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Battus à plate couture !

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  • Battus à plate couture !

    Maintenant que les lampions se sont plus ou moins éteints sur la folle semaine suscitée par les protégés de Saâdane, maintenant que tout un chacun a pu vérifier que la passion est à surveiller comme du lait sur le feu, un coup d’œil sur le rétro s’impose côté télé. Sur ce plan, disons-le de suite, en Algérie nous avons été battus et, à plate couture !...

    Envahis par les signaux satellitaires venant du pays de Taha Hussein, Naguib Mahfoud et autres illustres paladins littérateurs en langue arabe, nous n’en menions pas large.

    L’ENTV et ses clones (A3, Canal Algérie etc.) prenaient l’eau de toutes parts et ce ne sont pas les chansons «clipées» à la vavite qui pourraient rivaliser avec l’artillerie médiatique des Nile Sport, Nile News, Nile TV etc. Oui, il y a certes la belle «Mâak ya el khadra» de Baâziz (de la même veine que «Bladi ya bladi» de juillet dernier) mais était-ce suffisant à côté de la profusion de «one ; two, three…» où il est vraiment inutile de chercher le bon agencement de mots, le meilleur des temps…

    Le «message subliminal»

    Par contre, en face, si la chanson est un marché et un métier qui s’intègre dans une stratégie de communication, pensée et réfléchie, il est un spot musical qui aura fait «tilt»dans toutes les têtes de linotte. Ce spot aura véhiculé, avant le match du Caire, une phrase lourde de sens : «El Djazaïr baouabette el mondial» (l’Algérie, porte du Mondial). Quand on sait qu’une porte verrouillée ne s’ouvre qu’avec une clé (que n’avaient pas les Egyptiens avec un handicap de trois buts à remonter), le plus idiot des supporters égyptiens était convié à frapper sur cette porte, à la sonner, à la fracasser. Le message subliminal conçu et réalisé dans le but de casser de l’Algérien, de le caillasser etc. aura donc réussi à galvaniser là où notre ENTV se contentait de faire illusion. Par la suite, avant le match de Khartoum, «la porte» a laissé place à la «khatoua» (le pas à franchir) dans le même clip rapidement rafistolé avec les images du Cairo Stadium en délire. Hé oui, un simple spot intelligemment fignolé et pensé pour une stratégie marketing ne refilant que des sentiments guerriers, c’est de bonne guerre, médiatiquement parlant ! Sur le plan sportif, sur le terrain des «opérations», les confrères de nos pages sportives vous auront explicités tous les tenants et aboutissants à une qualification au Mondial pas loin de celle ayant mis en branle les forces armées du Salvador et du Honduras en 1969… Contrairement à ces deux pays d’Amérique latine, nous n’avons pas de frontières communes avec ce pays soidisant frère, sinon, c’est la bêtise humaine dans sa dimension la plus guerrière qui aurait pris le dessus juste après le coup de sifflet final du match du 14 novembre.

    Mais en citoyens et «enfants du Sahara» (c’est ainsi que les commentateurs désignent nos Ziani and Co au même niveau réducteur qu’un Thierry Roland français utilisant «le tir du bédouin» pour désigner un tir mou…) restons civilisés malgré une ENTV pas encore au diapason approprié. Et civilisés, d’autres signaux, d’autres gens de métier l’auront été pour mériter d’être, ici, salués. Il y a d’abord Nessma, la maghrébine qui illumine désormais toutes nos soirées… la veille de l’enfer vécu au Caire, la chaîne chère à M. Nabil Karoui (un P-dg qui met son signal à disposition des Verts et qui s’engage à diffuser gratuitement tout spot, tout communiqué, tout message visant à encourager notre sélection pour le match de Khartoum, ça ne court pas les rues… arabes !) aura donc concocté un plateau mémorable.

    Des valeurs sûres de la télé algérienne ont dû quitter leur pays


    Belloumi était aux anges et on le serait à moins : orchestre, chroniqueurs, animateurs et tous les sunlights étaient aux couleurs nationales. La standardiste plantureuse (à elle seule, c’est tout le boulot des Omar et Fred de Canal+), Kaouthar la marocaine (avec un chic renouvelé à chaque rubrique), Oussama Benjelloun le spécialiste du Net (il aura débusqué toutes les inepties et «égyptiâneries» de l’heure) et même la mascotte de l’équipe nationale tunisienne, khalti Bahidja (septuagénaire !...) auront laissé bouche bée plus d’un scotché. Ludique, sympathique, le plateau de «Ness Nessma» aura même permis à un Sofiane Dani de s’offrir un dernier show (…) et à Adel Amrouche de se rappeler à notre bon souvenir, lui qui s’entraîne au Burundi… Bref, Nessma TV aura donné du baume au cœur là où notre ENTV s’emmêlait les pinceaux, faute de pros ! Et en parlant de pros, saluons des expatriés répondant aux noms de Lakhdar Berriche et Khadidja Benguenna.

    L’un s’est illustré, en invité (Médi 1 sat), par des analyses purement footballistiques (alors que ses «confrères» égyptiens et marocains ne tartinaient que sur des aspects politiques…) et l’autre, la bien nommée Khadidja, s’est payée le luxe, sur «El Jazeera », de corriger linguistiquement, historiquement et politiquement un haut représentant du conseil parlementaire égyptien.

    L’un et l’autre ne sont pas sans nous rappeler que des valeurs sûres de la télé algérienne ont dû quitter leur pays, pour mieux exister, pour mieux respirer loin des JT formatés selon une durée, non sans nous rappeler aussi, les chansons soporifiques d’Oum Keltoum. Outre Lakhdar Berriche et Khadidja Benguenna, les Kamel Alouani, Mourad Chebine, Leïla Bouzidi, Hichem Tabdjoune etc. ont dû glisser quelques propos sentis à l’adresse des nervis de service «commandé» mais hélas, la profusion des signaux fait que nous les avons ratés car il n’y a pas que les chaînes arabophones (merci pour «la bonne affaire » entre guillemets très berbérophone aux Egyptiens qui nous auraient fait le cadeau de la langue arabe…) dans le paysage médiatique.

    Il y a aussi un «stade 2» sur France 2 qui aura lui aussi remis certaines pendules à l’heure. Rodolphe Gaudin, en envoyé spécial au Caire, s’est dit scandalisé par le comportement barbare des Egyptiens. Il a rapporté du Caire des images explicites et un sentiment de frayeur vu l’atmosphère vécue là-bas. Encore un pro qui ne retournera pas de sitôt (sauf alléchante proposition touristique…) au pays de Abd Rabou…

    Ce Rodolphe Gaudin aura aussi tendu la perche à Emmanuel Petit (l’ex-international, auteur du troisième but de France- Brésil de 1998) qui s’étonnait, et à juste titre, du laxisme de la Fifa devant pareils excès et dérapages extra-sportifs.

    Et dire que cet ex-international ne comprend pas l’arabe…

    Bref, retournons à nos moutons (…) et convenons une fois pour toutes que sur le plan médiatique (la TNT et l’éventualité d’une chaîne sportive étant pour la Saint Glinglin), on a été battus à plate-couture tout en ayant à l’esprit que ce sont paradoxalement ceux qui étaient hors de nos frontières qui auront sué le plus, vibré le plus dans les petites lucarnes. A méditer…

    Par Mourad N., Le Soir
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