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Sur la route de Khartoum

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    SUR LA ROUTE DE KHARTOUM
    par K. Selim
    Ruée vers les agences d'Air Algérie. Aller vers Khartoum et... faire gagner les Verts. One Two Three... Les supporters de l'équipe algérienne continuent à y croire. Ils seront au Soudan pour encourager leur équipe avec d'autant plus de force ou de hargne qu'ils ont le sentiment, justifié, que leurs joueurs ont subi une situation inacceptable.

    Dans les rapports, peu cordiaux, entre l'Algérie et l'Egypte, cette ultime affaire laissera des traces. Beaucoup de traces même car ce ne sont plus des cercles politiques restreints qui se sont sentis concernés par ce qui s'est passé au Caire. On a pu le constater même chez des intellectuels arabophones, traditionnellement dans une relation de sujétion avec l'Egypte et suspectant toujours des manoeuvres contre «l'arabité». Il faut en faire le constat, même si dans les milieux intellectuels algériens on rappelle, de manière fort raisonnable, que l'Egypte ce n'est pas seulement des hooligans et qu'elle n'est pas réductible aux apparatchiks qui sont semblables - ou qui ont servi de modèles - à ceux des autres «absurdistans» arabes. C'est une évidence qu'il est sain de rappeler.

    Mais les moyens de communications modernes, assurant une diffusion intense des évènements, ont créé un impact plus lourd : quelque chose s'est bien rompu avec l'Egypte, même si des Algériens continueront à apprécier les écrivains et les artistes égyptiens. Que des nervis ou tout simplement des jeunes - encouragés ou laissés libres de le faire - caillassent le bus des footballeurs algériens, aurait pu passer pour un incident, s'il n'y avait eu l'insupportable attitude des officiels et des médias égyptiens. La manipulation de la rue et des bas instincts par des voyous en costume, qui ne jettent pas de pierres mais répandent leur poison dans l'opinion, a démontré son efficacité au Caire.

    Il reste que si l'on est légitimement écoeuré par ces comportements arrogants et violents, la pire des choses serait de les dupliquer en Algérie, de verser dans une absurde vendetta et de répliquer à la bêtise haineuse avec les mêmes arguments. On ne peut plus affirmer que ce «n'est qu'un match». C'est devenu, même si l'on n'aime pas cela, plus qu'un match. Les dégâts occasionnés par le guet-apens du Caire sont trop lourds et les esprits ont été trop échauffés pour parvenir à ramener les choses à cette simple dimension.

    Il reste pourtant, au milieu de l'exacerbation des passions, une place pour la raison. Les médias, même s'il est de leur rôle de «traduire» les sentiments de l'opinion, ne doivent pas oublier qu'ils sont tenus par des règles déontologiques élémentaires : ne pas diffuser de fausses informations, ne pas appeler à la haine et à la violence. Les médias ne sont pas des hooligans. Les citoyens, pas seulement l'Etat, ont aussi le devoir de veiller à ce qu'aucune violence ne vienne toucher des expatriés égyptiens. Le comportement strictement imbécile et vulgaire des élites officielles égyptiennes et de quelques égarés ne met pas en cause le peuple égyptien et encore moins les ressortissants de ce pays qui vivent en Algérie. Il ne faudrait pas le perdre de vue sur la route de Khartoum.

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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