Qui sont nos juifs ?
Ils sont au nombre de 1 million, partout dans le monde et brillent par leurs multiples success stories, individuelles et collectives. Farouchement attachée au Maroc, la diaspora juive marocaine a de nombreux rôles à jouer en faveur de son pays. Mais comment ?
Ils portent des noms aussi célèbres que David Guetta, Gad Elmaleh, aussi influents que Paul Marciano, Richard Attias ou Sidney Toledano. A priori, ils ont peu, ou pas, de dénominateurs communs. Sauf deux. Tous brillent dans leurs secteurs d’activité respectifs (de l’art aux affaires en passant par la politique). Surtout, tous sont des juifs d’origine marocaine. Et la liste est encore longue. Nous sommes au cœur des différentes facettes de tout le succès que connaît une communauté marocaine pas comme les autres et qui, où qu’elle soit, a su non seulement s’intégrer, mais réussir.
L’évolution de cette communauté renseigne également sur ses capacités d’adaptation. Le franc succès remporté par certains de ses « représentants » en dit long sur ses potentialités. Le tout sur fond d’un attachement qui ne s’est jamais démenti. A l’épreuve du temps et des générations. Organisée il y a deux semaines à Fès, la rencontre internationale des juifs originaires de Fès, qui a réuni plus de 1200 personnes issues de cette ville, en a apporté de nouveau la preuve.
« Des rencontres de ce genre, il y en a tout le temps. Et tous les prétextes sont bons pour que les membres de cette communauté renouent, le temps d’une célébration ou d’un rendez-vous donné, avec le pays qui l’a vu naître. D’ailleurs, même les jeunes générations, celles qui ne sont pas nées au Maroc, s’intéressent de près au pays de leurs parents », constate cette jeune éditrice marocaine, de confession juive et résidant au Maroc. L’actualité est riche en la matière. Sitôt le départ du Maroc d’une personnalité juive marocaine annoncé (c’était le cas le week-end dernier pour l’ancien ministre de la Défense israélien originaire de Boujaâd, Amir Peretz qui était à Marrakech), l’arrivée d’une autre est communiquée. C’est ainsi que Shlomo Benami, ancien ministre des Affaires étrangères israélien et un des acteurs de la recherche d’une paix durable entre juifs et Arabes au Proche-Orient, est présent à Tanger où il participe aux MEDays, un rendez-vous organisé du 19 au 21 novembre par l’Institut Amadeus. Des personnalités mais aussi des vagues successives de pèlerins et de visiteurs. « C’est incontestablement la communauté juive qui a le plus d’attaches avec son pays d’origine au monde » affirme d’emblée Simon Lévy, secrétaire général de la Fondation du patrimoine judéo-marocain. Celui qui dirige également le musée du judaïsme marocain voit dans cette attitude une forme de patriotisme.
Mais en fait, que représente cette diaspora ? Pas moins d’un million de citoyens, soit le quart de la communauté marocaine résidant à l’étranger. Entre 500 000 et 800 000 sont installés en Israël. A cela, il faut ajouter 100 000 installés en France, autant en Amérique Latine, plus de 50 000 au Canada et 20 000 aux Etats-Unis, répartis entre trois principales communautés et dans les Etats de New Jersey, de Californie et de Floride. Comptons presque autant en Espagne, en Belgique et dans le reste de l’Europe. « Des Marocains de confession juive, il y en a même au Japon, à Shanghaï, et jusqu’en Australie », rajoute Lévy. Sans oublier Israël où une société marocaine à part entière est établie et perpétue traditions et art de vivre marocains.
Le Canada, le Vénézuela et les autres
Ils sont donc partout et s’activent dans tous les secteurs d’activité, des secteurs industriels traditionnels aux nouvelles technologies, en passant par l’incontournable et valorisante case des professions libérales. Fait notable, les juifs d’origine marocaine auront brillé là où on l’on s’y attendait le moins. Parce que c’est le pays qui nous est le plus proche, mais aussi la terre ayant accueilli le plus de Marocains de confession juive, en dehors d’Israël, la France est le pays où l’on entend le plus parler des success stories juives marocaines (voir encadré).
