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L'armée britannique et la stratégie du sac d'or en Afghanistan

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  • L'armée britannique et la stratégie du sac d'or en Afghanistan

    Remplacer les «armes» par des «sacs d'or». Voilà en substance ce que conseille le nouveau manuel de directives à destination des nouveaux soldats britanniques en Afghanistan, publié lundi. Ce document, dont le Times reprend les grandes lignes, recommande aux officiers de payer les Afghans tentés de rejoindre les talibans. La stratégie consiste à payer les «hommes sans emplois» plus de 10 dollars par jour, salaire qui leur est proposé pour rejoindre les rangs des talibans et qui est cinq fois supérieur au revenu moyen des Afghans. Cette dépense, qui s'annonce lourde, n'a pas encore été intégrée au budget de la défense britannique.

    Un aveu d'échec de la stratégie militaire occidentale en Afghanistan ? Le commandement militaire britannique semble en tout cas assumer cette pratique. Lors de la présentation à Londres du manuel, le général Paul Newton, responsable du développement de la stratégie de l'armée était présent. Ancien responsable de l'entraînement et de l'armement des sunnites irakiens qui s'étaient retournés contre al-Qaida, il assure que «les meilleures armes pour contrer les insurgés, c'est de ne pas tirer. En d'autres mots, utiliser des sacs d'or à court terme pour changer la dynamique de la sécurité. Mais il ne faut pas simplement agiter l'or devant eux, il faut le faire avec prudence».

    Financer des projets ?


    Le manuel recommande donc aux soldats britanniques d'être attentifs à la dépense. L'officier de terrain ne doit pas «être trop généreux. Il risque sinon de bouleverser l'économie locale et l'équilibre social et de créer une situation de dépendance improductive. Dépensé proprement dans une stratégie à long terme, l'argent offre une solution efficace» pour endiguer le recrutement de nouveaux talibans.

    C'est sur cette thèse du financement réfléchi que le ministère britannique de la Défense veut insister. Après avoir assuré mardi que «toute idée d''acheter' les talibans est complètement fausse», le porte-parole du ministère a tenu à préciser que le manuel «fournit des instructions sur l'importance de financer des projets de reconstruction et de développement qui ont rapidement un impact, et qui fournissent des résultats rapides pour gagner la confiance des populations locales.»

    Influence américaine

    Le Times précise que ce manuel, qui n'avait pas été actualisé depuis huit ans, était jusqu'alors basé sur une stratégie plus agressive, privilégiée lors des conflits en Irlande du Nord et dans les Balkans. La nouvelle doctrine, explique le général Paul Newton, est plus adaptée aux insurrections modernes. Elle s'inspire en partie de la méthode adoptée par l'armée américaine depuis la guerre en Irak.

    En 2007, les Etats-Unis s'étaient lancés dans une politique basée sur le recrutement d'anciens ennemis dans le centre et le sud de l'Irak. L'armée américaine rémunérait alors le changement de camp et n'hésitait pas à fournir de juteux contrats de reconstruction aux sociétés détenues par des chefs de clans. Une technique présentée comme efficace pour se désengager progressivement du conflit.

    Si ce changement de cap semble être assumé militairement, il est plus difficile à tenir politiquement car les Britanniques sont de plus en plus critiques sur l'engagement de l'armée en Afghanistan. D'autant plus que la publication du nouveau manuel d'instruction intervient au moment où le premier ministre Gordon Brown défend la présence militaire et propose d'organiser, en janvier à Londres, une conférence internationale destinée à établir la stratégie à venir à la suite de la mise en place du nouveau gouvernement à Kaboul.

    Par le figaro
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