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La Mecque : Pèlerinage sous haute protection

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  • La Mecque : Pèlerinage sous haute protection

    Souriez, vous êtes filmés... Ce n'est pas de la science fiction. Juste quelques consignes préventives pour réduire les risques de contamination au virus A (H1N1).

    A peine foulé le sol de l'aéroport de Jeddah, les milliers de musulmans qui font leur « Hajj » (« pèlerinage ») doivent, cette année, passer par un étrange filtre : celui de caméras thermiques détectant automatiquement les pics de fièvre, premiers signes potentiels d'une contraction de la grippe.

    Aussitôt repérés, les « suspects » sont isolés de la foule et escortés jusqu'à une petite pièce par des infirmiers en blouse blanche ou verte, le visage à moitié caché par un masque chirurgical...

    « En quatre ans de pèlerinages consécutifs, je n'ai jamais vu un tel dispositif », confie Benabdallah Soufari, le président de France Hajj, une association qui encadre le voyage de centaines de français.

    Contacté, hier, par téléphone, il venait de faire la route séparant la Mecque de la vallée rocailleuse de Mina où, selon le rituel, les quelques 2 millions de pèlerins devaient passer la nuit sous des tentes, avant de rejoindre le mont Arafat, moment fort du Hajj. « La veille, à la Mecque, un des nôtres s'est senti mal. Le responsable de l'hôtel a aussitôt fait appeler une ambulance pour l'emmener à l'hôpital, où il est resté sous observations pendant 12 heures », raconte-t-il. Fausse alerte. L'homme en question avait juste attrapé un rhume.

    Les autorités saoudiennes ne s'en cachent pas : elles sont sur le qui-vive. En début de semaine, le Ministère de la santé faisait état de quatre décès pour cause de virus A H1N1, et de vingt cas de contamination.

    De quoi faire enfler la psychose face à une maladie qui, de plus, a la mauvaise idée d'avoir d'abord été baptisée « grippe porcine » - le porc, dont la consommation est proscrite dans l'islam, est un sujet sensible chez les musulmans.

    « J'ai rempli mon sac de petites bouteilles de gel antibactérien », raconte Leyla, une pèlerine libanaise en partance pour l'Arabie saoudite, croisée, avant-hier, à l'aéroport de Beyrouth. Avant son départ, il lui a fallu, au préalable, se faire vacciner contre la grippe normale et la méningite, deux conditions inédites à l'obtention d'un visa saoudien. Par crainte d'une poussée de la pandémie, le royaume n'a pas lésiné sur les moyens préventifs. Personnes âgées, femmes enceintes et enfants de moins de 12 ans ont été ouvertement invités à renoncer à leurs projets de voyage.

    Sur place, quelque 20 000 médecins, infirmiers agents et techniciens ont également été mobilisés pour servir la foule dans les lieux saints.

    Quatre laboratoires d'analyses visant à dépister le virus ont spécialement été mis en place. Les routes, elles, sont sillonnées de cliniques mobiles et d'ambulances. Sans compter la multitude de petits panneaux publicitaires qui fleurissent ça et là. « Des conseils hygiéniques y sont dispensées : se laver les mains, se moucher avec du papier... », raconte Benabdallah Soufari. De quoi faire le bonheur des petits vendeurs ambulants qui proposent une collection illimitée de masques, savons et gels antiseptiques.

    Mais les autorités religieuses veillent au grain. Pour Sheikh Ahmed bin Hamad al-Mazroua, juge auprès de la cour de cassation de la Mecque, il est important que ces produits soient « religieusement » corrects. « Les pèlerins doivent s'assurer que les désinfectants utilisés ne soient pas parfumés, de façon à ne pas violer les règles du Hajj », confiait-il, au début du mois, au quotidien Arab News.

    Habitué des lieux, Benabdallah Soufari cherche néanmoins à relativiser le « phénomène H1N1 ». « Les masques de protection ne sont pas légion », dit-il, en rappelant également qu'il est fréquent de voir des personnes âgées décéder, chaque année, lors du Hajj. « De nombreux pèlerins économisent toute leur vie pour venir mourir à la Mecque. Chaque année, des centaines de personnes soufflent, ici, leur dernier soupir. Les quatre personnes soit disant mortes de la grippe étaient déjà dans un état de santé fragile», confie-t-il.

    De plus, si, à titre indicatif, le nombre de pèlerins français a chuté, cette année, de 30 %, c'est aussi, d'après lui, pour des raisons économiques. « En 3 ans, le prix du voyage a doublé », précise-t-il.

    Enfin, à l'ombre de la psychose liée à la grippe, c'est un facteur plus inattendu - la pluie ! - qui est en train de provoquer d'inquiétants dégâts : inondations, routes bloquées, pèlerins noyés... Selon des responsables, treize personnes auraient été tuées à cause des intempéries.

    Par Le Figaro
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