Mais c’est au Canada où la communauté a le plus brillé. Même si les premières vagues d’immigration en Amérique du Nord datent des débuts du siècle dernier, c’est dans les années 1950 où nombre de juifs marocains vont affluer au Canada. La plupart ont élu domicile à Montréal. Ils étaient instruits et ils ont prospéré. Solidaires, intégrés et très attachés au Maroc, les juifs marocains ont réussi dans des domaines sensibles comme les centres d’appel, le textile ou la joaillerie. Autre pays où cette diaspora s’est particulièrement distinguée, le Vénézuela. « Arrivés du nord du Maroc à la fin du protectorat espagnol et riches de leur maîtrise de l’espagnol, ils se sont spécialisés dans un secteur des plus porteurs : l’exploitation pétrolière. Ce qui explique la véritable force économique et financière qu’ils représentent aujourd’hui », nous explique Robert Assaraf, fondateur de l’Union mondiale du judaïsme marocain et auteur, entre autres, de l’ouvrage Juifs du Maroc à travers le monde. C’était avant l’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez. Le succès n’a pour autant rien sacrifié à l’attachement au Maroc. « Sur les 15 000 juifs que compte ce pays, 12 000 sont d’origine marocaine. Et sur ce total, 9 000 ont toujours leur passeport marocain », précise Serge Berdugo, ambassadeur itinérant du roi Mohammed VI et « Monsieur relations publiques » entre le Maroc et sa diaspora juive.
Une communauté mal représentée
Nombreuse, active et solidement attachée à son pays d’origine, cette communauté demeure, et c’est peu dire, mal représentée. Y compris au sein des instances représentatives des Marocains du monde. C’est le cas pour le Conseil consultatif des Marocains résidant à l’étranger, où ne figure aucune personnalité juive. « C’est d’autant plus dommage que là où ils se trouvent, les juifs marocains restent regroupés et sont bien organisés. Mais on continue à considérer qu’il faut qu’ils se manifestent d’eux-mêmes », dit Simon Lévy, également grand intellectuel et militant politique. Même son de cloche pour Robert Assaraf : « Ne pas intégrer les juifs marocains dans une telle instance revient à couper le lien entre cette partie de Marocains et leur pays d’origine. D’autant qu’ils peuvent être d’un grand apport pour les intérêts du Maroc ». Un discours et une position auxquels le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l’étranger oppose un autre. « Le Conseil ne peut à lui seul contenir tous les Marocains résidant à l’étranger. La participation peut et doit être plus large que cela. Il existe des projets de développement dans lesquels la communauté peut participer, des actions de solidarité à mener. Et nous sommes décidés à aller de l’avant dans ce sens. Notre ministère est pour cela ouvert à toutes les initiatives et à tous les Marocains », déclare-t-il à actuel.
Un amour intéressé ?
Le ministre reconnaît cependant qu’aucun dispositif spécifique à l’égard de la communauté juive n’est encore mis en place. « Mais nous sommes conscients qu’il faut changer de démarche en dépassant le simple cadre de la symbolique et en passant à des actions concrètes. Ce travail est d’ores et déjà entamé avec l’ouverture de chantiers de partenariats et le renforcement des liens entre les ressortissants marocains des deux communautés, juive et musulmane ». Le Maroc d’aujourd’hui peut-il profiter de l’apport de sa communauté juive ? « En termes d’investissements, je ne crois pas que les juifs marocains de l’étranger aient à l’esprit l’ambition d’investir au Maroc. Mais il existe nombre de volets où ils peuvent agir. Je pense notamment au dossier du Sahara où nombre de personnalités juives ont été mobilisées et peuvent toujours l’être et donc jouer un rôle de lobbying. Là où le problème du Proche-Orient n’est pas en question, il y a toujours de la marge pour une action en faveur du Maroc ». Une marge qui n’échappe pas à une logique « intéressée » que certains décrient. « Ce qui est regrettable, c’est que l’intérêt à l’égard de la diaspora a un aspect utilitaire. Or, il faut d’abord s’intéresser aux hommes. De l’oubli et l’abandon, on est passé à une logique d’utilisation. C’est tout au moins réducteur et loin d’être glorieux » s’exclame Lévy.
D’autant plus que l’économie, elle, passe par une normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Or, les deux pays n’entretiennent aucune relation diplomatique depuis 2000, date de la fermeture du bureau de liaison de Tel-Aviv à Rabat même si de timides échanges commerciaux existent bel et bien. En attendant des jours meilleurs, quelques 46 firmes israéliennes exportent actuellement au Maroc pour un total de 2 millions de dollars (chiffres 2006 de l’office Israeli Export and International Cooperation Institute). Domaine privilégié, l’agriculture où l’expérience israélienne a fait ses preuves, et les nouvelles technologies. Le potentiel est bien là. Et Israël ne manque pas d’afficher sa volonté de développer ses relations économiques avec le Maroc, notamment dans le tourisme. « Aujourd’hui, quand les juifs d’origine marocaine reviennent au pays, ils cherchent un réconfort, une espèce de paix qui n’existe pas dans nombre de pays. Et force est de constater que dans les relations sont apaisées au Proche-Orient, ils se sentent encore mieux. Et c’est sur ce registre que la diaspora, comme le Maroc doivent jouer un rôle », ajoute Simon Lévy.
