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«This is hepatitis», une campagne pour faire pression sur l’OMS et les gouvernements

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  • «This is hepatitis», une campagne pour faire pression sur l’OMS et les gouvernements

    La Tribune: Nous nous sommes rencontrés pour la première fois au congrès d’hépatologie de Milan (EASL 2008), puis à Alger l’année dernière, en
    passant par le congrès de l’AASLD de San Francisco 2008, et nous voilà au 60e congrès d’hépatologie de l’AASLD à Boston… Quel est le chemin parcouru, depuis, par l’Alliance mondiale des hépatites ?


    Charles Gore, président de l’Alliance mondiale contre les hépatites
    : Cela fait effectivement un long chemin (rires). Je dois dire que l’épidémie mondiale poursuit sa progression inquiétante. Aujourd’hui, il est regrettable de constater que les hépatites virales touchent 500 millions de personnes dans le monde, soit 15 fois plus que le sida. Mais en dépit de ces chiffres choquants, les efforts des gouvernants pour freiner l’évolution de ces virus meurtriers demeurent insuffisants. Nous devons absolument redoubler d’efforts pour empêcher que les hépatites ne fassent 1,5 million de morts avant la prochaine réunion de l’Assemblée mondiale de la santé en 2010.

    Vous aviez annoncé lors du congrès de l’EASL 2008, à Milan, que vous alliez faire pression sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour qu’elle reconnaisse les hépatites virales au même titre que le sida, le paludisme ou la tuberculose ? Qu’en est-il aujourd’hui ?


    En effet, la World Hépatitis Alliance s’est engagée à faire pression sur l’OMS afin que cette structure onusienne accorde la même importance aux hépatites qu’aux maladies citées.

    D’ailleurs, une résolution relative à l’hépatite virale devait être débattue, lors de la 62e Assemblée mondiale de la santé, en mai 2009 à Genève, mais celle–ci a été écourtée en raison des efforts mondiaux consacrés à combattre la grippe H1N1. Mais malgré cet ajournement, nous espérons travailler avec le conseil de direction de l’OMS et les gouvernements du monde entier afin d’assurer le passage d’une résolution en mai 2010 et, par conséquent, l’adoption d’une stratégie complète et coordonnée avant d’enregistrer de nouvelles victimes. Apparemment, il y a un début de volonté de la part de l’OMS de prendre en charge la question des hépatites et cela ne peut que nous réjouir et nous encourager à aller de l’avant.
    Donc, l’année 2010 devrait être une année décisive dans la lutte contre les hépatites dans le monde. J’estime que les gouvernements doivent prendre des mesures d’urgence afin de stopper l’hécatombe. Chaque pays est appelé à mettre en place une stratégie spécifique.

    Ne pensez-vous pas que la situation est d’autant plus intenable dans les pays africains où l’accès au traitement est difficile ?


    Absolument. J’estime que les pays africains et les pays en développement restent des régions à forte prévalence. Rien qu’en Egypte, on compte entre 12 et 15 millions d’hépatite C.
    Au Nigeria, on estime que 17 millions de personnes sont porteuses des virus B et C. C’est énorme.

    Dans ces pays, le manque d’information sur les hépatites est flagrant. Aujourd’hui, il n’est plus possible de se permettre d’ignorer ces maladies et les gouvernements et l’OMS doivent agir. Je crois que si l’organisation onusienne adopte une résolution et met en place une stratégie mondiale, les Etats vont suivre et s’impliquer dans la lutte contre cet immense problème de santé publique.

    Face à ce sombre tableau, la Journée mondiale de lutte contre les hépatites, célébrée le 19 mai, prend une résonance particulière avec le lancement cette année d’une campagne de sensibilisation à grande échelle. Pouvez-vous nous en parler un peu plus ?


    Oui, nous avons choisi le congrès AASLD de Boston pour lancer notre campagne avec comme thème «This is Hepatitis» (Ce sont des hépatites). Une campagne de portée planétaire qui vise à montrer l’impact des hépatites virales sur l’état physique et émotionnel des malades et toute la détresse des porteurs des virus B et C, de par le monde, à travers des témoignages vivants.

    L’idée est de recueillir des témoignages du monde entier et dans les différentes langues. Nous espérons, évidemment, qu’il y aura un témoignage de l’Algérie. Nous recherchons en outre 12 blogueurs, dans le monde, prêts à raconter leur histoire, à partager leurs expériences. Chaque témoignage sera illustré par une photo, et le nom de la personne qui accepte de témoigner. Ceux qui ne veulent pas dévoiler leur identité, de crainte de perdre leur emploi, par exemple, ou pour une toute autre raison, pourront mettre un mot pour expliquer ce qui les a poussés à vouloir garder l’anonymat. A travers ces actions, nous voulons en quelque sorte destigmatiser ces maladies de plus en plus fréquentes. Nous avons dans ce cadre, appelé toutes les associations à trouver des personnes prêtes à témoigner via le Net. Autre action phare de notre campagne : la réalisation d’un documentaire avec les nombreux témoignages de malades issus des quatre coins de la planète, qui sera diffusé le 19 mai, date de la célébration de la Journée mondiale des hépatites.

