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Zakaria Boualem analyse le match

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  • Zakaria Boualem analyse le match

    Pour info : Zakaria Boualem est le pseudonyme de Réda Allali qui tient toutes les semaines une chronique très marrante dans l'hebdomadaire marocain Tel Quel. Il a, disons, un humour assez caustique. Il adore le foot et c'est aussi le chanteur du groupe Hoba Hoba Spirit.

    Il revient de congé après plusieurs semaines d'absence où il s'était fait remplacé par un collègue appelé Wilcoume. Tout ceci pour vous permettre de mieux comprendre le personnage et son humour. Voici comment lui-même se présente avant chaque article :

    Nom : Boualem. Prénom : Zakaria
    Né en 1976 à Guercif (en fait il est originaire d'Oujda).
    Signe particulier : Marocain à tedance paranoïaque


    (début de sa chronique)

    Zakaria Boualem reprend possession de son espace d'expression. Il est ici chez lui, et cet imposteur de Wilcoume, que Dieu lui vienne en aide, est sommé d'aller faire de l'esprit ailleurs, il paraît qu'ils recrutent dans la presse people. Pendant plus de quatre mois, Zakaria Boualem a été insulté dans cette même page. Mais se voir traité de paresseux par des journalistes, c'est un peu comme si Thierry Henry vous accuse de Tricherie. Il s'agit d'un jugement de connaisseur.

    La grande affaire de la semaine, c'est bien entendu la guerre algéro-égyptienne. La grande oumma arabo-musulmane a pu donner au reste du monde hébété le spectacle de son union, de sa solidarité et de sa bonne santé générale. Au départ, un match de foot sous tension au Caire. On connaît la propension des Egyptiens à entrer dans une transe nationaliste en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, invoquant à chaque occasion une certaine guerre contre Israël qu'ils auraient, paraît-il, gagnée. On sait également combien ils sont convaincus d'être à l'avant-garde culturelle et civisationnelle du monde arabe, un sentiment tellement fort qu'il pourrait passer aux yeux d'observateurs neutres comme une sorte de complexe de supériorité assez insupportable.

    Les joueurs algériens arrivent au Caire, où ils sont accueillis par une volée de cailloux. Zakaria Boualem se souvient qu'en 2003, le Raja avait affronté le Zamalek en finale de la Champions League. Il avait eu lui aussi droit aux cailloux, aux crachats, aux agressions à coups de brique et autres petites joies de la vie cairote... C'est donc un peu une tradition là-bas. Mais il n'y avait aucun téléphone pour filmer le sang, aucun Facebook pour informer le monde, et aucun Youtube pour annoncer la revanche prochaine. Aujourd'hui, cet âge d'or est terminé. Les Algériens ont vu leurs joueurs se faire caillasser, ils l'ont assez mal pris, et tout est parti de travers... Les Egyptiens, au lieu de s'excuser, ont tout simplement nié l'agression. Ils n'ont toutefois pas précisé si les images étaient truquées grâce à des logiciels spécialisés ou si des joueurs se sont ouvert la tête tout seuls, individuellement ou mutuellement. L'essentiel est que rien n'a eu lieu.

    L'Egypte vit donc dans un monde parallèle, un monde truffé de victoires sur Israël, de fierté arabe et de fatwas qui disent qu'il faut allaiter ses collègues de bureau. On les envie tous.

    La suite, c'est un festival de violences physiques et verbales où l'on aura du mal à identifier un vainqueur, si ce n'est la débilité générale. On peut par contre saluer le sens de la responsabilité de la presse de ces deux pays frères, qui ont mis un point d'honneur à relayer les menaces des plus illuminés des deux camps, à donner la parole systématiquement aux plus abrutis et à multiplier les rumeurs (Un mort ? Dix sept morts ? On ne le saura jamais puisqu'il n'y aucune enquête sérieuse avec des noms et des témoignages).

    Et le Marocain dans tout ça ?
    La scène se passe dans un café du Maârif, samedi dernier. L'Algérie va se qualifier, c'est sûr. La plupart des clients la soutiennent. Soudain, le commentateur lâche : "Alger est en fête, Tlemcen est en fête, Tindouf est en fête". Hurlements de l'assemblée, insultes, retournements de veste général et second but égyptien sous les applaudissements de tout le monde. S'il existe encore un esprit rationnel qui explique que le mauvais oeil et le te9ouass n'existe pas, c'est uniquement parce qu'il n'a pas assisté à cette scène.

    Le bilan : les Algériens détestent les Egyptiens qui le leur rendent bien. Nous, on déteste les Egyptiens, tout comme les Tunisiens, mais on a moins de problèmes avec les Algériens tant qu'ils ne nous parlent pas du Sahara. Il paraît que les Tunisiens n'aiment pas les Algériens et encore moins les Egyptiens. Avant même d'invoquer les Libyens, c'est déjà très compliqué... On retiendra donc que tout le monde déteste tout le monde, et que ça suffit pour cette semaine. Et merci.
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