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Jour de soleil pour les enfants trisomiques à Alger

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  • Jour de soleil pour les enfants trisomiques à Alger

    L’Établissement arts et Culture a mis en place, en collaboration avec l’Anit (Association nationale pour l'insertion scolaire et professionnelle des trisomiques), un programme d’activités culturelles en direction des enfants trisomiques.

    Chaque mardi, la bibliothèque jeunesse de Didouche-Mourad ouvre ses portes à cette frange de la population avide de mettre une palette de couleurs dans une vie un peu monotone.

    Si les enfants porteurs de trisomie 21 traînent habituellement les pieds pour aller à l’école, ils sont, au contraire, d’une humeur joyeuse au saut du lit le mardi. Et pour cause, ils savent qu’une matinée pleine d’activités manuelles les attend au siège de l’établissement Arts et Culture de la rue Didouche-Mourad. Dalel artiste-peintre et animatrice a déjà tout prévu pour le trimestre à venir. «Des travaux manuels certes mais aussi des ateliers de contes ainsi que des pièces théâtrales», affirme-t-elle. Les enfants arrivent par petites grappes accompagnés par leurs parents. Hassina 51 ans), s’attarde un peu, le temps de voir son petit Amine (10 ans) prendre ses quartiers. «Depuis qu'il participe à ces ateliers, je le sens plus épanoui, confie-t-elle. Amine est scolarisé à Châteauneuf où une classe est aménagée aux trisomiques 21». Et d’ajouter : «C’est mon unique enfant. Je l’ai eu vers 42 ans... même s’il ne sera jamais comme les autres, je le pousse à suivre une scolarité et à avoir des activités».

    Une souris verte

    Warda, Dalel et Chams les éducatrices de l’établissement Arts et Culture, s’affairent autour des enfants. Warda découpe sur une fiche cartonnée, un modèle qui servira à la réalisation d’une petite souris. «Nous encadrons une trentaine d’enfants dont l’âge oscille entre 6 et 14 ans, dit-elle, quant au groupe adulte, il compte des adhérents qui ont entre 20 et 30 ans». Au menu ce matin, travaux de découpage et de collage pour les petits. Visiblement, un des enfants peine à se servir des ciseaux. Chams se précipite pour lui venir en aide. «Ils sont juste un peu plus lents que les autres enfants, mais sont calmes et attentionnés », lance-t-elle.

    Fibre artistique

    De l’autre côté de la salle, Amel, Fodil, Naïma, Sana et Salah, le groupe des adultes, laissent libre cours à leur fibre artistique sous la houlette de Dalel. Aujourd'hui, ils confectionnent un joli miroir : une pièce en contre-plaqué circulaire qu’ils ont pris le soin de peindre et sur laquelle ils ont ajusté un miroir qu’ils s’appliquent à décorer. Amel est la doyenne, âgée de 30 ans, elle nous dira qu’elle se sent très bien à chaque fois qu’elle fait de la peinture. Nous avons également rencontré sur place les parents d’autres enfants trisomiques. Parmi eux, les membres du bureau de l’ANIT. «Nous sommes fiers du chemin parcouru depuis 1992 pour l’insertion de nos enfants dans la société», nous révèle Mme Aberkane. «Pris à temps, ils développent de bonnes capacités aussi bien dans les études que dans d’autres activités artistiques». Mme Hamada, également membre du bureau de l’ANIT se joint à la conversation : «Les mentalités sont toujours fermées et les tabous pèsent toujours au sujet de cette maladie. N’a-t-on pas vu un couple de médecin cacher leur enfant trisomique pendant une quarantaine d’années ? Par ailleurs, nos enfants sont souvent l’objet de railleries. Ils sont considérés comme des bêtes curieuses qu’on dévisage avec un sourire moqueur dans la rue», dénonce-t-elle.

    Ségrégation

    Un avis partagé par Mme Belhadi, maman d’une fillette trisomique : Sana (13 ans). «Ma fille a été mise en quarantaine par sa propre institutrice qui l’avait mise au fond de la classe interdisant à ses camarades de lui adresser la parole», regrette-t-elle. Quant à cette mère de famille venue de Tipasa, elle regrette l’inexistence de structure spécialisée dans cette ville. «Mon fils âgé de 12 ans est scolarisé à Châteauneuf, confie-t-elle, pour lui éviter les allers-retours Alger- Tipasa et vice-versa, je le laisse à la garde d’une nourrice moyennant 10 000 DA mensuel.

    Un éclatement de notre cellule familiale qui pourrait être résolu avec la création d’une classe pour ces enfants à Tipasa». Rappelons que la trisomie 21 est une aberration chromosomique handicapante sur le plan intellectuel et physique. Il y aurait, selon l’ANIT, deux nouveaux-nés trisomiques par jour en Algérie. Un suivi dès le stade précoce (orthophonie, psychomotricité...) donne d’excellents résultats.

    Avec la collaboration des établissements Arts et Culture, qui ont mis à leur disposition un espace de loisirs, les enfants porteurs de trisomie 21 attendent fébrilement le mardi, un jour pas comme les autres !

    Par le Soir
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