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Les artères bouchées des pharaons

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  • Les artères bouchées des pharaons

    Des maladies cardiovasculaires comme l'athérosclérose existent depuis la plus haute antiquité. Elles ne sont pas liées exclusivement au mode de vie moderne comme l'affirme un dogme médical encore bien établi. L'étude au scanner de vingt momies vieilles de 3 500 ans conservées au Musée des antiquités égyptiennes du Caire confirme qu'elles touchaient une forte proportion des hautes couches de la société. Seize de ces personnes momifiées avaient des artères aussi encrassées que nos contemporains qui mangent trop de graisse, fument, boivent de l'alcool et ne font pas d'exercice physique (Journal of the American Medical Association, 18 novembre 2009).

    «Cette découverte montre que nous devrions regarder au-delà des facteurs de risque moderne pour réellement comprendre cette maladie», affirme Gregory Thomas, chercheur en cardiologie à l'Université de Californie (ouest) à Irvine, l'un des coauteurs de l'étude.

    L'information n'est pas entièrement nouvelle. «Des dissections de momies et des analyses au microscope avaient déjà révélé par le passé des traces d'athérosclérose sur des restes de momies», tempère Alain Froment, directeur scientifique des collections du Musée de l'homme de Paris. Mais l'utilisation d'un scanner est beaucoup plus élégante.» L'imagerie médicale permet surtout de changer d'échelle. Non destructive, cette technique permet d'examiner plusieurs corps de manière très fine et rapide. «On ne fait plus seulement de la paléopathologie. On peut faire de la paléoépidémiologie», explique Éric Crubézy, anthropobiologiste à l'université Paul-Sabatier de Toulouse. Le scanner six coupes utilisé en Égypte n'est pas particulièrement performant, souligne Sylvain Ordureau, un jeune chef d'entreprise qui analyse actuellement les momies du Musée de l'homme de Paris avec un appareil à très haute résolution.

    L'élite de la société


    Le bilan de santé cardiovasculaire des vingt momies vieilles de plus de 3 500 ans n'est pas brillant. L'équipe pilotée par Gregory Thomas a découvert que sur les seize qui avaient encore des artères identifiables après le processus de momification, neuf d'entre elles présentaient une calcification coronarienne. Ces traces étaient visibles à l'intérieur des artères ou à l'endroit où devaient se trouver des artères dans le corps des momies. Plusieurs d'entre elles avaient une calcification jusque dans six de leurs artères.

    En analysant les os des momies, les chercheurs ont estimé l'âge auquel chacune des vingt personnes momifiées est morte. Ils ont pu montrer ainsi que les pathologies cardiovasculaires étaient plus fréquentes en fonction des années. Sept des huit personnes ayant dépassé 45 ans avaient de l'athérosclérose. Mais deux des huit anciens Égyptiens morts plus jeunes avaient eux aussi les artères encrassées. Un chiffre non négligeable. Les pathologies touchaient les femmes aussi bien que les hommes. «Bien qu'on ne sache pas si l'athérosclérose a été fatale à l'une ou l'autre de ces momies, on peut confirmer qu'un grand nombre souffrait de cette maladie», concluent les auteurs de l'étude.

    Certes, les momies ne sont pas représentatives de l'ensemble de la population égyptienne. Seuls les pharaons et leurs proches, les notables, les prêtres et certains animaux étaient embaumés. Les paysans ne l'étaient pas. On peut néanmoins affirmer que les maladies cardio-vasculaires étaient courantes parmi l'élite de la société égyptienne il y a plusieurs millénaires.

    Les vingt momies étaient toutes d'un rang élevé, servant à la cour du pharaon. La plus ancienne s'appelait Rai. Morte à 40 ans vers 1530 avant J.-C., elle fut la nourrice de la reine Ahmose Nefertari. Leur régime alimentaire n'a pas pu être déterminé. De nouvelles études devront essayer de déterminer ce qui a pu provoquer cette épidémie.

    Par Le figaro
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