, c’est une région où ne subsistent encore que quelques rares spécimens de l’un des plus fidèles et des plus anciens compagnons des montagnards. En plus des services rendus pour le travail des champs, l’âne a énormément participé à la guerre de Libération en transportant des vivres, des armes et surtout des blessés grâce à son pas assuré, sa force et son agilité, caractéristiques qui lui permettent de grimper les terrains abruptes et escarpés ; de plus, il ne pose aucun problème pour sa nourriture, dans le maquis, il se contente des touffes de chaumes et des branchages verts, sa robe souvent mauve ou grise lui sert de «camouflage» difficilement repérable, non ferré , il ne laisse aucune trace sur son passage ; des avantages et atouts considérables pour les maquisards. Abordez n’importe quel ancien moudjahid, il évoquerait cette bête avec respect et émotion.

    Par Oulaid Soualah, La Dépêche de Kabylie
Chargement...
X