    Quels sont les messages que vous voulez passer à travers cette campagne ?

    Cette campagne vise à faire passer plusieurs messages relatifs à la maladie, notamment l’amélioration de la sensibilisation, le diagnostic, la prévention, le
    traitement et la prise en charge de l’hépatite. Notre but est aussi d’augmenter le degré de sensibilisation aux hépatites B et C, et de développer la volonté politique pour combattre ces maladies comme c’est le cas pour le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme. Il s’agira aussi de prévenir de nouvelles infections et améliorer la santé des personnes atteintes d’hépatite. Une plus grande sensibilisation permettra aussi d’améliorer le financement au niveau mondial et réduira l’opprobre social et la discrimination dont souffrent de nombreuses personnes.

    Quel est le plan d’action de l’Alliance mondiale des hépatites pour freiner l’hécatombe ?

    Notre plan d’action repose sur plusieurs aspects. Pour mieux lutter contre ces maladies, nous essayons de mener des actions de concert avec les leaders mondiaux de la santé, notamment l’OMS, et de collaborer avec les gouvernements en vue d’éradiquer ces maladies de notre planète.
    Parmi nos lignes de force, comme je l’ai dit précédemment, l’amélioration de la sensibilisation, la prévention, les soins, la prise en charge et l’accès aux
    traitements. Je rappelle que face à un manque choquant de statistiques mondiales, WHA a créé la première ressource mondiale sur l’hépatite : l’Atlas de l’hépatite. Il s’agit du premier recueil public mondial sur les statistiques et les informations relatives aux hépatites virales chroniques B et C. J’estime, par ailleurs, que le dépistage demeure indispensable. Se faire dépister permet d’augmenter les chances de guérison du malade.

    La prévention revêt également une importance capitale.

    Elle passe notamment, par la vaccination contre l’hépatite B. Sur ce point, nous en sommes encore loin. Je suis en faveur d’une couverture vaccinale maximale.

    Il est nécessaire, à mon avis, d’élargir la vaccination à toutes les personnes à risque, pas simplement le personnel médical.

    Faciliter l’accès au traitement doit être également une priorité.

    L’accent doit être mis également sur l’intérêt d’un meilleur système de surveillance aux niveaux local, national et international. Il faut déployer davantage d’efforts pour que les hépatites virales soient en tête des programmes de santé nationaux et internationaux.

    Les modes de contamination des hépatites diffèrent d’un pays à un autre. En Algérie, selon une récente enquête, près de 70% dentistes seraient responsables de contamination car ne disposant pas de moyens de stérilisation de matériel, notamment d’autoclaves. Qu’en pensez-vous ?

    Ces statistiques sont choquantes mais très crédibles. On sait bien que dans le monde, ce souvent les interventions médicales ou dentaires qui sont,
    responsables des contaminations.
    Le manque de stérilisation est souvent incriminé car il existe un réel risque de transmission de virus de malade à malade par du matériel mal stérilisé. Or, c’est souvent le cas, notamment dans les pays en développement.

    Comme tous les congrès scientifiques, celui de Boston est une occasion de dévoiler des études sur de nouveaux traitements susceptibles d’augmenter les chances de guérison des malades. Pensez-vous que la recherche avance bien dans ce domaine ?


    Absolument. Je pense que le congrès de Boston est une formidable occasion de parler des progrès immenses de la recherche en matière de traitement des hépatites. Il y a d’ailleurs beaucoup de recherches réalisées par les laboratoires pharmaceutiques.

    On parle d’une dizaine de nouvelles molécules qui vont venir les cinq prochaines années, ce qui représente un espoir certain pour des millions de malades à travers le monde.

    Des études, présentés à cette occasion, montrent que l’interféron et la ribaviririne associé à des inhibiteurs –polymérase et des inhibiteurs de protéases- peuvent augmenter les chances de guérison pour l’hépatite C jusqu’à 75%.

    Le congrès a annoncé aussi des essais réalisés sans interféron ni ribavirine, mais en comptant seulement sur les inhibiteurs susmentionnés. Il apparaît, ainsi un taux de succès de 20%. Ce traitement pourrait être destiné aux personnes qui ne tolèrent pas ou qui ne répondent pas au traitement de la bithérapie. Evidemment, ces nouvelles molécules en sont encore au stade expérimental

    Par la Tribune
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