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Lundi, 16 Novembre 2009 13:55
Un coup de fil d’une avocate qui dit s’appeler Me Mehdi, nous apprend qu’Alger a l’intention d’intenter un procès à notre journal pour avoir les preuves des charges retenues par les autorités marocaines contre les 7 « séparatistes de l’intérieur » arrêtés à leur retour de Tindouf.
Lundi 9 novembre, aux alentours de 13h 30, le téléphone sonne au journal « le Reporter ». A cette heure-là, la standardiste n’est pas encore revenue de sa pause-déjeuner. N’importe qui, dans la salle de rédaction, peut prendre l’appel sur son poste. Ce que fait la rédactrice en chef qui attendait un appel, croyant que c’était l’appel attendu. Au bout du fil, une voix de femme qui explique ce qu’elle veut : parler à un responsable du journal au sujet de l’article publié par « le Reporter », sur papier et sur site, où l’affaire des 7 Sahraouis « séparatistes de l’intérieur » est relatée et leur arrestation expliquée.
« Nous avons l’intention de vous attaquer en justice », lance-t-elle d’emblée, poursuivant : « vous portez des accusations graves, en avez-vous des preuves ? ».
Des accusations graves contre qui ? La dame explicite : « quelles preuves avez-vous de la réunion de ces Sahraouis avec les responsables algériens ? (NDLR : il s’agit de la réunion des 7 séparatistes avec les trois responsables de la sécurité militaire algérienne). C’est une réunion secrète et vous dites avoir des preuves. Quelles preuves avez-vous ? Avez-vous des photos, des enregistrements sonores… ? ».
Notons que la dame –qui ne dit pas encore qui elle est ni au nom de qui elle parle- ne nie pas que la réunion ait eu lieu. Au contraire, elle confirme par son propos qu’il y a bien eu une « réunion secrète ». Elle ne nie pas l’existence des documents remis aux 7 séparatistes et qui ont été trouvés en leur possession à leur retour de Tindouf. Tout ce qu’elle veut, ce sont les preuves que nous détenons.
Elle réaffirme son intention (et, dans un « nous » énigmatique, celle de ceux qu’elle représente) de venir au Maroc pour nous attaquer devant la justice marocaine. Nous lui souhaitons la bienvenue devant nos tribunaux. Mais elle se demande si elle et ceux qui l’accompagneront ne seront pas arrêtés aux frontières ou expulsés.
C’est ce que son pays, l’Algérie, n’a pas cessé de faire avec les journalistes marocains et avec toute personne venant du Maroc qui ne soutient pas le Polisario. L’exemple le plus récent date d’une semaine à peine. Des journalistes, un avocat (Me Lahbib Hajji) et des anciens torturés de Tindouf ont été expulsés manu militari dès leur arrivée à Alger.
Quand nous lui rappelons cela, la dame se lance dans un réquisitoire anticipé qui durera bien une quarantaine de minutes. Au passage, nous l’interrogeons sur son identité. Elle dit s’appeler Me Mehdi, mais refuse de donner le nom de son cabinet et son numéro de téléphone. « Vous aurez tout en temps voulu. Nous préparons d’abord notre dossier », se contente-t-elle de nous lancer, nous obligeant à notre tour à nous contenter de cette réponse.
Mais, à travers la polémique qui s’est engagée avec elle, il est clairement apparu qu’il ne s’agit pas d’une avocate qui s’occupe des conflits matrimoniaux.
Me Mehdi – si tel est son vrai nom- semble même être spécialisée dans les relations maroco-algériennes et l’affaire du Sahara. En tout cas, elle parlait au nom des autorités algériennes, sans nous donner à ce sujet des indications précises (qui parmi les autorités algériennes l’avait mandatée pour nous faire parvenir l’intention d’Alger de nous attaquer en justice ?)
En une demi heure d’échange assez virulent, malgré sa voix de dompteur de fauves (voix douce qui cherche à dompter le fauve, mais dont la douceur peut cacher un sentiment assassin du dompteur), elle nous a débité tous les clichés que l’on retrouve dans la presse aux ordres des militaires algériens.
- Le Maroc est une monarchie féodale (venant de quelqu’un qui vit dans le paradis démocratique qu’est l’Algérie militaire, nous avons trouvé cela cocasse).
- Les droits de l’homme et de la liberté d’expression y sont violés (pour la dame, il est tout à fait normal qu’un journaliste algérien -Benchicou- aille en prison pour avoir menti sur le compte du Président Bouteflika, mais qu’un journaliste marocain connaisse le même sort pour le même délit à l’encontre du Roi, c’est un effet de la monarchie féodale).
- La presse marocaine (dont la dame a énuméré les titres, un par un. C’est dire l’étendue de ses connaissances…) est au service du pouvoir. Celle d’Alger est libre. On y dit et écrit tout ce qu’on veut (Ben, voyons !) et on n’y écrit que la vérité...
- La souveraineté du Maroc sur le Sahara n’est pas reconnue (nous lui faisons remarquer que celle du Polisario non plus et encore moins celle de l’Algérie)…
Bref, tout y passe. Et la dame que nous avons plusieurs fois invitée à mettre un terme à cet échange sans issue (quand le ton monte, le niveau baisse) et à nous retrouver tout simplement, comme elle et ses commanditaires le souhaitaient, devant les tribunaux, ne s’arrêtait plus. Semblant avoir détraqué son bouton « off », elle poursuivait sur sa diatribe, parlant toute seule et sans même se donner le temps de reprendre son souffle, au point que nous avons été obligés… De raccrocher.
Nous en saurons plus lorsque nous recevrons la notification de la plainte qui aura été déposée contre nous devant la justice.
Quant à la plainte en elle-même, nous y sommes prêts. Nous l’attendons de pied ferme.
