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Turquie : Un programme pour regler le problème Kurde

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  • Turquie : Un programme pour regler le problème Kurde

    LE MONDE | 14.11.09 | 14h11 • Mis à jour le 14.11.09 | 14h11



    Diyarbakir (Turquie) Envoyé spécial

    Près de 15 millions de Kurdes de Turquie avaient les yeux rivés sur le Parlement d'Ankara, la capitale, vendredi 13 novembre. Dans toutes les maisons et les échoppes de Diyarbakir, la grande ville kurde du sud-est du pays, la télévision retransmettait en direct, la présentation par le gouvernement d'un programme de réformes destinées à mettre fin au conflit avec la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a fait 40 000 morts en un quart de siècle.


    Le débat parlementaire de vendredi a été salué, en soi, comme un événement "historique" à travers le pays. Au cours d'un long et vibrant discours, le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a défendu le projet d'"ouverture démocratique" de son gouvernement. "Les problèmes de ce pays sont les nôtres. C'est pourquoi nous ne pouvons plus les ignorer", a-t-il lancé aux députés.

    Les mesures détaillées par le ministre de l'intérieur, Besir Atalay, visent à renforcer l'identité culturelle des Kurdes et à défendre les droits de l'homme dans la région. La diffusion de programmes en langue kurde sera autorisée à la radio et à la télévision. Les partis politiques pourront faire campagne en kurde alors que, jusqu'à récemment, le premier ministre refusait toute rencontre avec les députés du parti kurde DTP (Parti pour une société démocratique). Les noms "turquifiés" des municipalités pourront être remplacés par les noms d'origine kurde, syriaque ou arménienne, notamment.

    La Turquie (candidate à l'Union européenne) va également ratifier la convention de l'ONU contre la torture, et créer une commission indépendante pour enquêter sur les milliers de plaintes déposées contre les forces de sécurité pour torture ou mauvais traitements.

    "C'est bien mais cela fait plus d'un an que nous réclamons cette commission", commente Muharrem Erbey. Et l'avocat, qui est aussi président de l'Association des droits de l'homme de Diyarbakir de poursuivre : "On ne guérit pas si vite une maladie qui dure depuis si longtemps. En deux siècles, une trentaine de révoltes kurdes ont éclaté. Le problème ce n'est pas le PKK mais le déni des Kurdes, de leur culture et de leur identité."

    "INSUFFISANT ET TIMIDE"

    De fait, au lendemain du discours du chef du gouvernement, des questions clés restent sans réponse : le sort de centaines de jeunes lanceurs de pierres, poursuivis après des manifestations et parfois condamnés à de lourdes peines au titre de la loi antiterroriste, n'est pas réglé.

    L'amnistie des combattants du PKK, exilés dans les montagnes du Nord de l'Irak, n'a pas davantage été évoquée. Et les opérations militaires contre les camps rebelles se poursuivent.

    Sur le plan culturel, le droit à l'éducation dans la langue maternelle, réclamé par les Kurdes, a été rejeté par le gouvernement. L'ouverture d'Ankara est "insuffisante et timide", juge l'éditorialiste Mehmet Ali Birand : "Je crois qu'il faut aller plus loin et plus vite."

    Mais le gouvernement doit aussi composer avec les réactions virulentes des partis nationalistes de l'opposition qui accusent M. Erdogan de diviser la Turquie et de céder aux "terroristes".
    Guillaume Perrier

  • #2
    Ankara donne de nouveaux droits aux Kurdes

    Ankara donne de nouveaux droits aux Kurdes
    Laure Marchand - Istanbul - Figaro

    Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a défendu «l'ouverture démocratique» qu'il a lancée et rejeté «un nationalisme étriqué», vendredi devant le Parlement.

    Le gouvernement turc autorise l'usage de la langue kurde dans la vie politique.

    Les ambitions du gouvernement turc pour répondre aux revendications de la minorité kurde et tenter de convaincre la guérilla du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) de déposer les armes se précisent. Martelant sa volonté de satisfaire les demandes de toutes les ethnies de la Turquie, le premier ministre a défendu devant le Parlement, vendredi, «l'ouverture démocratique» qu'il a lancée et a rejeté «un nationalisme étriqué». «Pendant vingt-cinq ans, la lutte contre le terrorisme n'a été envisagée que sous l'aspect sécuritaire», a critiqué Recep Tayyip Erdogan. Auparavant, le ministre de l'Intérieur, Besir Atalay, avait détaillé le plan gouvernemental qui vise à renforcer les droits des douze millions de Kurdes de Turquie. Parmi les mesures phares, figure l'autorisation d'utiliser la langue kurde dans la vie politique. Cette décision est hautement symbolique car des dizaines d'élus prokurdes ont été traînés devant les tribunaux ces dernières années pour ne pas avoir respecté l'obligation de s'exprimer en turc. Les villages kurdes dont les noms ont été turquifiés auront aussi le droit de reprendre leur appellation d'origine. Sur le plan législatif, la création d'une commission indépendante chargée de traiter les plaintes pour atteintes aux droits de l'homme a été annoncée. Cinq mille meurtres, essentiellement de Kurdes et perpétrés principalement dans les années 1990, au plus fort de la «sale guerre» entre l'armée turque et les rebelles, restent toujours inexpliqués.

    Le début d'un processus

    Ces avancées s'ajoutent à celles déjà rendues publiques cette semaine : les mineurs, qui étaient jusqu'à présent condamnés à des peines de prison très lourdes pour avoir jeté des pierres contre les forces de l'ordre, devraient désormais être jugés par des tribunaux pour enfants et ne seront plus emprisonnés. Les restrictions concernant les programmes en kurde dans les médias seront également entièrement levées. «Notre objectif est d'élargir les droits politiques et les libertés de tous nos citoyens», a déclaré devant les députés Besir Atalay. Le ministre de l'Intérieur a souligné que le processus lancé, qui ne se limitera pas à ce premier «paquet» de réformes, était nécessaire pour «remplir les critères d'adhésion à l'Union européenne» et a appelé à l'établissement «d'une nouvelle Constitution, pluraliste et libérale». Ce projet fait écho à la revendication du PKK de réformer la loi fondamentale en vigueur, héritée du coup d'État de 1980, afin d'y inscrire la reconnaissance de l'existence du peuple kurde. En revanche, l'amnistie des membres de la guérilla n'a pas été évoquée. Il s'agit d'une demande clé de l'organisation rebelle.

    Le parti prokurde, vitrine politique de la guérilla, tout en dénonçant la poursuite des opérations de l'armée turque contre les camps du PKK basés en Irak, a indiqué vouloir privilégier une «solution politique».

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