Actuel
Du 21 au 27 novembre 2009
Tarik Qattab
Ils sont au nombre de 1 million, partout dans le monde et brillent par leurs multiples success stories, individuelles et collectives. Farouchement attachée au Maroc, la diaspora juive marocaine a de nombreux rôles à jouer en faveur de son pays. Mais comment ?
Ils portent des noms aussi célèbres que David Guetta, Gad Elmaleh, aussi influents que Paul Marciano, Richard Attias ou Sidney Toledano. A priori, ils ont peu, ou pas, de dénominateurs communs. Sauf deux. Tous brillent dans leurs secteurs d’activité respectifs (de l’art aux affaires en passant par la politique). Surtout, tous sont des juifs d’origine marocaine. Et la liste est encore longue. Nous sommes au cœur des différentes facettes de tout le succès que connaît une communauté marocaine pas comme les autres et qui, où qu’elle soit, a su non seulement s’intégrer, mais réussir.
L’évolution de cette communauté renseigne également sur ses capacités d’adaptation. Le franc succès remporté par certains de ses « représentants » en dit long sur ses potentialités. Le tout sur fond d’un attachement qui ne s’est jamais démenti. A l’épreuve du temps et des générations. Organisée il y a deux semaines à Fès, la rencontre internationale des juifs originaires de Fès, qui a réuni plus de 1200 personnes issues de cette ville, en a apporté de nouveau la preuve.
« Des rencontres de ce genre, il y en a tout le temps. Et tous les prétextes sont bons pour que les membres de cette communauté renouent, le temps d’une célébration ou d’un rendez-vous donné, avec le pays qui l’a vu naître. D’ailleurs, même les jeunes générations, celles qui ne sont pas nées au Maroc, s’intéressent de près au pays de leurs parents », constate cette jeune éditrice marocaine, de confession juive et résidant au Maroc. L’actualité est riche en la matière. Sitôt le départ du Maroc d’une personnalité juive marocaine annoncé (c’était le cas le week-end dernier pour l’ancien ministre de la Défense israélien originaire de Boujaâd, Amir Peretz qui était à Marrakech), l’arrivée d’une autre est communiquée. C’est ainsi que Shlomo Benami, ancien ministre des Affaires étrangères israélien et un des acteurs de la recherche d’une paix durable entre juifs et Arabes au Proche-Orient, est présent à Tanger où il participe aux MEDays, un rendez-vous organisé du 19 au 21 novembre par l’Institut Amadeus. Des personnalités mais aussi des vagues successives de pèlerins et de visiteurs. « C’est incontestablement la communauté juive qui a le plus d’attaches avec son pays d’origine au monde » affirme d’emblée Simon Lévy, secrétaire général de la Fondation du patrimoine judéo-marocain. Celui qui dirige également le musée du judaïsme marocain voit dans cette attitude une forme de patriotisme.
Mais en fait, que représente cette diaspora ? Pas moins d’un million de citoyens, soit le quart de la communauté marocaine résidant à l’étranger. Entre 500 000 et 800 000 sont installés en Israël. A cela, il faut ajouter 100 000 installés en France, autant en Amérique Latine, plus de 50 000 au Canada et 20 000 aux Etats-Unis, répartis entre trois principales communautés et dans les Etats de New Jersey, de Californie et de Floride. Comptons presque autant en Espagne, en Belgique et dans le reste de l’Europe. « Des Marocains de confession juive, il y en a même au Japon, à Shanghaï, et jusqu’en Australie », rajoute Lévy. Sans oublier Israël où une société marocaine à part entière est établie et perpétue traditions et art de vivre marocains.
Le Canada, le Vénézuela et les autres
Ils sont donc partout et s’activent dans tous les secteurs d’activité, des secteurs industriels traditionnels aux nouvelles technologies, en passant par l’incontournable et valorisante case des professions libérales. Fait notable, les juifs d’origine marocaine auront brillé là où on l’on s’y attendait le moins. Parce que c’est le pays qui nous est le plus proche, mais aussi la terre ayant accueilli le plus de Marocains de confession juive, en dehors d’Israël, la France est le pays où l’on entend le plus parler des success stories juives marocaines (voir encadré).
