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Que faire des déchets nucléaires ?

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  • Que faire des déchets nucléaires ?

    Le traitements des déchets radioactifs est sans cesse remis en débat mais à ce jour nul réponse n'a réellement été trouvé et pourtant connaissant le degré de toxicité de ces matières ainsi que leur durée de vie, il faudrait arriver à des résultats concret budgété à hauteur de l'enjeu.

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    Qui dit nucléaire dit déchets, dont certains sont exceptionnellement dangereux. Or, depuis vingt ans, la France s'interroge sur leur devenir et à ce jour aucune solution acceptable par tous n'a été adoptée.

    Pour trouver un consensus, un vaste "débat public" a été organisé. Lancé en septembre 2005 par le gouvernement, il doit s'achever vendredi 13 janvier à Lyon. Son objectif : aider le Parlement, qui en débattra au printemps, à esquisser une solution à l'horizon 2015-2025.


    Coïncidant avec celui sur l'EPR (réacteur nucléaire de troisième génération), ce débat a mis en exergue des antagonismes radicaux. Pour certains, comme Christian Bataille, député (PS, Nord) et rapporteur de la loi de 1991 sur les déchets nucléaires, "il existe une solution, scientifique et politique".

    Elle consiste à poursuivre les études sur la transmutation "pour réduire la durée de vie des déchets", à recourir au stockage géologique réversible pour les rebuts ultimes et à gagner en flexibilité "grâce à l'entreposage de longue durée" en surface. Pour lui, la loi de 2006 doit assurer, par un fonds dédié, le financement de ce dispositif.

    A l'opposé, pour l'ingénieur et économiste Benjamin Dessus, "la distinction entre matières valorisables et déchets ultimes est arbitraire", l'essentiel des risques provenant des premières. Pour cet expert, "il faut arrêter le retraitement et faire moins, voire plus du tout, de nucléaire" et refuser tout stockage en profondeur des déchets existants. Quant au réseau "Sortir du nucléaire", il a tout bonnement boycotté le débat.

    Pour Georges Mercadal, président de la commission du débat public sur les déchets nucléaires, les discussions ont montré que le stockage géologique "suscite des réticences dans le public". Celui-ci favoriserait "une seconde solution, celle d'un entreposage pérennisé en sub-surface".

    Lorsque, en 1987, l'Ain, l'Aisne, le Maine-et-Loire et les Deux-Sèvres furent désignés pour accueillir d'éventuels sites de stockage souterrain, des associations locales bloquèrent les prospections de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

    Le Parlement reprit la main. Une commission, présidée par M. Bataille, conduisit à l'adoption de la loi du 30 décembre 1991. Celle-ci définissait des axes de recherche sur les techniques applicables aux déchets dont la radioactivité dure plusieurs dizaines de milliers d'années au moins : déchets de haute activité (1 639 m3 cumulés en 2002, 3 621 m3 prévus en 2020) et de moyenne activité (45 359 m3 en 2002, 54 509 m3 en 2020), actuellement entreposés à la Hague (Manche), Cadarache (Bouches-du-Rhône) et Marcoule (Gard).

    La loi fixait au Parlement l'échéance de 2006 pour choisir parmi les trois solutions mises à l'étude. Concernant la "séparation poussée" des déchets, M. Bataille et le député Claude Birraux (UMP, Haute-Savoie), dans un récent rapport parlementaire, ont jugé que sa mise en oeuvre industrielle "nécessitera d'attendre le renouvellement, en 2040, des installations de retraitement de la Hague". Il en va de même pour leur transmutation en éléments moins radioactifs.

    Etudié par l'Andra, le stockage en formation géologique profonde se situe à un horizon moins éloigné : 2020-2025. La Commission nationale d'évaluation des travaux sur les trois axes de la loi de 1991 estime qu'"en 2006, il n'existera pas d'obstacle (...) qui empêcherait le législateur de décider du principe de stockage des déchets à vie longue dans le secteur étudié".

