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Quand les éléphants passent

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    QUAND LES ELEPHANTS PASSENT
    par K. Selim
    On le savait et on le confirme encore, le football peut être un jeu dangereux. Surtout quand la politique s'en mêle. Les Algériens qui sont dans le confort de la victoire regardent, avec ébahissement et parfois un certain ravissement, les chaînes de télévision égyptiennes sombrer dans le grotesque. Au fil du bras de fer algéro-égyptien qui a cessé définitivement d'être sportif après l'épisode du «caillassage», on devinait que le perdant aura à gérer le poids, énorme, de la déception. Elle ne pouvait qu'être grande au regard de la charge symbolique et émotionnelle qui a été mise dans cette bataille pour la qualification à la Coupe du monde.

    Ce que l'on ne pouvait deviner est que les médias égyptiens aillent aussi loin. Même s'il s'agit pour le régime de sauver les meubles et de détourner l'attention, ce qui a été débité par les chaînes de télévision dépasse toute imagination. Même si la «troisième mi-temps» inventée par les Egyptiens, par nécessité politique, n'ira pas jusqu'à la rupture des relations diplomatiques, quelque chose s'est cassé. Toute la retenue qui a existé malgré les rivalités, au nom des liens de l'histoire et des luttes communes, a été abandonnée. Les relations algéro-égyptiennes ne sont pas mortes, mais elles sont en lambeaux.

    Les historiens auront peut-être de la peine à croire que ce soit le football, ce sport populaire et donc politiquement passible d'instrumentalisation, qui aura servi de déclencheur. Dans ce jeu où l'on se dit beaucoup de méchancetés - celles des Egyptiens étant plus massives en raison de l'arsenal de chaînes satellitaires -, il y avait étrangement une sorte d'accord entre certains, ici comme au Caire, à enterrer la «ourouba» et tout le toutim. Des questions d'identités, d'appartenances ont été expédiées en quelques éructations passionnelles... Comme un divorce haineux et non un divorce à l'amiable.

    Les médias algériens ont-ils été meilleurs ? N'en déplaise au secrétaire d'Etat à la Communication, les médias algériens n'ont pas été de toute objectivité : certains ont sombré dans un chauvinisme crétin, d'autres ont diffusé de fausses informations sans faire amende honorable. S'il est indéniable que les médias algériens - en fait la presse écrite, l'unique étant restée aussi sage que d'habitude - ne sont pas allés aussi loin que les égyptiens, on peut se demander si ce n'est pas seulement l'effet de la disproportion des moyens.

    En tout état de cause, ne nous cachons pas les choses : certains des écrits publiés dans la presse algérienne sont inacceptables. Qu'ils n'aient pas atteint le niveau de celui des journaux et télévisions égyptiens ne constitue pas une excuse. Il faut d'autant plus le réaffirmer que les auteurs de ces dérapages insupportables se flattent d'être des hyper-nationalistes... Ils en arrivent même à croire que ce sont eux qui ont gagné et non pas les joueurs.

    L'outrance des médias égyptiens ne justifie pas nos propres errements et ne doit pas les cacher. Bien sûr, quand les éléphants passent, il faut attendre que la poussière retombe pour y voir un peu plus clair. Mais il faut voir et non se voiler la face.



    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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