Le Reporter
Un coup de fil d’une avocate qui dit s’appeler Me Mehdi, nous apprend qu’Alger a l’intention d’intenter un procès à notre journal pour avoir les preuves des charges retenues par les autorités marocaines contre les 7 « séparatistes de l’intérieur » arrêtés à leur retour de Tindouf.
Lundi 9 novembre, aux alentours de 13h 30, le téléphone sonne au journal « le Reporter ». A cette heure-là, la standardiste n’est pas encore revenue de sa pause-déjeuner. N’importe qui, dans la salle de rédaction, peut prendre l’appel sur son poste. Ce que fait la rédactrice en chef qui attendait un appel, croyant que c’était l’appel attendu. Au bout du fil, une voix de femme qui explique ce qu’elle veut : parler à un responsable du journal au sujet de l’article publié par « le Reporter », sur papier et sur site, où l’affaire des 7 Sahraouis « séparatistes de l’intérieur » est relatée et leur arrestation expliquée.
« Nous avons l’intention de vous attaquer en justice », lance-t-elle d’emblée, poursuivant : « vous portez des accusations graves, en avez-vous des preuves ? ».
Des accusations graves contre qui ? La dame explicite : « quelles preuves avez-vous de la réunion de ces Sahraouis avec les responsables algériens ? (NDLR : il s’agit de la réunion des 7 séparatistes avec les trois responsables de la sécurité militaire algérienne). C’est une réunion secrète et vous dites avoir des preuves. Quelles preuves avez-vous ? Avez-vous des photos, des enregistrements sonores… ? ».
Notons que la dame –qui ne dit pas encore qui elle est ni au nom de qui elle parle- ne nie pas que la réunion ait eu lieu. Au contraire, elle confirme par son propos qu’il y a bien eu une « réunion secrète ». Elle ne nie pas l’existence des documents remis aux 7 séparatistes et qui ont été trouvés en leur possession à leur retour de Tindouf. Tout ce qu’elle veut, ce sont les preuves que nous détenons.
Elle réaffirme son intention (et, dans un « nous » énigmatique, celle de ceux qu’elle représente) de venir au Maroc pour nous attaquer devant la justice marocaine. Nous lui souhaitons la bienvenue devant nos tribunaux. Mais elle se demande si elle et ceux qui l’accompagneront ne seront pas arrêtés aux frontières ou expulsés.
C’est ce que son pays, l’Algérie, n’a pas cessé de faire avec les journalistes marocains et avec toute personne venant du Maroc qui ne soutient pas le Polisario. L’exemple le plus récent date d’une semaine à peine. Des journalistes, un avocat (Me Lahbib Hajji) et des anciens torturés de Tindouf ont été expulsés manu militari dès leur arrivée à Alger.
Quand nous lui rappelons cela, la dame se lance dans un réquisitoire anticipé qui durera bien une quarantaine de minutes. Au passage, nous l’interrogeons sur son identité. Elle dit s’appeler Me Mehdi, mais refuse de donner le nom de son cabinet et son numéro de téléphone. « Vous aurez tout en temps voulu. Nous préparons d’abord notre dossier », se contente-t-elle de nous lancer, nous obligeant à notre tour à nous contenter de cette réponse.
Mais, à travers la polémique qui s’est engagée avec elle, il est clairement apparu qu’il ne s’agit pas d’une avocate qui s’occupe des conflits matrimoniaux.
Me Mehdi – si tel est son vrai nom- semble même être spécialisée dans les relations maroco-algériennes et l’affaire du Sahara. En tout cas, elle parlait au nom des autorités algériennes, sans nous donner à ce sujet des indications précises (qui parmi les autorités algériennes l’avait mandatée pour nous faire parvenir l’intention d’Alger de nous attaquer en justice ?)
En une demi heure d’échange assez virulent, malgré sa voix de dompteur de fauves (voix douce qui cherche à dompter le fauve, mais dont la douceur peut cacher un sentiment assassin du dompteur), elle nous a débité tous les clichés que l’on retrouve dans la presse aux ordres des militaires algériens.
- Le Maroc est une monarchie féodale (venant de quelqu’un qui vit dans le paradis démocratique qu’est l’Algérie militaire, nous avons trouvé cela cocasse).
- Les droits de l’homme et de la liberté d’expression y sont violés (pour la dame, il est tout à fait normal qu’un journaliste algérien -Benchicou- aille en prison pour avoir menti sur le compte du Président Bouteflika, mais qu’un journaliste marocain connaisse le même sort pour le même délit à l’encontre du Roi, c’est un effet de la monarchie féodale).
- La presse marocaine (dont la dame a énuméré les titres, un par un. C’est dire l’étendue de ses connaissances…) est au service du pouvoir. Celle d’Alger est libre. On y dit et écrit tout ce qu’on veut (Ben, voyons !) et on n’y écrit que la vérité...
- La souveraineté du Maroc sur le Sahara n’est pas reconnue (nous lui faisons remarquer que celle du Polisario non plus et encore moins celle de l’Algérie)…
Bref, tout y passe. Et la dame que nous avons plusieurs fois invitée à mettre un terme à cet échange sans issue (quand le ton monte, le niveau baisse) et à nous retrouver tout simplement, comme elle et ses commanditaires le souhaitaient, devant les tribunaux, ne s’arrêtait plus. Semblant avoir détraqué son bouton « off », elle poursuivait sur sa diatribe, parlant toute seule et sans même se donner le temps de reprendre son souffle, au point que nous avons été obligés… De raccrocher.
Nous en saurons plus lorsque nous recevrons la notification de la plainte qui aura été déposée contre nous devant la justice.
Quant à la plainte en elle-même, nous y sommes prêts. Nous l’attendons de pied ferme.
Le Reporter
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