    A l'inverse, un rapport réalisé par l'Institute for Energy and Environmental Research de Takoma Park (Etats-Unis) souligne que le dimensionnement du stockage n'est pas clairement établi. En effet, les volumes ne sont pas les mêmes si le retraitement des combustibles usés est poursuivi ou si l'on décide de leur stockage direct comme la majorité des pays dotés d'une filière électronucléaire.

    Depuis quinze ans, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et la Cogema estiment avoir divisé par six le volume des déchets à vie longue. Ces progrès permettent de diminuer la taille des installations d'entreposage. Mais celles-ci, en surface ou à flanc de colline, n'offrent qu'une solution temporaire, pour cent à trois cents ans.

    Les autres déchets, moins radioactifs et de moins longue durée de vie, nécessitent aussi une gestion spécifique. Les résidus miniers sont laissés sur place (28 mines en France). Les déchets de très faible activité (500 000 m3 en 2020) sont stockés en surface à Morvilliers (Aube). Le centre de Soulaines (Aube), lui, accueille depuis 1992 les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (moins de trente ans). Leur volume sera de 1,2 million de m3 en 2020. Les déchets de faible activité à vie longue (plus de trente ans) n'ont pas encore trouvé de destination définitive, tous comme ceux du centre militaire de Valduc (Côte-d'Or).

    A l'étranger aussi, l'hésitation est grande. En Allemagne, la mine de sel de Gorleben a été choisie à la fin des années 1970. Mais une vigoureuse opposition locale a empêché les travaux. En Grande-Bretagne, un projet d'enfouissement près de Sellafield, sur la côte ouest de l'Angleterre, a échoué en 1995 pour la même raison. Un processus de consultation est en cours. L'Espagne a adopté un moratoire, repoussant à 2010 la recherche d'un site de stockage profond. La Suède et la Finlande semblent les plus proches d'une solution : elles ont convaincu les populations locales d'accepter le stockage en profondeur. Pour l'heure, toutes deux en restent à l'étude en laboratoire.

    La Commission européenne a lancé en 2000 un projet de directive invitant ses membres à adopter une approche commune en matière de stockage géologique, avant d'abandonner en 2003 toute échéance précise. Bruxelles a, par ailleurs, lancé le projet SAPIERR, qui regroupe des Etats européens (Pays-Bas, Belgique, Hongrie, Lituanie, Croatie, Italie, Roumanie...) dans la quête d'un site commun à tous.

    En Asie, la Chine a créé un laboratoire d'études géologiques, la Corée du Sud ne trouve pas de site sur son étroit territoire, le Japon construisant deux laboratoires, l'un dans l'argile, l'autre dans le granit.

    La Russie, enfin, présente un cas à part. Elle n'a pas de site d'enfouissement, mais entrepose de longue date ses combustibles usés et ceux de plusieurs autres pays à Krasnoïarsk (Sibérie). Une situation héritée de l'Union soviétique, lorsque Moscou rapatriait le combustible utilisé dans les "pays frères" à des fins militaires.

    Cette procédure s'est arrêtée pour l'essentiel après la chute de l'URSS. Mais le Kremlin a fait adopter, en 2001, une loi permettant l'importation de déchets nucléaires. L'idée de stocker les déchets dans certains pays, à commencer par la Russie, a reçu l'appui de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique).

    La France, pour sa part, affirme qu'elle n'exportera pas ses déchets. C'est donc sur place qu'il lui faut trouver une solution. Or, depuis dix ans, les options proposées se heurtent au refus des populations.

    Il a fallu attendre fin 1999 pour qu'une première installation expérimentale soit retenue, à Bure (Meuse). En 2000, le gouvernement a abandonné la recherche d'un second site. Aujourd'hui, il ne reste que Bure. Or, là aussi, l'opposition se lève. Plus de 50 000 électeurs des environs réclament un référendum, ce qui augure mal d'une acceptation finale.

    Par Le Monde
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