Mais c’est au Canada où la communauté a le plus brillé. Même si les premières vagues d’immigration en Amérique du Nord datent des débuts du siècle dernier, c’est dans les années 1950 où nombre de juifs marocains vont affluer au Canada. La plupart ont élu domicile à Montréal. Ils étaient instruits et ils ont prospéré. Solidaires, intégrés et très attachés au Maroc, les juifs marocains ont réussi dans des domaines sensibles comme les centres d’appel, le textile ou la joaillerie. Autre pays où cette diaspora s’est particulièrement distinguée, le Vénézuela. « Arrivés du nord du Maroc à la fin du protectorat espagnol et riches de leur maîtrise de l’espagnol, ils se sont spécialisés dans un secteur des plus porteurs : l’exploitation pétrolière. Ce qui explique la véritable force économique et financière qu’ils représentent aujourd’hui », nous explique Robert Assaraf, fondateur de l’Union mondiale du judaïsme marocain et auteur, entre autres, de l’ouvrage Juifs du Maroc à travers le monde. C’était avant l’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez. Le succès n’a pour autant rien sacrifié à l’attachement au Maroc. « Sur les 15 000 juifs que compte ce pays, 12 000 sont d’origine marocaine. Et sur ce total, 9 000 ont toujours leur passeport marocain », précise Serge Berdugo, ambassadeur itinérant du roi Mohammed VI et « Monsieur relations publiques » entre le Maroc et sa diaspora juive.
Une communauté mal représentée
Nombreuse, active et solidement attachée à son pays d’origine, cette communauté demeure, et c’est peu dire, mal représentée. Y compris au sein des instances représentatives des Marocains du monde. C’est le cas pour le Conseil consultatif des Marocains résidant à l’étranger, où ne figure aucune personnalité juive. « C’est d’autant plus dommage que là où ils se trouvent, les juifs marocains restent regroupés et sont bien organisés. Mais on continue à considérer qu’il faut qu’ils se manifestent d’eux-mêmes », dit Simon Lévy, également grand intellectuel et militant politique. Même son de cloche pour Robert Assaraf : « Ne pas intégrer les juifs marocains dans une telle instance revient à couper le lien entre cette partie de Marocains et leur pays d’origine. D’autant qu’ils peuvent être d’un grand apport pour les intérêts du Maroc ». Un discours et une position auxquels le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l’étranger oppose un autre. « Le Conseil ne peut à lui seul contenir tous les Marocains résidant à l’étranger. La participation peut et doit être plus large que cela. Il existe des projets de développement dans lesquels la communauté peut participer, des actions de solidarité à mener. Et nous sommes décidés à aller de l’avant dans ce sens. Notre ministère est pour cela ouvert à toutes les initiatives et à tous les Marocains », déclare-t-il à actuel.
Un amour intéressé ?
Le ministre reconnaît cependant qu’aucun dispositif spécifique à l’égard de la communauté juive n’est encore mis en place. « Mais nous sommes conscients qu’il faut changer de démarche en dépassant le simple cadre de la symbolique et en passant à des actions concrètes. Ce travail est d’ores et déjà entamé avec l’ouverture de chantiers de partenariats et le renforcement des liens entre les ressortissants marocains des deux communautés, juive et musulmane ». Le Maroc d’aujourd’hui peut-il profiter de l’apport de sa communauté juive ? « En termes d’investissements, je ne crois pas que les juifs marocains de l’étranger aient à l’esprit l’ambition d’investir au Maroc. Mais il existe nombre de volets où ils peuvent agir. Je pense notamment au dossier du Sahara où nombre de personnalités juives ont été mobilisées et peuvent toujours l’être et donc jouer un rôle de lobbying. Là où le problème du Proche-Orient n’est pas en question, il y a toujours de la marge pour une action en faveur du Maroc ». Une marge qui n’échappe pas à une logique « intéressée » que certains décrient. « Ce qui est regrettable, c’est que l’intérêt à l’égard de la diaspora a un aspect utilitaire. Or, il faut d’abord s’intéresser aux hommes. De l’oubli et l’abandon, on est passé à une logique d’utilisation. C’est tout au moins réducteur et loin d’être glorieux » s’exclame Lévy.
D’autant plus que l’économie, elle, passe par une normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Or, les deux pays n’entretiennent aucune relation diplomatique depuis 2000, date de la fermeture du bureau de liaison de Tel-Aviv à Rabat même si de timides échanges commerciaux existent bel et bien. En attendant des jours meilleurs, quelques 46 firmes israéliennes exportent actuellement au Maroc pour un total de 2 millions de dollars (chiffres 2006 de l’office Israeli Export and International Cooperation Institute). Domaine privilégié, l’agriculture où l’expérience israélienne a fait ses preuves, et les nouvelles technologies. Le potentiel est bien là. Et Israël ne manque pas d’afficher sa volonté de développer ses relations économiques avec le Maroc, notamment dans le tourisme. « Aujourd’hui, quand les juifs d’origine marocaine reviennent au pays, ils cherchent un réconfort, une espèce de paix qui n’existe pas dans nombre de pays. Et force est de constater que dans les relations sont apaisées au Proche-Orient, ils se sentent encore mieux. Et c’est sur ce registre que la diaspora, comme le Maroc doivent jouer un rôle », ajoute Simon Lévy.
Actuel
Du 21 au 27 novembre 2009
Tarik Qattab
Commentaire